Conseil d'utilisation : ceci n'est qu'un blog. Mais sa présentation et sa mise en page sont conçues pour qu'il soit consulté sur un écran de taille raisonnablement grande et non pas sur celui d'un ego-téléphone pendant un trajet dans les transports en commun ou une pause aux chiottes. Le plus important restant évidemment d'écouter de la musique. CONTACT, etc. en écrivant à hazam@riseup.net

lundi 29 novembre 2021

Elastic Heads @Trokson [24/11/2021]


 


 

Un seul groupe au programme – Pattaya Girls ayant malheureusement du déclarer forfait pour cause de grippe – mais quel groupe ! J’avais déjà été bien scotché par le 12’ d’Elastic Heads mais ce concert au Trokson a dépassé toutes mes espérances, un vrai beau moment. Et puis, tu commences à me connaitre maintenant, dans mon enthousiasme j’ai eu beaucoup de mal à me restreindre sur les photos… elles sont donc toutes en ligne à l’endroit habituel.  

 




















 

vendredi 26 novembre 2021

Movie Star Junkies + Delacave + Pervitin @Grrrnd Zero [21/11/2021]

 



C’est dimanche mais on s’en fout : grosse soirée à Grrrnd Zero avec Pervitin – que j’ai enfin pu voir en concert, le groupe a joué plein de titres que je ne connaissais pas (autrement dit, pas sur le 12' chroniqué l'année dernière) et au passage un grand bravo pour la reprise de Jesus And Mary Chain –, les excellents Delacave de plus en plus gloomy et enfin le retour triomphal des Movie Star Junkies, aussi en forme que d'habitude malgré une panne de camion sur la route entre Paris et Lyon et qui a bien failli se terminer en annulation. L’intégralité des photos par ici, en meilleure qualité et un peu en bordel, comme d’habitude.  
































mercredi 24 novembre 2021

[chronique express] Succumb : XXI





En 2017 le premier album sans titre des californien·nes de Succumb avait fait grosse impression : des tonnes de riffs s’enchainant sur des changements de rythmes incessants, un chant double (principalement féminin mais aussi masculin, ce dernier étant assuré par le bassiste) et une production obscurantiste à souhait. En gros, c’était le gros bordel. Le groupe jouait à fond sur le caractère difficilement déchiffrable de son mélange extrémiste – bien que très à la mode chez les freaks – de death et de black. En 2021 on prend les mêmes et on recommence : mêmes musiciens, même technicien à l’œuvre sur l’enregistrement, même studio, même label et même auteur pour l’artwork. XXI utilise moins la carte de l’illisibilité maléfique et de l’incantatoire explosif mais persévère dans le chaos tellurique, finalement carrément plus death et largement moins black que son prédécesseur. La musique de Succumb ressemble pourtant toujours à un gros vomi putrescent et à l’acidité corrosive, bien que mettant beaucoup plus en avant son côté très technique – avec un tel batteur cela aurait été dommage de s’en priver et on remarque même quelques courts solos de guitare tout bien niqués. Reste le cas du chant, en théorie toujours bicéphale mais définitivement transgenre et dont on arrive de moins en moins à savoir qui hurle quoi. Un vrai cauchemar comme je les aime.


lundi 22 novembre 2021

Tardis : Never Grow Up


Je pense parfois que ce pays manque singulièrement de dignes – j’ai bien écrit dignes – représentants de l’indie rock, ce genre musical tellement populaire chez les trente-quarante-cinquantenaires éternellement adolescents mais dont la réelle définition reste obscure et incertaine. Un truc un peu fourre-tout, faussement mou ou pas vraiment énervé (c’est selon), un peu arty, un peu punk (mal coiffé si tu préfères), toujours mélodique bien que souvent délicieusement tordu, des fois sucré-acidulé et peut-être légèrement grungy sur les bords (encore plus mal coiffé, mais différemment que chez les punks). Oui, bon, OK, je caricature un peu, carrément beaucoup en fait, mais la nonchalance assumée et la branlitude experte en matière de musique (tout en sachant plutôt ce que l’on est en train de faire) sont deux choses difficiles à définir correctement – on se poserait moins de questions avec un groupe de black metal complotiste ou de goregrind zoophile, ça c’est sûr.
Et puis voilà que le nom de TARDIS apparait sur les écrans des radars balayant les vortex spatio-temporels de l’univers connu. Un groupe dont on nous dit que les quatre membres, une fille et trois garçons, se partagent entre la France, la Belgique et le Luxembourg mais que pour plus de facilité et par pure paresse – donc – on géolocalisera à Nancy, à quelques dizaines de kilomètre de Metz, la ville où est basée son label actuel, Les Disques de la Face Cachée. Il n’en a pas toujours été ainsi : Never Grow Up est le deuxième LP de Tardis mais le premier, intitulé Machines Are Talking Behind Your Back et datant de 2017, était lui sorti de façon complètement autoproduite, c’est à dire sans l’aide d’aucun label, et il porte la référence Tardis001. Un bel exemple de DIY.






Il m’est impossible de parler de Never Grow Up sans évoquer ce premier essai. D’abord j’ai découvert les deux en même temps et une bonne partie des innombrables qualités de la musique de Tardis sont déjà présentes sur Machines Are Talking Behind Your Back. Le point essentiel étant que pour un premier album celui-ci était d’une maturité incroyable – oui cette affirmation sonne paradoxalement s’agissant d’une telle musique, volontairement juvénile – et contenait nombre de chansons imparables et foutrement réussies. Tardis s’imposait comme une usine à tubes, maniant aussi bien la chaleur pop que l’électricité alternative, le tout avec un sens affûté de la composition et donnant une musique finalement pas si régressive que ça.
Quatre années ont passé : Tardis tourne désormais à plein régime et les promesses faites sur Machines Are Talking Behind Your Back sont plus que tenues avec Never Grow Up. C’est là que l’on s’aperçoit que finalement le groupe ne saurait être trop facilement catalogué et que son indie rock définitivement 90’s possède encore plus de cordes à son arc qu’on pouvait le penser au départ (ce qui n’est pas peu dire). Un peu de gras délicatement saturé, des mélodies qui coulent de source, une énergie jamais gaspillée, ce qu’il faut de bizarreries séduisantes (quelques zigouigouis électroniques et autres instruments additionnels), un chant masculin un peu nasillard mais non dénué d’une emphase certaine donc souvent interpelant et un chant féminin qui tombe toujours juste et au bon moment.
Never Grow Up c’est tout cela et encore plus, beaucoup plus en fait qu’une tentative d’intrusion acnéique dans le continuum temporel, bien que le nom du groupe tende à nous faire croire le contraire – Tardis serait l’acronyme de « Time And Relative Dimension In Space », du nom d’une machine à remonter dans le temps utilisée par Doctor Who dans la série britannique des années 60 du même nom. Indices quelque peu trompeurs, la pochette de l’album rappellera, surtout par jeu, celle du Dirty de Sonic Youth tandis que l’alternance couplet calme / refrain agité de Ragle Gumm et surtout French Movies Are Cinematic Guano évoquera les vieux Pixies (ou Nirvana, on le sait bien). Et j’ai évidemment fait exprès de ne citer que des groupes américains. Pourtant avec Never Grow Up Tardis s’affranchit de la dimension indie US de sa musique grâce à toujours plus de sophistication dans ses arrangements (At The Arcade, le superbe Isolation Tank), une production léchée à mille lieues du lo-fi indé et un niveau d’écriture encore plus sublimé qu’auparavant (la pop y prend toujours plus de place, comme sur Video Nasties et New Gods, New Stigmata – et au passage, jette un coup d’œil sur les textes du groupe, d’une rare acuité).
Dit autrement, ce que ces jeunes gens perdent en américanismes, ils le gagnent en se rapprochant singulièrement de la musique anglaise, encore celle des années 90 – britpop mon amour – mais celle également du début des années 70, grâce à ce lyrisme élégant hérité du glam flamboyant. Que du bonheur, si tu veux tout savoir : Never Grow Up est un disque idéal pour se tenir bien au chaud avec ses doudous fétiches et, personnellement, refuser de grandir ne m’a jamais posé aucun problème.

[Never Grow Up est publié en vinyle de couleur blanche nacrée (super beau) par Les Disques de la Face Cachée – quant à Machines Are Talking Behind Your Back, bien qu’édité à seulement 100 exemplaires, il semble qu’il est toujours disponible auprès du groupe ou de quelques distros et revendeurs consciencieux]

 

vendredi 19 novembre 2021

Garbage Collector : 1988

 

La première fois que j’ai entendu parler de GARBAGE COLLECTOR c’était grâce à une compilation CD éditée par un fanzine parisien devenu périodique (et vendu en kiosque avec isbn et tout ça). Entre 1988 et 1990 Out Of Nowhere comblait en partie mes désirs de musiques nouvelles, ici plutôt orientées cold, indus et expé mais pas seulement, tout comme l’a fait un peu plus tard Hello Happy Taxpayer de Bordeaux puis surtout le fanzine Sonik – la bible made in France du noise-rock et affiliés, entièrement rédigée par la personne qui désormais et depuis plus de quinze années maintenant sévit sur le webzine Perte Et Fracas. C’est grâce à Out Of Nowhere que j’ai découvert les Beatnigs, Rapeman, Slab! ou Gore, que j’ai appris plein de choses sur les Swans, Wiseblood et les Young Gods en lisant un interview de Roli Mosimann, etc… Bon, j’arrête tout de suite là avec mes souvenirs d’ancien combattant.
Sur cette compilation Out Of Nowhere sortie en 1990 – sous-titrée « one hour of music, 16 pages of wank » – et au milieu de Sprung Aus Den Wolken, Dazibao, The Grief, Borghesia, Treponem Pal ou Nox on trouvait également le titre This Is My Life de Garbage Collector qui ressortira en 1993 sur un EP posthume (?) via le label Permis De Construire. Je connaissais l’existence d'un premier album publié par ce même label quelques années auparavant mais je ne me suis jamais vraiment intéressé à ce groupe de Longwy, sûrement par bêtise crasse, peut-être par paresse, et aussi parce qu’en 1990/1991 la place dans mon cœur était prise par les incroyables Davy Jones Locker de Thionville, que les Deity Guns faisaient désormais parler d’eux et que les Thugs n’avaient pas encore mis trop d’eau dans leur vin.







Il convient pourtant de remonter un peu le temps et de replacer les choses dans leur contexte : comme son nom l’indique cet unique album de Garbage Collector a été publié en 1988… et je ne saurais exagérer en affirmant que le groupe était alors terriblement en avance sur son temps, sans doute beaucoup trop pour un gamin de mon âge qui n’y connaissait vraiment rien en matière de no-wave et autres foutraqueries noise à base de guitares dissonantes et de rythmiques tribales. Alors tu penses bien, rétrospectivement, qu’en 1988 Garbage Collector ne pouvait que me passer au dessus de la tête : je venais juste l’année précédente de découvrir Sonic Youth avec l’album Sister (très bon et très beau disque mais pas non plus le plus expérimental des new-yorkais) et je commençais à peine à me libérer de mes automatismes musicaux hérités du heavy metal, du punk, du thrash et du rock alternatif.
En écoutant la récente réédition vinyle de 1988, je mesure enfin toute l’importance de Garbage Collector, un groupe aussi essentiel que bizarre, du moins pour l’époque… j’irai même allègrement jusqu’à le qualifier de novateur. L’album est bruyant et tendu au possible – mis en boite par le désormais légendaire François Dietz au studio du Centre Culturel André Malraux à Vandœuvre-Lès-Nancy (là même où se déroulait le festival du même nom) – mais surtout il n’a pas tant vieilli. On peut affirmer que la musique de 1988 est facilement datable et assurément elle l’est – tout comme, dans un tout autre genre et des années auparavant, les deux albums de Marquis De Sade le sont – mais elle est tellement représentative et à la hauteur d’un esprit musical qui depuis a fait florès que cela en donne le tournis. Les Garbage Collector n’avaient alors rien à envier à leurs homologues américains, que ce soit Live Skull, les déjà nommés Sonic Youth et même Pain Teens. Que des jeunes gens de Longwy aient eu l’idée d’une telle musique alors que les années 80 touchaient à peine à leur fin et que l’ambiance musicale dans les cours de lycée et même les facs se partageait entre variété new-wave et alterno franchouillard restera toujours pour moi comme un petit miracle et un vrai mystère.
Spécialisé dans la réédition d’enregistrements hexagonaux essentiels mais devenus difficilement trouvables – de Dashiell Hedayat à Ich Bin en passant par Fall Of Saigon ou The Dreams – et succursale des Disques de la Face Cachée, Replica records a été plus que bien inspiré de déterrer 1988… Et ce n’est que justice d’avoir rendu à Garbage Collector la place que le groupe aurait toujours du occuper, enfin.