LOW DOSE est un groupe de Philadelphie qui fait beaucoup de bruit. En tous les cas sur les internets. Impossible en effet ces dernières semaines et même ces derniers mois ne pas en avoir entendu parler alors que le groupe n’avait encore rien publié de bien concret mis à part une cassette autoproduite et qu’il n’avait donné que peu de concerts, y compris à la maison. Alors qu’en est-il vraiment ? Question curriculum vitae, diplômes honoris causa et autres médailles en chocolat on retrouve dans Low Dose le guitariste (et chanteur) Mike McGinnis qui auparavant jouait dans Fight Amp et qui fait désormais partie des excellents Plaque Marks ; de Fight Amp on retrouve également ici le bassiste John DeHart ainsi que le batteur Dan Smith… ce qui fait dire à certains que le trio serait comme à nouveau réuni mais sous un nouveau nom…. Mais pas vraiment non plus puisqu’il y a une différence entre Fight Amp et Low Dose et que cette différence est de taille : Low Dose est aussi et surtout le nouveau groupe de la guitariste et chanteuse Itarya Rosenberg qui jusqu’ici officiait dans Legendary Divorce, encore une formation issue de la foisonnante scène de Philadelphie. Ce n’est donc pas la peine de se réjouir trop vite et surtout de le faire pour de mauvaises raisons, je dis cela bien sûr uniquement pour les fanatiques indécrottables et endeuillés de Fight Amp qui peuvent toujours courir (après ça j’arrête d’en parler, promis, juré, craché et mousse de bouche) car je ne vois que peu voire pas du tout de points communs entre le groupe précédent de McGinnis and C° et Low Dose. Mais j’en vois déjà un petit peu plus avec Legendary Divorce.
Mais reprenons par le commencement : ce premier album sans titre de Low Dose n’est pas un disque de noise rock pur et dur. Ni véritablement un album de grunge vintage protégé par un certificat d’authenticité délivré par les services du ministère de la culture. Il n’a pas grand chose de métallique non plus. Et à dire vrai je ne m’attendais pas réellement à ça. Par « ça » j’entends un enregistrement avec des compositions dont le premier souci est de toute évidence celui de la mélodie. Parce que la volonté d’accrocher l’oreille prédomine souvent sur celle de nous l’écorcher et ce bien que nos tympans finissent toujours par saigner à un moment ou un autre du disque. Il n’y a aucun doute à ce sujet et Itarya Rosenberg est en première ligne, entre éraillements contrôlés et fausse douceur fulminante elle tient constamment le haut du pavé. Parfois son chant pourrait rappeler quelque lointaine ancêtre de la première moitié des années 90 et issue de ce grunge qui n’en a jamais été mais on retrouve également dans sa voix énormément d’émotions, comme sur le titre Legendary Divorce (tiens tiens) ou sur le très étonnant Low qui ouvre de façon plus que déroutante l’album et aurait presque des accents à la Thalia Zedek. Itarya Rosenberg n’est toutefois pas la seule à chanter dans Low Dose : Mike McGinnis s’y colle superbement sur Otherworldly Motives, partage le chant avec Itarya sur Not Break Skin et, enfin, il joue le contrepoint sur Sinking ce qui en fait l’une des toutes meilleures compositions du disque. Pour tout le reste, seule la guitariste reste aux commandes et au micro et elle constitue l’atout principal et central d’un disque de facture peut-être classique mais sacrément bien foutu et qui s’impose petit à petit avant de devenir indécollable de la platine.
Ceci dit, cet album de Low Dose est également et surtout un disque furibard et même parfois rageux (Start Over et le très lapidaire Song 12) et un disque gorgé de tubes énervés – For Sure qui arriverait presque à faire de l’ombre à Right On et enfin Not Break Skin, déjà cité plus haut mais méritant de l’être à nouveau. Le côté lourd et poisseux du disque ne se révèle complètement que sur l’unique et colérique Away (« This feeling is a maze and I’m done / It ceases to amaze so I’m done » voilà qui semble transpirer le vécu) qui tout compte fait constitue mon titre préféré – allez, ex-æquo avec Sinking – d’un enregistrement qui fait son boulot et qui le fait plus que bien. Encore une fois il n’y a rien de fondamentalement nouveau ici, uniquement beaucoup d’authenticité et une bonne dose d’applomb, ce qui est déjà beaucoup. Alors Low Dose mérite amplement tout le bruit qui a été fait autour du groupe avant la parution de son premier album. Lequel a été pressé en vinyle vert transparent ou en vinyle noir par Knife Hits records (qui éditait déjà les disques de Fight Amp) ainsi que par Brutal Panda records. Que dire de plus si ce n’est que ce disque serait déjà épuisé mais qu’il ne mérite qu’une seule chose, être repressé dès que possible ?