Conseil d'utilisation : ceci n'est qu'un blog. Mais sa présentation et sa mise en page sont conçues pour qu'il soit consulté sur un écran de taille raisonnablement grande et non pas sur celui d'un ego-téléphone pendant un trajet dans les transports en commun ou une pause aux chiottes. Le plus important restant évidemment d'écouter de la musique. CONTACT, etc. en écrivant à hazam@riseup.net

mardi 30 avril 2019

[chronique express] Huata / Lux Initiatrix Terrae




Jusqu’ici j’avais aimé et même défendu HUATA mais avec Lux Initiatrix Terrae, dernier – et posthume – album du groupe publié à la fin de l’année 2018 je n’en dirais pas autant… du doom 70’s liquéfié en jus de loukoum, du chant systématiquement passé à l’aspirateur à hélium, de la grandiloquence à l’échelle d’une cathédrale de chantilly, des senteurs d’encens d’un capiteux écœurant, une perfection dénuée de toute âme et de la liturgie à tous les étages : personnellement j’ai passé l’âge de la crise de foi(e) depuis longtemps.



lundi 29 avril 2019

De Marbre + Horseas @La Triperie [27/04/2019]





Pour tout plein de raisons (des bonnes comme des mauvaises) je ne suis allé à aucun concert pendant plus de deux semaines… Samedi dernier j’ai donc jeté mon dévolu sur une soirée à la Triperie et regroupant deux groupes lyonnais : DE MARBRE – dont ce n’était que le deuxième concert – et les nudistes de HORSEAS. Plus de photos à regarder par ici, comme d’habitude ou presque






























































vendredi 26 avril 2019

Comme à la radio : Agathe Max





AGATHE MAX figure en bonne place dans mon panthéon musical personnel mais c’est presque par hasard que j’ai appris que la violoniste avait publié un nouvel enregistrement.

Rêves Perdus est sorti en cassette uniquement (pour l’instant ?) grâce à Modern Aviation, un tout jeune label anglais qui se spécialise dans les musiques plutôt ambient, électroniques, expérimentales et même un peu folk.







Agathe Max a une passion pour les dinosaures, les créatures depuis longtemps disparues et pour la préhistoire en général. Rêves Perdus est inspiré d’une expérience de deux années pendant laquelle la musicienne a participé à l’élaboration de squelettes d’ours pour La Caverne Du Pont D’Arc, réplique officielle de la Grotte Chauvet qui n’est pas accessible au public car recélant trop de trésors rupestres aussi uniques que fragiles. Agathe s’est également inspirée du documentaire La Grotte Des Rêves Perdus de Werner Herzog autour de cette même grotte (l’histoire ne dit pas si elle a été touchée par la musique composée par le violoncelliste Ernst Reijseger pour le documentaire en question).

Rêves Perdus est un enregistrement étonnant et passionnant. On y retrouve un peu de la musicienne que l’on connait déjà (Premonition Unveiled) mais on y découvre également énormément de choses que l’on ne soupçonnait pas vraiment. Agathe Max manipule les paysages sonores, se sert de concrétions rocheuses comme supports percussifs et nous surprend en chantant des sortes de comptines (Remember et Night Of Spring) ou en faisant quelques petits détours (le folk décharné et orientalisant de Mooni).
Elle utilise également sa voix en la déformant volontairement, sorte de distorsion souterraine pour un voyage intérieur (le quasi fantomatique Dans Les Flots ainsi que le très allégorique Rêves Perdus). Nebulous Cloud est la plus longue pièce de l’album : seize minutes de coulées de violon alto, de percussions réverbérées et de pensées flottantes qui justifient à elles seules que l’on se précipite sur Rêves Perdus. Et je crois bien qu’Agathe Max nous a offert son plus bel enregistrement à ce jour. 

mercredi 24 avril 2019

Poutre / Last In First out


La logistique est ta grande passion ? Tu t’intéresses aux histoires de stockage et de rotation de marchandises ? Ça te plairait vraiment de travailler dans un entrepôt et de brasser huit heures par jour des trucs plus ou moins lourds dont tu as strictement rien à foutre, tout ça pour un salaire de misère et avec tout le mépris condescendant de ta hiérarchie ? Ça te conviendrait de t’agiter pour rien et attendre que sonnent 17 heures, attendre que la vraie journée et donc la vraie vie – celles où tu peux désormais faire des choses pour toi et uniquement pour toi – commencent enfin ? Moi non. Si je te demande tout ça c’est parce que « Last In First Out » (L.I.F.O pour les professionnels purs et durs, Dernier Entré Premier Sorti pour les francophones) est une procédure de stockage ou plutôt le constat d’une mauvaise gestion de stock – la bonne étant plutôt, tu l’auras compris, le First In First Out pour une meilleure rotation des biens et une parfaite optimisation des ressources matérielles. Mouhaha, quel ennui.
Et donc… ce titre Last In First Out, troisième et tout nouvel album des arlésiens de POUTRE, loin de nous tenir enfermés au milieu d’un hangar en tôles ondulées (froid persistant en hiver et chaleur étouffante en été) et coincés entre deux rayonnages infinis à réceptionner des marchandises, les dispatcher, les ranger et les ressortir un peu plus tard pour les expédier, nous propulse ailleurs : Last In First Out est le signe qu’il ne faut pas se laisser faire et que les choses peuvent et doivent être différentes de ce qui nous est imposé, que l’humain n’est pas une marchandise. Alors pas besoin de chaussures de sécurité ni de gants de protection pour écouter le nouveau disque du trio, Last In First Out ne parle pas du cauchemar professionnel des magasiniers et des manutentionnaires mais il y est à nouveau question, puisque cela a toujours été le credo de Poutre, d’urgence, de rage et d’émotions. D’électricité et de surtension. Les seules choses qui tournent vite et dans le bon sens avec ce disque c’est la galette de vinyle en elle-même, la grande roue prise en photo par Pierrot Conger (guitariste du groupe ami et marseillais Conger ! Conger !) qui orne la pochette et, bien sûr, la musique de Poutre. Pour le reste, je prends ce titre Last In First Out comme une sorte d’injonction, quelque chose comme « pas de temps à perdre ! barrons-nous d’ici ! » et même comme un « va chier connard ! » à la gueule de tous les donneurs d’ordre et autres normalisateurs adeptes du rayonnage au millimètre-carré.




Bill Muray est peut-être (et sûrement) un hommage à l’acteur d’Un Jour Sans Fin et démarre sur une stridulation corrosive de la guitare, donnant le coup d’envoi d’un disque où les compositions sont parfois très rapides et toujours furieuses, jouées pied au plancher et drivées par une section rythmique totalement impeccable. Le son de la basse est particulièrement tendu et sec tandis que la batterie frappe décidemment et précisément juste – les mots efficacité et rage prennent tout leur sens. Mais ce qu’il y a de remarquable c’est l’intelligence de cette rythmique qui, tout en déployant une telle énergie et tout en faisant preuve d’un tel acharnement, groove toujours au maximum (surtout lorsqu’en même temps le chant lance des what’s going on ? vindicatifs comme pour la pousser davantage). Un groove inhérent à la musique de Poutre et qui ne fait que prendre de l’ampleur, laissant une empreinte durable, qui envahit tout : même en écoutant Last In First Out tranquille peinard à la maison*, comme de rien ou en rêvassant, il est difficile de faire la sourde oreille et de ne pas être contaminé par cette folie, l’envie de (se) bouger compulsivement est plus forte que tout le reste.
Un autre gros point fort de la musique de Poutre c’est les mélodies. En plus du côté incisif et tranchant de la guitare il y a toujours – toujours – cette volonté de briller, je ne veux pas dire briller pour nous en mettre plein les yeux (les oreilles) : j’aime particulièrement ces longues introductions pendant lesquelles la guitare prend tout son temps pour nous découper scrupuleusement les nerfs en menus morceaux et les faire revenir en persillade – c’est le cas de L.I.F.O. ou de From Light To Dust. L’introduction de My Mind est elle un peu différente parce qu’elle joue davantage la complémentarité entre le couple basse/batterie et la guitare, cette dernière prenant un malin plaisir à s’intercaler dans les rouages rythmiques et là encore il en résulte une hausse inévitable du niveau énergétique général. Avec une durée dépassant les sept minutes My Mind est presque un titre lent (pour du Poutre) qui joue la carte de l’obsession et lorsque l’explosion survient elle n’en est que plus efficace, laissant la place à un long final pendant lequel la guitare dessine ses enroulements soniques, un vrai feu d’artifice. 

Mais parlons un peu du chant. Je trouve toujours assez incroyable la capacité du groupe à donner autant de relief à celui-ci (ainsi qu’aux paroles) alors que quantitativement le chant n’occupe pas la place la plus importante dans Last In First Out. Poutre pourrait n’être qu’un groupe principalement préoccupé de musique et ne plaçant un peu de voix que parce qu’il faut bien en mettre de temps en temps mais ce n’est pas ainsi que cela fonctionne avec les arlésiens : bien qu’adepte des raz-de-marée musicaux le trio prend également à cœur de ramener régulièrement et resserrer son point de gravité autour de ce chant succin mais toujours attendu – un chant sec et scandé, crié ou déformé mais intelligible. Les exceptions sont Paulawnia et Souvenirs De Demain, deux instrumentaux qui arrivent à se passer de toute voix/chant grâce à leurs particularités de composition respectives : une section intermédiaire à tomber par terre parce que totalement groovy (on y revient) pour le premier et, pour le second, un court passage tellement emprunté à Fugazi que je ne peux qu’y voir un hommage sincère et dévoué au groupe de Washington D.C.
Enfin Last In First Out ne serait pas ce qu’il est sans l’aide et l’apport de Nicolas Dick qui a assuré l’enregistrement, le mixage et le mastering du disque. Le son obtenu est d’une cohésion qui frise la perfection parce qu’avant toute chose il respire, plaçant chaque instrument (chaque piste) de façon identifiable dans le mix, et sans écraser les autres. Ce qui n’empêche donc pas Last In First Out de faire bloc, d’aller droit au but sans se vautrer dans le simplisme, comme une énorme boule de feu résultant d’explosions en série, comme une bonne décharge d’adrénaline en plein dans nos têtes éberluées. L’obsession acharnée et abrupte de Last In First Out demeure ainsi exempt de toute facilité et de toute complaisance. Un vrai remède contre l’apathie et le mensonge pour un album maniant comme jamais jubilation et rage, foudre et lumière, ténacité et clairvoyance.

[Last In First Out est publié en vinyle blanc par Assos’Y’Song, Boom Boom Rikordz, Day Off, Katatak, Poutrage records et Rejuvenation records]

* à la maison : au moment où j’écris cette chronique Poutre est en fin de tournée et j’espère que tu n’as pas raté le groupe lorsqu’il est passé vers chez toi ; sinon il est évidemment prévu qu’il ressorte de temps à autre de sa tanière comme le 31 mai à Nîmes pour le This Is Not A Love Song Festival ou, pour les lyonnaises et les lyonnais, le 18 mai au bar des Capucins en compagnie de Grand Plateau et de Burne…


lundi 22 avril 2019

Orchestra Of Constant Distress / Cognitive Dissonance


Au tout début j’avais prévu que cette chronique débute ainsi : « Quel monde impitoyable. Une cathédrale séculaire se met à cramer toute seule, sans l’aide d’aucun norvégien illuminé et sataniste et je devrais pleurer à genoux devant dieu. Attention, ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit : bien sûr que je suis un peu triste, j’aime les vieilles pierres et des vieilles pierres qui disparaissent aussi brutalement et aussi violemment ça me rend mélancolique, me renvoyant au côté éphémère de ma propre existence d’insignifiant cloporte qui va crever comme tout le monde. Mais je ne suis pas plus triste que si la Grande Mosquée al-Masjid al-Ḥarâm était partie en fumée ou que si le Mur des Lamentations s’était effondré. Pourtant l’heure est donc à la détresse nationale. Mais ça ne marche pas. Ou plutôt je ne marche pas. Je laisse aux milliardaires, aux financiers et aux marchands du Temple le soin de pleurer à ma place et de faire des donations permettant la future reconstruction du cœur de leur religion patrimoniale. Et je laisse à celles et ceux pour qui croire et prier est important un bout de trottoir pour mendier la miséricorde divine. Je trouve assez fascinant tout ce monde qui s’enferme toujours plus dans ses certitudes à l’aide de symboles qu’il pense comprendre et contrôler alors que tout lui échappe ; d’accord je ne vaux pas mieux moi qui m’enferme dans un autre monde qui n’existe pas »… Aucun rapport avec la musique, non ? Mais il fallait que cela sorte.





Je vais donc me contenter d’être factuel et de parler simplement d’ORCHESTRA OF CONSTANT DISTRESS, groupe suédois composé de Joachim Nordwall et de Henrik Rylander, deux anciens Skull Defekts (le premier a également joué dans Kid Commando et le second a débuté comme batteur d’Union Carbide Productions, rien que ça) ainsi que de Anders Bryngelsson (Brainbombs et No Balls) et de Henrik Andersson. Du beau monde quoi et surtout un ramassis de psychopathes de la musique qui dès le premier album d’Orchestra Of Constant Distress avaient tout mis en œuvre pour décourager les plus téméraires d’entre nous, celles et ceux qui ont peur de rien, chantent du Sister Idione ou du Whitehouse sous la douche, font des mash ups pour s’amuser en combinant le premier album de The Hospitals et Kollaps d’Einsturzende Neubauten et passent l’aspirateur en écoutant du Merzbow remixé par Zbignew Karkowski. Tu vois le genre ? Non ? Bon, pour la faire courte : une « composition » d’Orchestra Of Constant Distress égale un riff dissonant répété à l’envie sur fond de bruitages parasitaires, ce qui donne un album en cinq parties toutes plus ou moins identiques, instrumentales, épuisantes et dotées de titres commençant tous par le mot Fear – mon préféré étant Fear Will Act On Unwanted Impulses (e g To Stab Friend). Un an plus tard nos quatre gugusses ont remis ça avec un deuxième album intitulé Distress Test et publié par Riot Season, le label anglais prêt à tout. Ce disque a beau bénéficier d’une qualité sonore largement supérieure à celle de son prédécesseur, il n’y aura aucun suspense : une « composition » égale un riff dissonant répété à l’envie sur fond de bruitages parasitaires, etc, etc.  Sauf que là il y a six compositions et les plus masochistes qui ont réussi à dégoter la version limitée avec cassette bonus ont en même temps récolté six titres supplémentaires qui suivent strictement le même processus répétitif de destruction et d’anéantissement.

Nous voici donc en 2019. Il fait beau, l’hiver n’a pas eu lieu, le printemps à un gout de chips au vinaigre trempées dans de l’eau bénite et Orchestra Of Constant Distress, décidemment très prolifique, récidive à nouveau avec Cognitive Dissonance, encore et toujours chez Riot Season. Cette fois le son est carrément énorme. Mais quelque chose a également bougé dans les fondations profondes de la cathédrale suédoise. Comme une ouverture, toute petite il est vrai, une ouverture évidemment en forme de meurtrière et palpable dès Discomfort avec cette guitare qui jouerait presque les amuse-gueules, une guitare dont le son et les motifs ne sont pas sans rappeler certaines fulgurances des Skull Defekts. Du coup le côté répétitif, s’il est encore bel et bien là, devient nettement plus supportable et l’auditeur (moi) est moins violement pris de cette irrépressible envie misanthropique de destruction totale et définitive de la civilisation humaine. Il faut attendre les douze fatidiques minutes de Pride pour retrouver la douleur familière de la fraiseuse électrique attaquant de l’intérieur les boites crâniennes et cette impression d’être confronté à ce qui musicalement se rapprocherait le plus d’une céphalée écrasante et brûlante comme un brasier apocalyptique. Ces types sont des génies du mal. Ou pas loin.
La deuxième face de Cognitive Dissonance confirme malgré tout qu’Orchestra Of Constant Distress a définitivement affiné son propos. Hope serait presque groovy (au moins pour les gens qui ne savent pas danser ou alors uniquement après avoir pris de la drogue), Guilt Hopelessness donne envie d’entendre un peu de chant merdique (genre des mots dégueulasses hurlés sur un mode détaché) et Guilt qui arrive en clôture du disque possède tout du hit single pour un disque qui ressemble malgré tout à un champ de ruines. Le pire étant que les zigouigouis bruitistes font plus mal que jamais tout en devenant indispensables – l’addiction au désespoir ? Voilà. Je n’ai rien de plus à dire sur Cognitive Dissonance si ce n’est que son titre prête à sourire – « Dissonance cognitive »… non mais franchement… – mais venant d’un groupe dont le nom ressemble plus à celui d’une formation de post rock romantico-théâtral option mèche dans les cheveux qu’à celui d’une bande de terroristes adeptes du (saint) supplice par le feu, je ne m’étonnerai de rien. Et je me réjouis de la capacité d’Orchestra Of Constant Distress à élargir son propos sans renoncer à quoi que ce soit de sa perversité. Peut-être devrais-je parler de distillation et de filtrage car avec ce groupe chaque détail compte, du moindre roulement de tom à chaque grésillement électronique en passant par les grincements de guitare et la mise en place est d’autant plus bluffante qu’elle est transparente – on ne la détecte pas. Une musique aussi cérébrale et aussi jusqu’au-boutiste que celle-ci est une véritable rareté. Et un vrai plaisir. Primal et ensorcelant.

vendredi 19 avril 2019

Trombe / self titled






TROMBE est un duo bouillonnant qui baigne dans la freeture et composé uniquement de deux ingrédients complémentaires, Tom Bodlin au saxophone et Erwan Cornic à la batterie : les travaux en solo du premier nont cependant rien à voir avec la musique de ce nouveau duo et je ne te parle même pas de Café Flesh, son groupe d’encore avant qui possède aucun rapport non plus avec les goujons jazzophiles et autres ablettes de l’improvisation ; quant au second, sa fiche anthropométrique qui m’est parvenue en même temps que le premier album de Trombe m’indique qu’il a auparavant joué dans Djud, un groupe dont l’unique trace que je connais est un split single aux côtés de Gorge Trio et que je n’ai pas réécouté depuis des lustres (j’ai perdu ce disque… en tout cas je ne le retrouve plus mais on s’en fout). Le nom du groupe semble avoir été choisi pour ne laisser aucun doute ni faux a priori sur les intentions des deux musiciens et effectivement Trombe ne ment pas en faisant preuve d’urgence et de vigueur, de tension et de précision.

Question freeture il y a grosso-modo deux écoles principales : celle de l’énergie folle et libertaire qui éclabousse et en fout de partout et celle de la poésie qui fait rêver (de partout également). En fait il y a une troisième école mais je préfère faire comme si elle n’existait pas vraiment, c’est celle de la prise de tête et du caca cérébral sans casque antichocs ni lunettes de protection – donc oui on oublie tout de suite. Parfois l’école du barouf et celle du rêve font de dangereuses et intrépides alliances et c’est sûrement ce que je préfère dans toutes ces histoires d’instantanés et d’aimantations mutuelles, en particulier lorsqu’il est question de duos saxophones/binious turluttés et batterie/percussions (non, n’insiste pas, je ne citerai ici et maintenant aucun duo sax/batterie de légende, ce n’est pas ce qui manque et sinon tu n’as qu’à essayer de lire dans mes pensées). Donc ce disque de Trombe arrive à point nommé tant il correspondant à quelque chose qui arrive presque toujours à me toucher mais en même temps je dois avouer qu’au départ j’avais quand même un tout petit peu peur : comment deux petits blancs-becs marinant depuis des années du côté du pays nantais allaient pouvoir s’en sortir dans un tel registre, difficile s’il en est ? Mais très bien mon brave monsieur… quel idiot je fais. Voilà encore la démonstration que si les musiques libres possèdent des origines (voire des racines) elles peuvent aussi s’affranchir de toutes les frontières et de toutes les géographies et c’est précisément ce qui fait toute la beauté et toute la force de l’action musicale improvisée.

De la poésie, donc. Plutôt que de jouer la carte du gros bordel incandescent qui vrombit en continu, Trombe privilégie les micro-échanges constants et pointillistes, toute la palette ou presque y passe et le contenu de la caisse à outils est entièrement renversé par terre (tûts et pouêts, virevoltes et saltos, souffles ténus ou claquements d’un côté ; caresses de cymbales, cryptage en morse des percussions, etc. de l’autre). Mais surtout le duo ne s’appesantit pas, sûrement conscient que dans son cas la longueur n’est pas forcément synonyme de qualité et n’est donc pas son meilleure allié. Tout ça est exécuté sans l’aide d’additifs ou de colorants chimiques (pas de pédales et autres effets électroniques, rien que du naturel) et les cinq plages sans titre du disque sonnent avec rudesse, vérité et toute l’épaisseur de l’organique. Autant dire, que mine de rien, l’exercice était aussi périlleux que rare et que le résultat en est d’autant plus épatant.
Le premier disque du duo est donc ramassé et d’une courte durée – il tourne en 45 tours mais libre à toi de l’écouter en 33, tu verras ça peut être une expérience intéressante bien que sans lendemain – et c’est exactement ce qu’il fallait faire : donner ce sentiment de fulgurance, la persistance rétinienne plutôt que l’envahissement et l’étouffement tout en (se) laissant suffisamment d’espaces de liberté pour respirer et pour arpenter les petits chemins impromptus. Tournoyer le nez en l’air ; lancer un galet sur la surface de l’eau sans trop compter son nombre de ricochets ; souffler sur les aigrettes de pissenlit puis les regarder voleter ; taper sur une vieille souche de bois et en faire naître mille échos. S’arrêter. Renifler. Fermer les yeux. Et sourire.

ps : la pochette est un magnifique dessin de Nylso, également très poétique…

[ce premier album sans titre de Trombe est publié en vinyle uniquement par STNT, à l’origine site de chroniques musicales bien pointues ténu par Erwan qui se lance donc dans l’édition phonographique, le genre de chose que moi je ne ferai jamais, je suis bien trop paresseux et bien trop peureux pour ça]


mercredi 17 avril 2019

Low Lose / self titled






LOW DOSE est un groupe de Philadelphie qui fait beaucoup de bruit. En tous les cas sur les internets. Impossible en effet ces dernières semaines et même ces derniers mois ne pas en avoir entendu parler alors que le groupe n’avait encore rien publié de bien concret mis à part une cassette autoproduite et qu’il n’avait donné que peu de concerts, y compris à la maison. Alors qu’en est-il vraiment ? Question curriculum vitae, diplômes honoris causa et autres médailles en chocolat on retrouve dans Low Dose le guitariste (et chanteur) Mike McGinnis qui auparavant jouait dans Fight Amp et qui fait désormais partie des excellents Plaque Marks ; de Fight Amp on retrouve également ici le bassiste John DeHart ainsi que le batteur Dan Smith… ce qui fait dire à certains que le trio serait comme à nouveau réuni mais sous un nouveau nom…. Mais pas vraiment non plus puisqu’il y a une différence entre Fight Amp et Low Dose et que cette différence est de taille : Low Dose est aussi et surtout le nouveau groupe de la guitariste et chanteuse Itarya Rosenberg qui jusqu’ici officiait dans Legendary Divorce, encore une formation issue de la foisonnante scène de Philadelphie. Ce n’est donc pas la peine de se réjouir trop vite et surtout de le faire pour de mauvaises raisons, je dis cela bien sûr uniquement pour les fanatiques indécrottables et endeuillés de Fight Amp qui peuvent toujours courir (après ça j’arrête d’en parler, promis, juré, craché et mousse de bouche) car je ne vois que peu voire pas du tout de points communs entre le groupe précédent de McGinnis and C° et Low Dose. Mais j’en vois déjà un petit peu plus avec Legendary Divorce.

Mais reprenons par le commencement : ce premier album sans titre de Low Dose n’est pas un disque de noise rock pur et dur. Ni véritablement un album de grunge vintage protégé par un certificat d’authenticité délivré par les services du ministère de la culture. Il n’a pas grand chose de métallique non plus. Et à dire vrai je ne m’attendais pas réellement à ça. Par « ça » j’entends un enregistrement avec des compositions dont le premier souci est de toute évidence celui de la mélodie. Parce que la volonté d’accrocher l’oreille prédomine souvent sur celle de nous l’écorcher et ce bien que nos tympans finissent toujours par saigner à un moment ou un autre du disque. Il n’y a aucun doute à ce sujet et Itarya Rosenberg est en première ligne, entre éraillements contrôlés et fausse douceur fulminante elle tient constamment le haut du pavé. Parfois son chant pourrait rappeler quelque lointaine ancêtre de la première moitié des années 90 et issue de ce grunge qui n’en a jamais été mais on retrouve également dans sa voix énormément d’émotions, comme sur le titre Legendary Divorce (tiens tiens) ou sur le très étonnant Low qui ouvre de façon plus que déroutante l’album et aurait presque des accents à la Thalia Zedek. Itarya Rosenberg n’est toutefois pas la seule à chanter dans Low Dose : Mike McGinnis s’y colle superbement sur Otherworldly Motives, partage le chant avec Itarya sur Not Break Skin et, enfin, il joue le contrepoint sur Sinking ce qui en fait l’une des toutes meilleures compositions du disque. Pour tout le reste, seule la guitariste reste aux commandes et au micro et elle constitue l’atout principal et central d’un disque de facture peut-être classique mais sacrément bien foutu et qui s’impose petit à petit avant de devenir indécollable de la platine.

Ceci dit, cet album de Low Dose est également et surtout un disque furibard et même parfois rageux (Start Over et le très lapidaire Song 12) et un disque gorgé de tubes énervés – For Sure qui arriverait presque à faire de l’ombre à Right On et enfin Not Break Skin, déjà cité plus haut mais méritant de l’être à nouveau. Le côté lourd et poisseux du disque ne se révèle complètement que sur l’unique et colérique Away (« This feeling is a maze and I’m done / It ceases to amaze so I’m done » voilà qui semble transpirer le vécu) qui tout compte fait constitue mon titre préféré – allez, ex-æquo avec Sinking – d’un enregistrement qui fait son boulot et qui le fait plus que bien. Encore une fois il n’y a rien de fondamentalement nouveau ici, uniquement beaucoup d’authenticité et une bonne dose d’applomb, ce qui est déjà beaucoup. Alors Low Dose mérite amplement tout le bruit qui a été fait autour du groupe avant la parution de son premier album. Lequel a été pressé en vinyle vert transparent ou en vinyle noir par Knife Hits records (qui éditait déjà les disques de Fight Amp) ainsi que par Brutal Panda records. Que dire de plus si ce n’est que ce disque serait déjà épuisé mais qu’il ne mérite qu’une seule chose, être repressé dès que possible ?  

lundi 15 avril 2019

Skryptor / Luminous Volumes






Je crois que c’est Oscar Wilde qui affirmait qu’ « il ne faut pas se fier aux apparences, beaucoup de gens n’ont pas l’air aussi bête qu’ils ne le sont réellement ». Je ne sais jamais trop quoi faire de cette assertion venant d’un homme qui a pourtant écrit un livre sur les apparences et la vanité avant de se faire engeôler parce qu’il était un homosexuel doublé d’un irrévérencieux affirmant la nécessaire indépendance de l’esthétique avec l’éthique et de l’art avec la morale – ce qui ne signifie pas, bien au contraire, qu’il n’avait aucune morale ni aucune éthique mais en cette lointaine époque victorienne et puritaine chatouiller et contredire l’ordre établi n’était considéré que comme un acte subversif et non pas comme une pensée possiblement autre (c’est le risque de la provocation et du scandale… bien qu’il faille souvent voire nécessairement en passer par là pour faire avancer les choses).
Mais mon problème c’est d’abord l’affectif (oui, bon, OK, c’est le problème de beaucoup de personnes). Donc j’apprends que Tim Garrigan et David McClelland ont monté un groupe ensemble du nom de SKRYPTOR et dont le premier album Luminous Volumes vient d’être publié chez Sleeping Giant Glossolalia et Skin Graf. Tim Garrigan est très cher à mon cœur parce qu’un beau jour il a intégré le line-up des Dazzling Killmen avec lesquels il a enregistré le meilleur album du groupe et l’un des meilleurs disques de noise-rock viscéral et torturé de tous les temps, Face Of Collapse ; David McClelland était guitariste et co-fondateur de Craw, autre groupe responsable d’enregistrements tout aussi obsédants, en particulier Lost Nation Road. Là vous me voyez venir de loin avec mes gros sabots crottés, mes oreilles pointues et mes cornes de vieux bouc puant : Dazzling Killmen + Craw = garantie de qualité supérieure. En tous les cas moi j’y croyais, malgré un teasing mitigé via la compilation Post Now : Round One – Chicago vs New York. Mais les tiraillements révélés par Red Mountain (qui figure à la fois sur la compilation et sur le premier album de Skryptor) n’étaient malheureusement pas de simples accidents de parcours mais bien les indices de défauts insurmontables et de fautes de goûts impardonnables.

Laissons de côté le cas de David McClelland qui avec ce nouveau groupe est passé de la guitare à la basse ; en compagnie du batteur Hank Shteamer il ne fait qu’assurer qu’une rythmique très efficace mais sans trop d’imagination. Le principal problème de Luminous Volumes est Tim Garrigan dont le jeu et le son de guitare sont régulièrement insupportables. Pas tout le temps, fort heureusement : la sécheresse et l’intensité de certains riffs sont fort appréciables et la plupart des compositions du disque démarrent sous les meilleurs auspices, il y a de quoi se laisser faire et se laisser emporter, cela en ferait presque oublier que Skryptor est un groupe complètement instrumental et que dans 95 % des cas les groupes de rock instrumental plus ou moins noise et électriques sont à mourir d’ennui. Pourtant l’effet ébouriffant ne dure pas suffisamment avec un Tim Garrigan qui s’étale tout qu’il peut et se lance dans de longs développements dont on sent bien qu’ils sont portés par une réelle volonté de stratosphérisme mais qui se retrouvent plombés par une glue délayée particulièrement pénible (un exemple ? à partir de la quatrième minute de Lotus And Maze et ce solo dégoulinant).
L’argument qui consisterait à dire que voilà des musiciens qui ne se sont pas contentés de refaire ce qu’ils avaient fait dans le passé et qui ont voulu aller de l’avant ne tient pas : dans les désormais très lointaines années 90 Tim Garrigan et David McClelland jouaient une musique innovante et passionnante alors qu’avec Skryptor ils tombent dans les travers d’un rock progressif balourd, complaisant, gras et mou du bide. Autrement dit, ils ont rétropédalé dans la semoule et le boulgour. Il est fâcheux de constater que les deux meilleurs passages de Luminous Volumes sont constitués par les intermèdes The Orchad (part 1 et part 2) qui pétillent de dissonances humoristiques et davantage expérimentales. Mais au final c’est bien peu et surtout extrêmement frustrant, laissant entrevoir ce que Skryptor aurait pu être si le groupe n’avait pas choisi une esthétique aussi pompière en provenance directe d’un Crétacé musical dont même la progéniture de David Gilmour et Joe Satriani ne pourrait être tenue comme responsable.
J’aurais donc du me fier aux apparences : ce nom de Skryptor sonne comme celui d’un groupe de hard-rock métaphysique trop aveuglé par son amour pour le roi cramoisi sans faire quelque chose de toutes les richesses héritées de la musique de ce cher Robert et la pochette de Luminous Volumes ressemble à la couverture d’un mauvais livre de science fiction dont Luc Besson n’arriverait pas à tirer un téléfilm. Malheureusement ce disque possède plus de faux airs intelligents que d’intérêt réel. Tant pis. Et comme je crois et croirai toujours en l’affectif j’écouterai malgré tout le prochain disque de Skryptor, si toutefois le groupe décide d’en enregistrer un autre.

samedi 13 avril 2019

[chronique express] Off Models / Never Fallen In Love





Si jamais tu en doutais encore une écoute même furtive de Never Fallen In Love d’OFF MODELS devrait aisément pouvoir te convaincre que les histoires d’amour déceptives font de bonnes pop songs acidulées – sinon c’est que ton cas est plus que désespéré.  


jeudi 11 avril 2019

Post Now : Round One – Chicago vs New York


Bon alors, comment ça va chez Skin Graft depuis la dernière fois ? Plutôt bien finalement, et malgré tout le mal que je trouve encore à dire au sujet du label de Chicago je dois bien avouer que son actualité est particulièrement remplie en ce printemps 2019 avec la parution du premier album de Skryptor, celui de Psychic Graveyard (prévu pour le mois de mai) et cette compilation intitulée Post Now : Round One – Chicago vs New York. Un titre qui laisse présager qu’il devrait y avoir une suite un jour ou l’autre. Pour l’heure l’objet de ce disque est on ne peut plus simple avec un tracklisting qui alterne un groupe de Chicago avec un groupe de New York : il n’y a aucune unité stylistique, le choix des groupes semble uniquement suivre les aléas des goûts musicaux très diversifiés de Mark Fischer et de Rob Syers, les deux patrons du label – ce qui a toujours été le cas avec Skin Graft. Autant dire qu’il y a de tout sur cette compilation bourrée jusqu’à la gueule (70 minutes) et que tout n’est pas forcément inoubliable. Mais là aussi cela dépend des goûts de chacun et pour y voir (entendre) plus clair autant se lancer dans un inventaire certes un peu fastidieux mais nécessaire du contenu de Post Now : Round One – Chicago vs New York.

Chaque groupe propose deux compositions et c’est CHEER ACCIDENT et donc Chicago qui débaroule en premier. Le groupe de Thymme Jones a un très long historique derrière lui et une discographie pléthorique et étonnante d’une vingtaine d’albums avec une influence rock in opposition option Robert Wyatt qui domine largement sa musique depuis de nombreuses années. On retrouve sur War Is A Warrior et Site (Tod Rittmann, ex US Maple et Dead Rider, est à la guitare et au chant) ces fameux accents poétiques parfois très pop et zébrés d’incartades expérimentales et même kraut. Un bon début pour cette compilation bien que personnellement je préfèrerais toujours les vieux enregistrements de Cheer Accident, ceux avec Dylan Posa à la guitare.
Suit le premier gros morceau du disque avec le grand retour des
FLYING LUTTENBACHERS. A la séparation du groupe en 2007 Weasel Walter avait dit plus jamais mais fort heureusement pour nous il a une nouvelle fois changé d’avis. Désormais basés à New York (après Oakland mais surtout… Chicago) les Flying Luttenbachers version 2019 incluent le guitariste Brandon Seabrook (des géniaux Naftule’s Dream mais aussi Jessica Lurie Ensemble, Paul Brody’s Sadawa…), le bassiste Tim Dahl (Child Abuse et Ava Mendoza’s Unnatural Ways) ainsi que le saxophoniste Matt Nelson. Une formation qui rappelle celle baignée de freeture des années 1994/1995, lorsque Ken Vandermark et Jeb Bishop faisaient partie d’un groupe qui a quand même connu quatorze line-ups différents depuis ses débuts. Créature de Weasel Walter les Flying Luttenbachers jouent une musique toujours aussi partagée entre free, prog et noise et Demonic Velocities comme Prelude To Mutation donnent envie de se ruer sur Shattered Dimensions, le tout nouvel album du groupe dont on reparlera bientôt (du moins je l’espère) dans cette gazette. 





La suite de Post Now : Round One – Chicago vs New York est un peu plus compliquée. LOVELY LITTLE GIRLS (quatre albums dont deux chez Skin Graft) et son côté cabaret punk ne sont guère convaincants. En tous les cas ils me donnent envie de bailler. SKRYPTOR constitue – pour l’instant – une curiosité de taille puisqu’il s’agit d’un nouveau groupe composé d’illustres vétérans avec Tim Garrigan (des légendaires Dazzling Killmen) à la guitare et David McClelland (des tout aussi légendaires Craw) à la basse ; ils sont rejoints par le batteur Hank Shteamer. Clown Pony est un enregistrement en concert, le son est faiblard mais l’énergie est bien là, évitant à Skryptor de s’égarer dans les couloirs d’une métallurgie trop progressive… Par contre Red Mountain est un enregistrement studio qui se révèle parfois trop ampoulée, le son de la guitare est partagé entre déchirures noise et (trop de) bavures prog et autres figures imposées 70’s (à partir de 3’03 par exemple) qui me donnent envie de couper quelques doigts à Tim Garrigan et de lui confisquer en même temps certaines de ses pédales d’effets. Red Mountain ne restera pas un titre inédit puisqu’il sera inclus sur Luminous Volume, le premier album de Skryptor à paraitre chez Skin Graft et Sleeping Giant Glossolalia. 

Avec Man Crush et surtout le tubesque Sticky Nougat BOBBY CONN démontre qu’il est toujours le maître incontesté d’une pop dévoyée, loufoque et expérimentale. Ce type est un génie mais apparemment il s’en tape, ou alors il préfère continuer à faire de la musique – toujours accompagné de Monica Boubou – plutôt que de faire carrière dans un casino de Las Vegas. Il est difficile de ne pas se dandiner et de ne pas rire au son de ses ritournelles acides et lofi servies par un sens de la composition débordant de second degré et de strass mais conservant toute leur évidence. Je t’aime Bobby Conn. Elle aussi je l’aime et elle c’est Admiral Grey c’est-à-dire la chanteuse/vocaliste de CELLULAR CHAOS, diva de l’impur d’un groupe ravivant la fureur no-wave new-yorkaise. La guitare est hallucinante de rage et cisaille à tout-va, normal puisqu’elle est tenue par Weasel Walter qui fait donc une deuxième apparition très remarquée sur Post Now : Round One – Chicago vs New York. Et maintenant que Cellular Chaos a trouvé une nouvelle batteuse en la personne de Katelyn Farstad (aka Itch Princess) j’espère que le groupe va rapidement donner de ses nouvelles – et pourquoi pas un troisième album, hein ? A noter que Gaslight et Dirty Girl ont à l’origine été publiés pour récolter des fonds au profit de Tim Smith, guitariste des Cardiacs tombé gravement malade et ne pouvant faire face à ses dépenses de santé. 

Je devrais être sévère avec TIJUANA HERCULES mais je n’y arrive pas. Et pas seulement parce que le chanteur du groupe s’appelle John Forbes, ex chanteur de Mount Shasta. En fait le boogie-blues-rock teinté de psychédélisme de Tijuana Hercules est convaincant. Je n’écouterais pas ça tous les jours – restons sérieux ! – mais il se dégage de Revisited comme de I Stand Condemned un esprit positif et old-timer fort agréable, juste le temps de se reposer un peu avant le dernier groupe figurant au programme… CHILD ABUSE est l’un des trucs les plus monstrueux et difficiles engendré du côté de New York ces dernières années et le groupe de Tim Dahl (encore lui) ne faillit pas avec Dare To Live/Staying Strong et Grow A Pair/It’s My Time/Finally Free, deux pistes (mais cinq titres !) alliant synthétiseurs démembrés, lignes de basse algorithmiques, batterie déstructurée, voix trafiquées… Child Abuse détruit tout ce qu’il touche et les appellations de musique industrielle, de metal expérimental et de free music perdent ici de leur sens tant le groupe transcende allégrement les genres et enfante d’un monstre finalement indescriptible et innommable. Tu te rappelles de la créature dans Possession, le film d’Andrej Zulawski ? Et bien c’est exactement ce à quoi la musique de Child Abuse me fait toujours penser.

lundi 8 avril 2019

Boucan + Ghold + Oozing Wound [03/04/2019]





Concert de bout-en-train plus ou moins barbus et plus ou moins chevelus avec par ordre d’apparition Boucan, Ghold et enfin Oozing Wound dont le quatrième album High Anxiety vient de paraitre et rendrait sourd n’importe quel amateur de speed-prog cérébral.

(une soirée sous le signe de l’annihilation dans la joie et courageusement organisée par deux enragé.e.s et rescapé.e.s de la fourrière municipale lyonnaise avec le soutien de Grrrnd Zero Hors Les Murs ; on peut regarder plus de photos par ici)