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vendredi 18 septembre 2020

Comme à la radio : Pervitin

  


 

Finissons-en tout de suite avec les références historiques à caractère non-musical : la pervitine n’est jamais qu’une forme de méthamphétamine que gobaient les soldats du IIIème Reich avant de partir à l’assaut de leurs ennemis et de les rataplanter en deux temps trois mouvements à l'occasion de blitzkriegs passés depuis à la postérité comme modèle de réussite en matière de victoire au sprint et par KO. De leur côté les Anglais ne faisaient guère mieux puisque les pilotes de la R.A.F. carburaient eux à la benzédrine pour tenir le coup lors de leurs raids aériens nocturnes. Rien de tel qu’un bon coup de speed pour se prendre pour les maîtres du monde.

PERVITIN est aussi un (relativement) jeune combo d’anciens qui ont fait leurs classes – attention : ceci est bien une métaphore filée – avec les Surfin’ Matadors, Elvis’ Corpse Revisited, Chick Peas, etc, bref des groupes issus de la scène viennoise (la sous-préfecture de l’Isère, rien à voir avec la capitale de la patrie d’Adolf Hitler) et qui depuis des années n’en finit plus d’envahir par le Sud ces péteux et prétentieux de Lyonnais. Et lorsqu’on écoute le premier maxi sans titre de Pervitin on a franchement du mal à comprendre pourquoi ces quatre gars n’ont pas encore été couronnés maîtres de leur petit monde à eux.

 

 

Les labels Teenage Hate records et Dangerhouse Skylab ne s’y sont pas trompés en s’associant pour publier ce quatre titres de pur rock’n’roll garage swamp punk – vas-y : continue l’énumération toi-même parce que moi ça me fatigue, je dois être en pleine descente – fortement imprégné d’odeurs marécageuses, avec un gros caractère ténébreux et obsessionnel.
L’ombre tutélaire du Gun Club et de Jeffrey Lee Pierce (qui se décolorait les cheveux pour faire comme son idole Debbie Harry dont il était président du fan club californien et non pas pour tenter de ressembler à un aryen) plane souvent au long d’un disque gavé de fuzz et de sueur qui cependant a le bon goût de ne pas s’arrêter en si bon chemin : les deux chanteurs/guitaristes se partagent bigrement bien le boulot et ce n’est pas tous les jours que l’on peut écouter un groupe bicéphale qui – au moins sur le papier – fonctionne aussi bien niveau énergie et qualité des compositions. Que ce soit en matière de bourrasques survoltées ou de mid-tempos fédérateurs Pervitin s’impose si facilement dans un genre tellement rabâché, éculé et balisé que je crierais presque au miracle.
Mais il n’y a pas de secret et c’est comme si les musiciens de Pervitin avaient accumulé et concentré au cours de toutes leurs nombreuses expériences musicales passées tout ce qu’il fallait pour atteindre la lumière (traduction : white light) et la vérité incontournable d’un rock’n’roll viscéral et significatif. Sans oublier que l’enregistrement sonne foutrement bien, avec suffisamment de contours permettant de tout entendre mais gardant toujours ce côté chaud et sale pour pouvoir goûter aux aspérités d’une musique aussi fougueuse qu’éloquente. Faites tourner.  

 

(seul véritable bémol : la pochette de ce disque est vraiment trop moche)