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lundi 2 novembre 2020

Bummer / Thanks For Nothing

  


 

Avec le souci constant qui caractérise si bien la volonté indéfectible de cette gazette internet de coller au plus près à l’actualité musicale (mouhaha), parlons aujourd’hui de BUMMER. Un trio guitare + chant / basse / batterie originaire de Kansas City dans le Missouri et vraiment pas très fin. Mais c’est aussi pour cela que l’on aime ces trois petits gars, pour cette abnégation inébranlable à pratiquer un noise-rock ultra réactionnaire et conservateur au top, avec les grands anciens de Cherubs et d’Unsane en ligne de mire. Tu vois le genre ? Gros riffs dégueulasses et rythmique mega lourde en guise d’écrin de boue à un chant de vociférateur porcin ? Donc tu as tout juste.
Faisant suite à un Holy Terror aussi classique que jouissif, Thanks For Nothing est en fait un EP de quatre titres publié il y a tout juste un an, le 1er novembre 2019. Un disque qui reprend à peu près les mêmes ingrédients que les autres enregistrements de Bummer. La face A est occupée par deux compositions inédites, apparemment enregistrées au cours de cette même année 2019 et qui tendent à simplifier toujours plus la formule éculée de la musique du groupe. Avec son riff principal basé sur deux notes et demie et son break à peine plus élaboré Second Chimes (Terrence Howard War Machine) frise le basiquement rétrograde mais demeure diablement redoutable. A peine trois minutes de ce bon vieux noise-rock de pépères éternellement énervés face à la dureté d’une existence en sursis. Encore plus court Grim Sleeper est pourtant plus lent et comporte davantage d’idées que Second Chimes. Ah et puis cette accélération finale qui vient souligner vigoureusement tout le côté visqueux et poisseux de la musique de Bummer me file à chaque fois des frissons dans le dos. Et comme je suis plutôt du genre chatouilleux...

La Face B de Thanks For Nothing propose deux titres plus anciens du trio et qui jusqu’ici étaient restés cantonnés à une diffusion virtuelle sur les internets, sans aucune publication sur support physique. Enregistré en 2016 Beautiful People est une reprise de… Marylin Manson. Je ne connais absolument rien à la discographie de ce cher Brian Warner mais lorsque j’écoute ce titre plus qu’honorable je m’imagine Pord faisant une reprise d’Indochine ou Dead Arms reprenant Kim Wilde et cela me fait doucement rigoler. Blague à part ce Beautiful People est plutôt pas mal, en tous les cas il colle bien aux exigences stylistiques resserrées de Bummer mais on lui préfèrera définitivement King Shit et sa véhémence punk noise qui dévaste tout sur son passage. La fureur et la vitesse en plus du gras et du lourd, King Shit est certainement le meilleur titre de ce 7’ avec Grim Sleeper.

Chère lectrice / cher lecteur, à l’heure à laquelle tu liras ces quelques lignes Bummer aura publié un nouveau 7’, cette fois-ci sous la forme d’un split en (mauvaise) compagnie de The Body. Un disque édité par le célèbre label chicagoan Thrill Jockey – c’est celui de The Body – et difficilement trouvable du côté de la vieille Europe, sauf à des prix tellement prohibitifs que je ne peux que t’inciter à t’abstenir de te le procurer. Il n’empêche que cette dernière parution me fait me demander si Bummer ne serait pas l’une des prochaines signatures noise as fuck de Thrill Jockey, aux côtés des tout aussi bourrins Eye Flys. Pour en revenir aux disques made in USA, leurs prix sont devenus complètement déments depuis que les groupes ne tournent plus suite à la crise sanitaire et sont ainsi privés d’une éventuelle source de revenus – d’autant plus qu’il convient de rajouter des frais de port frisant l’escroquerie… Vive la musique !

 

[Thanks For Nothing est publié en vinyle bleu-vert-difficile-à-dire transparent et à 300 exemplaires par Learning Curve records]