Conseil d'utilisation : ceci n'est qu'un blog. Mais sa présentation et sa mise en page sont conçues pour qu'il soit consulté sur un écran de taille raisonnablement grande et non pas sur celui d'un ego-téléphone pendant un trajet dans les transports en commun ou une pause aux chiottes. Le plus important restant évidemment d'écouter de la musique. CONTACT, etc. en écrivant à hazam@riseup.net

dimanche 31 juillet 2022

[chronique express] Jon Spencer & The Hitmakers : Spencer Gets It Lit

 



Jon Spencer est quelqu’un de très énervant mais cela fait aussi partie de son charme : résister à ses minauderies de rocker autocentré est presque impossible pour une personne normalement constituée. Malheureusement Spencer Gets It Lit – enregistré sous le nom de JON SPENCER & THE HITMAKERS – ne laisse entendre que du déjà connu, du sans surprise et rien de réellement excitant. On regarde un peu sa montre et le compteur à yeah-yeah-yeah, on se surprend à décrypter et comparer avec ce que le beau Jon a déjà fait auparavant, tout au long de sa très prolifique carrière. Des fois cela fonctionne très bien, comme sur la triplette introductive Junk Man / Get It Right Now / Death Ray, Primary Baby ou Strike 3 mais souvent ça le fait un peu moins voire pas du tout (The Worst Facts, le poussif Worm Town, le très attendu Bruise ou My Hit Parade, une resucée mollassonne du Blues Explosion). Coté points positifs, on notera que le vieux compère Bob Bert a définitivement été intégré dans le groupe en tant que percussionniste additionnel tandis que les synthétiseurs de Sam Coomes sont davantage mis en avant que sur l’album Spencer Sings The Hits, rendant le son de ce nouvel LP nettement plus intéressant. Mais globalement Spencer Gets It Lit a trop souvent du mal à décoller, se traine sur une bonne moitié et la seule solution pour tenter de lutter contre l’apathie grandissante consiste alors à monter le volume et à décapsuler une 666ème bière tiède. C’est ma tournée : est-ce que quelqu’un à soif ?

 

vendredi 29 juillet 2022

Chocolat Billy : Le Feu Au Lac


 


« Ici on ne parlera pas de culture ni d’art mais de sens, de mondes que l’on invente, du monde qu’on détourne, de batailles quotidiennes face à la fadeur mortelle des rues vides »*. Le Feu Au Lac est le cinquième (?) album de CHOCOLAT BILLY et, plus que tous les autres, il nous rappelle que la fantaisie et l’inventivité du groupe n’obéissent à aucune règle connue. De même, la seule certitude que l’on pourrait avoir au sujet de cette musique ce serait plutôt… qu’il n’y a aucune certitude, mise à part la nécessité, vitale, du mouvement. Tu es bien avancé maintenant, hein ? Bon, allez, je recommence : les quatre Chocolat Billy jouent une musique débordante de fantaisie (donc) et de lumières vives, une musique radieuse, drôle, rythmée, dansante, très colorée, odorante, souvent kitsch (exotico-tropicalisante pour employer des mots trop grands), inattendue, désinvolte, joyeusement bordélique, naturellement étrange et irrésistible. Une musique qui pense aussi, mais à sa façon, avec pour principal mot d’ordre la générosité.
Avec ses synthétiseurs fruités qui la plupart du temps mènent la danse des mélodies, ses guitares agiles et alertes, ses lignes de basse rondes et chaloupées, ses rythmes pétillants et ses chants variés – tout le monde a son mot à dire – le groupe a su, depuis plus de vingt années maintenant, se forger une identité artistique (ahem) unique et forte. Déployer une telle liberté de ton, être irrévérencieux, se moquer éperdument des pauvres conventions du bon goût obligatoire et, finalement, inspirer autant de respect et d’amour sont des choses aussi satisfaisantes et rares qu’un voile de fraîcheur et de légèreté en plein milieu d’un été caniculaire préapocalyptique. Mais les Chocolat Billy n’en jouent pas : la démagogie n’est pas du tout leur truc, ils n’utilisent pas de climatiseur et ne font pas de politique même si leur propos peut l’être et alors que le nom de leur nouvel album ne nous dit pas autre chose – l’absurdité tragi-comique d’une expression commune pourtant à prendre au pied de la lettre, plus que jamais.
Plutôt que s’ériger en exemple et plutôt que passer son temps à dire, il faut faire. Et ne rien s’interdire, mélanger ses inspirations – aspirations ? respirations ? oui, également. La musique virevolte aussi bien que les mots (les textes sont tout aussi importants que le reste bien qu’ils n’envahissent pas le disque) mais est-ce que cela suffira ? Chocolat Billy n’en démord pas de son enthousiasme et on est donc obligé de répondre que oui. A la seule condition pourtant de ne pas s’arrêter là. Les chansons contenues dans Le Feu Au Lac ne pédalent pas dans le vide, elles nous racontent des histoires, s’accrochent à des détails d’apparence anodine et à des petites choses de la vie ordinaire, manipulent adroitement les nostalgies (ces pièges sans fond) sans se faire avoir et développent une poétique qui hisse le quotidien au niveau de l’universel. Pas étonnant qu’au moins par deux fois – Au Cinéma puis Cinecittà, peut-être Devant Derrière Californie – le disque évoque directement ce sentiment aussi diffus qu’essentiel que l’on peut ressentir au sortir d’une salle de cinéma de quartier ou d’un vieux film, cette étincelle qui nous éclaire, cette compréhension – même si elle peut être fugitive, temporaire, incomplète – qui l’espace d’un instant fait sens profondément. Que Chocolat Billy retrouve au travers de sa musique un peu de cette magie et de cette force là et que le groupe sache quoi en faire, ce n’est pas rien.

[Le Feu Au Lac est publié en vinyle et en cédé par Kythibong]

* extrait de Scutigères Flamboyantes vs Rats De Bureau, un texte trouvé (?) au Növö Lokal, un endroit à Bordeaux où les Potagers Natures, étroitement liés à Chocolat Billy, organisent plein de concerts

 

mercredi 27 juillet 2022

[chronique express] Viagra Boys : Cave World

 


Quoi ? Les VIAGRAS BOYS chroniqués sur Instant Bullshit ? Mais où va-t-on ? Nulle part, évidemment, mais en attendant que le travail gratuit devienne obligatoire et que l’oxygène de l’atmosphère devienne payant offrons-nous un moment d’insouciance contestataire et de décadence assumée. Troisième LP des Suédois, Cave World marque l’aboutissement des Viagras Boys en tant que machine à danser suintant la défonce, la dépravation et la révolte. La nervosité post-punk chère aux débuts du groupe laisse encore plus de place à un mélange de funk blanc krautesque et de jazzzzzeu déviant : les tubes succèdent aux tubes sur un album délibérément et délicieusement putassier qui n’hésite pas non plus à piller allégrement chez les grands anciens (difficile de ne pas entendre quelques petits bouts de DAF et de Devo sur Troglodyte ni du Suicide sur Creepy Crawlers). Jason Williamson de Sleaford Mods vient prêter main forte sur un Big Boy paresseusement désopilant mais le groupe devient particulièrement vicieux lorsqu’il déforme son groove jusqu’à le rendre malade et insalubre (Punk Rock Loser, en forme d’hommage rétréci aux Stooges). Derrière la déconnade anarchisante et les excès en tous genres on trouvera pourtant un discours affuté et bilieux, le groupe crachant autant sur l’absurdité du monde qu’il s’en amuse. Signe des temps. 


lundi 25 juillet 2022

Epaule Tattoo + Tombouctou + Deaf Kids @Grrrnd Zero [21/07/2022]

 




TOMBOUCTOU à nouveau réuni, à nouveau en concert, sur la scène de Grrrnd Zero ! Cela faisait quand même plus de deux ans que le groupe n’avait pas donné signe de vie et, pour corser un peu plus les choses, il n’a joué que des titres de son futur deuxième album… Je n’ai pas assez de mots pour décrire toutes les impressions et émotions qui m’ont traversé alors faisons simple : c’était vraiment bien de revoir les trois Tombouctou en aussi bonne forme, motivé·es comme jamais, réellement soudé·es. Et puis ce nouveau disque s’annonce tout simplement énorme. Voilà, c’est dit.
Epaule Tattoo dont ce n’était que la deuxième apparition a vaillamment démarré la soirée, quant à Deaf Kids je ne cacherai pas ma déception. Malgré un début intrigant et quelques bons passages le trio brésilien a trop souvent vacillé, se retrouvant à la peine et pouvant même perdre le fil de sa propre musique – après plus de deux mois passés en Europe et presque une soixantaine de concerts sans doute était-il temps de songer à lever le pied sur la tisane transcendantale*. 






























































































* toutes les photos en qualité moins pourrie par ici, si jamais


vendredi 22 juillet 2022

[chronique express] Vintage Crop : Kibitzer

 



Quatrième album de Vintage Crop, Kibitzer ne change rien à la donne : les Australiens (de Melbourne) continuent dans la même veine post punk garageux rehaussé de quelques rares touches de synthétiseur acidulé. C’est frais, léger, dynamique, bien mené, entrainant, frénétique parfois, tout lumineux comme il faut et enduit d’une bonne couche de crème solaire indice 50. On imagine parfaitement le groupe jouant un match de volley contre Eddy Current Suppression Ring après une bonne séance de surf dans les vagues de Bells Beach. La moitié des dix compositions de Kibitzer sont clairement taillées pour le live avec ce je ne sais quoi d’enthousiaste et de sautillard mais les Vintage Crop ne sont jamais aussi convaincants que lorsqu’ils ralentissent un peu plus le rythme, crachent leur chewing-gum et laissent plus de place à la nonchalance ou même à la rêverie. Ainsi, Impact Of Wisdom et sa trompette mélancolique, The Bloody War et sa ligne de synthé presque réfléchie, le formidable 2K Hip Pocket et sa gouaille prolétarienne ou Switched Off et son final avec retour de la trompette plus poignante que jamais figurent parmi les meilleurs titres d’un disque plus attachant qu’il n’en avait l’air au départ et parfait lorsqu’on a absolument besoin de penser à autre chose qu’à cette chienne de vie. Tu voulais ton disque de l’été ? Et bien tu l’as.


mercredi 20 juillet 2022

Contumace : Matt

 

En matière de Droit, le terme de contumace désigne l’action par un tribunal de juger une personne en son absence. La condamnation éventuelle est par défaut, puisque le prévenu n’est pas là. S’il se manifeste ou s’il se fait arrêter après coup, il peut éventuellement être rejugé, afin qu’il puisse se défendre correctement. Mais il arrive que la sentence soit exécutée telle quelle – la notion de Justice n’est pas la même partout. Par extension, la contumace signifie aussi le refus d’un prévenu de comparaitre devant un tribunal et peut être considérée comme un acte de rébellion. Une nuance de sens tout de suite beaucoup plus intéressante.
CONTUMACE
est aussi le nom du projet solo de Lionel Fernandez que l’on connait surtout pour être, depuis plus de trente années maintenant, l’un des deux guitaristes de Sister Iodine et une sorte de trublion extrême de la guitare bruitiste. Une description qui vous pose un bonhomme et (contrairement à certaines de mes mauvaises habitudes) réellement dénuée de toute ironie ou de tout sarcasme. Si tu as déjà assisté à un concert de Sister Iodine tu sais bien de quoi je veux parler : cette faculté qu’à Fernandez et ses camarades de redéfinir la transcendance du bruit et du chaos, dans une catharsis électrique pouvant toucher au sublime et à la beauté destructrice du vide, celui qui t’aspire et se remplit de toi-même. Par contre, je ne sais pas du tout à quoi ressemble un concert de Contumace – j’ai échoué par deux fois à aller voir et écouter Fernandez en live – mais j’ai été plus que surpris par Matt, son premier enregistrement publié.







Matt explore les possibilités d’une musique abstraite et, pour l’instant qualifions-la ainsi, bruitiste mais sans jamais tenter de remplir systématiquement tout l’espace sonore ainsi défini. Les sons apparaissent, pointillent, grondent doucement, s’entrechoquent puis disparaissent, reviennent, s’effacent en partie en un lent balai incessant. En fait, ils circulent. Ils tracent des lignes, laissent des marques, dessinent des formes, des zébrures et des fêlures dont la nature brève et/ou fugitive suggère un état de suspension. Dit autrement, les dix huit pistes souvent très courtes de Matt présentent autant d’assemblages de microparticules sonores et de fréquences, non contraintes par un langage formel, définissant un possible, un souffle – mieux : comme induisant un état d’immanence tranquille (que l’on pourrait opposer à la transcendance mentionnée plus au haut au sujet de Sister Iiodine, est ce que tout le monde suit ?). Qu’importe les sources utilisées par Lionel Fernandez/Contumace même si parfois on discerne plus facilement l’une d’entre elles (la guitare est particulièrement perceptible sur Dubz), l’important est que le bruit, de par sa nature diffuse, est – aussi littéralement que paradoxalement – partout.
Le bruit est partout mais il n’a donc vraiment rien d’envahissant : il est ni « terroriste » ni agressif ni extrême pourtant il hante un disque finalement radical. Mais à sa façon. Contumace se joue des règles (s’il y en a encore ?) de la désintégration musicale avec une légèreté certaine – sans volonté ouvertement subversive – et soudain le bruit fait sens autrement, pouvant même flirter avec l’étrangeté et la poésie, se concentrant sur la beauté brute des sons mais aussi la beauté entre les sons, toute celle qui les relie entre eux. Chaque forme, chaque tracé et chaque mouvement révélé dans la musique de Matt nous parle de tout ça, de ces jeux de correspondances, de pleins et de liés, d’ombres et d’éclats, de ce qui est et de ce qui n’est pas. Entre la présence et l’absence.

[Matt est publié en CD uniquement par Tanzprocesz]



lundi 18 juillet 2022

Wormrot : Hiss

 

Le grindcore est-il soluble dans le mainstream ? Haha, je plaisante bien sûr mais en découvrant Hiss – quatrième album des Singapouriens de WORMROT et le premier en six ans – je n’ai pas pu m’empêcher de penser qu’il y a deux formes différentes, en gros deux façons de faire du grind. La première est celle, rude, brutale et sombre d’un Blockheads dont l’incontournable Trip To The Void a récemment été évoqué dans ces pages ou celle d’un Whoresnation, groupe incroyable et dont on reparlera un de ces jours au sujet de Dearth, son plus que formidable nouvel album. La seconde est sophistiquée, léchée et à la production plus calibrée, une évolution considérée comme logique par les musicologues avertis se plaçant d’un point de vue temporel et historique (le grindcore a commencé à apparaitre au milieu des années 80, gnagnagna…) mais qui ne m’intéresse pas. Hiss pourrait bien être le nouveau porte-étendard de ce grind qui n’a plus rien de crust, moulé en salle de sports et ripoliné en studio, symptomatique de la tentation hi-tech qui apparemment finit un jour ou l’autre par rattraper toutes les musiques dites extrêmes pour adolescents en manque de sensations fortes.
Parce qu’il s’agit d’un phénomène récurrent. On se rappellera comment à partir du début des années 90 Fear Factory avait tenté de digitaliser le death metal, ouvrant de nouvelles voies mais finissant par s’enfoncer dans une bouillasse sans nom. The Dillinger Escape Plan n’a pas fait autre chose avec le hardcore chaotique – il y a tout un monde entre les albums Calculating Infinity et Ire Works –, Refused s’est littéralement compromis en enregistrant The Shape Of Punk To Come, défrichant le terrain pour toutes les merdes néo-metal à venir et, beaucoup plus récemment, l’enduis plastifié qui enrobe Glow On a permis aux hardcoreux de Turnstile d’atteindre les rivages de l’inconsistance proprette et de l’ennui populaire (note à l’usage des personnes en train de hurler en lisant ceci : Turnstile est peut-être un très bon groupe en concert mais j’ai de toutes façons toujours trouvé sa musique solidement banale). Et pour en revenir au grind, le seul contre exemple de sophistication et d’évolution réussies qui me vient à l’esprit est celui de Napalm Death. Mais je reste pour le respect de la tradition, seule garantie d’un avenir sereinement confortable.







Hiss est un disque certes foutrement efficace, un véritable rouleau compresseur qui ne laisse que peu de répit et s’il est aussi fatiguant et aussi assommant c’est parce qu’il ne s’agit donc pas d’un disque de grind pur et dur. De nombreux plans de guitare hardcore émaillent l’album et le chant lui-même se permet de nombreuses incartades. L’une des plus marquantes arrive dès le deuxième titre où Arif vocalise en chant clair pendant quelques instants, de trop longues secondes pendant lesquelles il est légitime d’espérer que tout l’album ne sera pas comme ça. Heureusement non, bien que le chant clair réapparaisse ça et là mais sur un mode moins lyrique. Pale Moonlight pratique le tribalisme facile (néanmoins sans être aussi putassier que celui d’un Sepultura circa Roots). Sans oublier du violon alto sur deux ou trois titres, Grieve et le clientéliste Glass Shards, histoire de… de quoi en fait ? Renouveler le truc coûte que coûte ? Faire en sorte de ne pas s’emmerder en jouant toujours la même musique ?
OK : peut-on pour autant reprocher à Wormrot d’avoir voulu s’amuser un peu ? Mon honnêteté intellectuelle, bien que très relative dès qu’il s’agit de musique, m’incite à répondre par la négative… Pourtant Hiss est bourré de facilités. Tous ces riffs bas de gamme ou typés metalcore boutonneux, ces introductions à la démagogie assurée (Sea Of Desease), ces accroche-cœurs et autres roucoulades, ces breaks complaisamment calculés, cette rage soigneusement millimétrée, ces plans qui ressemblent à tellement de choses déjà faites et surtout empruntant tous azimuts – on trouve même une tentative avortée de mettre le black metal à l’honneur sur le passage intermédiaire de Desolate Landscapes. Un vrai catalogue de l’extrême universaliste et un volontarisme œcuménique qui à la longue finit par être lassant puis rebutant. Qu’il n’y ait rien de vraiment original ici et que tout soit emprunté et copié ne serait pas si grave si tout était également bien assimilé mais ce n’est pas le cas. Le mélange indigeste de Hiss ne fait que mettre en lumière le péché d’orgueil de gourmandise d’un groupe qui a voulu en faire beaucoup trop, passant d’un registre à l’autre sans se demander si cela fonctionnait ou pas, y allant à l’esbroufe et au culot. C’est bien la seule chose que l’on ne pourra pas enlever à Wormrot : avoir essayé. Moi, je passe mn tour.

ps : pour que cette chronique soit totalement complète il me faut également préciser que Hiss est le dernier enregistrement de Wormrot avec Arif au chant, celui-ci ayant décidé de lâcher l’affaire pour des raisons strictement personnelles – le guitariste Rasyied et le batteur Vijesh lui cherchent actuellement un remplaçant et ça, c’est pas gagné

[Hiss est publié en vinyle bleu, violet, rouge, blanc ou noir et même en CD par Earache records]

 

vendredi 15 juillet 2022

Plosivs vs Swami John Reis



2022 sera-t-elle l’année John Reis ? Tout porte à le croire puisque l’ex Drive Like Jehu/Rocket From The Crypt/Hot Snakes/etc (?) a déjà publié pas moins de deux enregistrements, évidemment sur son propre label Swami records : le premier album de Plosivs au mois de février puis Ride The Wild Night en avril sous le nom de Swami John Reis





Commençons par PLOSIVS. Un super-groupe puisque outre John Reis à la guitare et au chant secondaire on y retrouve Rob Crow (Pinback) à la guitare et au chant, Jordan Clark (Mrs Magician) à la basse et aux chœurs et enfin Atom Willard (Against Me, Social Distorsion, Danko Jones, Offspring, arghh !) à la batterie. Sur le papier, il y a du pedigree ultralarge et de l’étalage de médailles du mérite. Et sans surprise Plosivs est un disque gavé de tubes fluorescents et uber-entrainants qui explorent le coté emo-festif du punk made in Californie, pas celui que je préfère non plus. On aime ou on n’aime pas, personnellement vu le niveau des compositions j’aurais presque pu aimer un tel mélange d’énergie et de mélodies.
Là où le bas blesse c’est du côté de la prod, tellement sans bavure, lisse et propre que l’on pourrait se voir dedans. Comme une incitation auto-narcissique – pléonasme – qui te pousse à chanter les paroles et mimer les riffs de guitare torse nu devant ta glace de salle de bains, en pleine crise d’admiration de toi-même, l’été sera beau et chaud, tout comme toi bel adolescent. Le plus difficile à supporter est le chant dont le lyrisme sucré a consciencieusement été boosté par des effets abominables, lissage des cordes vocales à la Calorette thermo-électrique à en faire pâlir de jalousie les prosélytes de l’auto-tune. J’ai fait un test : j’ai écouté ce disque à mon travail et pour la première fois en dix ans d’incompréhension mutuelle mes infréquentables collègues fans de Brityoncé et de Jean-Jacques Sardou sont venus me voir le sourire aux lèvres pour me demander ce que j’écoutais… Plosivs ou l’art de gâcher ce qui aurait pu être un bon petit disque sans prétention si ce n’est celle de s’amuser.




A l’inverse Ride The Wild Night de SWAMI JOHN REIS a tout du disque tranquillement pépère et qui s’assume en tant que tel. Evidemment on y entend plus que tout la superbe voix légèrement rocailleuse et magnifiquement patinée de John Reis – alors qu’il chante à peine sur l’album de Plosivs –, une voix au service de compositions très abouties qui sentent bon le vieux boogie blues rock’n’roll, celui qui donne envie de taper du pied en buvant une pinte de bière tiède (mais pas de l’IPA). L’effet télétransportateur est immédiat et voilà que tu te retrouves non pas à moitié à poil dans ta salle de bains de 3 mètres carrés chiottes compris mais au beau milieu d’un bar qui pue la transpiration, les chaussettes trouées, la vieille clope, le vomi séché et l’électricité.
Si on excepte Modern Surf Classics sorti en 2015 en collaboration avec les géniaux Blind Shake, Ride The Wild Night n’est que le tout premier album solo de Swami John Reis et il regorge littéralement de (futurs) standards qui n’ont donc pas peur de leurs origines bouseuses – Days Of Auld Lang Syne avec son piano baltringue de l’Ouest et rehaussé par quelques effets synthétiques en provenance directe d’une série TV des années 60 sur la 666ème invasion extra-terrestre de Los Angeles. Du synthétiseur il y en a à nouveau sur le plus énervé I Hate My Neighbors In The Yellow House qui à son tour mélange un peu tout (les chœurs font doo-wop-doo-wop-wop) pour un rendu finalement inimitable et très personnel. Vape In The Dark Alone de son côté atteint un niveau d’excellence rock qui laisse entrevoir ce qu’aurait pu donner Plosivs s’il avait été produit autrement et si Reis s’était occupé du chant principal (j’aime remuer le couteau dans la plaie). Je signale enfin que Swami John Reis a enregistré presque tous les instruments sur Ride The Wild Night (sauf les parties de batterie et les nombreux chœurs) et je tiens également à revenir sur ce piano assez discret mais qui finalement pourrait bien être le fil conducteur d’un disque confortablement âgé et délicieusement passéiste. 



mardi 12 juillet 2022

[chronique express] Commando : self titled

 



Malgré le nom du groupe il n’y a pas vraiment de rapport entre COMMANDO et les Ramones si ce n’est un goût certain pour la concision et la rapidité d’exécution de la musique – tous les titres durent moins de deux minutes. Pour le reste les Lyonnais jouent du punk franc du collier et sans fioritures, vivace, incisif et énervé mais sans jamais tomber dans le hardcore pur et dur, même old-school. On retrouve pourtant deux anciens Lost Boys dans le groupe, ce qui explique en grande partie la tenue impeccable ainsi que le souci permanent apporté à une musique toujours jouée avec la spontanéité nécessaire au genre. Il y a aussi pas mal de plans de guitare qui mine de rien défoncent tout sur leur passage mais ce qui me réjouit le plus chez Commando c’est le chant jamais forcé ni hurlé mais avec un je ne sais quoi d’acide et de gouailleur. Un chant porté par un certain Antipathic – c’est son nom et il est bien trouvé, non ? – également auteur des textes critiques pour ne pas dire acerbes, des textes qui n’ont pas spécialement et comme on aurait pu s’y attendre de portée ouvertement politique mais qui s’attaquent aux défauts du genre humain et à la connerie ambiante. Des phrases telles que « Des belles solutions / Des grandes leçons / Ouais t’es le champion / Ouais t’es bidon » ou (encore mieux) « J’aime pas les gens / Je les trouve chiants » résonnent agréablement à mes oreilles de vieux ronchon atrabilaire. Un disque aussi coriace et aussi râleur ne pouvait que me plaire.


lundi 11 juillet 2022

Deliluh @Sonic [06/07/2022]

 




Marqué par un premier passage du groupe il y a trois ans à Grrrnd Zero, j’étais particulièrement impatient de revoir DELILUH en concert. Et la surprise a été au rendez-vous : ils n’étaient que deux sur scène, sans batteuse ni bassiste et utilisant énormément de synthétiseurs et de machines. Mais à l’image de son tout nouvel album Fault Lines, le désormais duo (?) a délivré un concert absolument magnifique, bien que trop court. Certainement dans mon Top 10 de l’année 2022*.
Les inestimables Saffron Eyes qui devaient jouer en première partie ont malheureusement du annuler – mais j’espère que ce n’est que partie remise – et ce sont les schtroumpfs locaux de Panic Beach qui les ont remplacés au pied levé  

















































































* plus de photos de Deliluh et en meilleure qualité par ici