Quoi ? Les VIAGRAS BOYS chroniqués sur Instant
Bullshit ? Mais où va-t-on ? Nulle part, évidemment, mais en attendant que le travail gratuit devienne
obligatoire et que l’oxygène de l’atmosphère devienne payant offrons-nous un
moment d’insouciance contestataire et de décadence assumée. Troisième LP des
Suédois, Cave World marque l’aboutissement
des Viagras Boys en tant que machine
à danser suintant la défonce, la dépravation et la révolte. La nervosité
post-punk chère aux débuts du groupe laisse encore plus de place à un mélange
de funk blanc krautesque et de jazzzzzeu déviant : les tubes succèdent aux
tubes sur un album délibérément et délicieusement putassier qui n’hésite pas
non plus à piller allégrement chez les grands anciens (difficile de ne pas
entendre quelques petits bouts de DAF et de Devo sur Troglodyte ni du Suicide sur Creepy Crawlers). Jason Williamson de
Sleaford Mods vient prêter main forte sur un Big Boy paresseusement désopilant mais le groupe devient
particulièrement vicieux lorsqu’il déforme son groove jusqu’à le rendre malade
et insalubre (Punk Rock Loser, en
forme d’hommage rétréci aux Stooges). Derrière la déconnade anarchisante et les
excès en tous genres on trouvera pourtant un discours affuté et bilieux, le
groupe crachant autant sur l’absurdité du monde qu’il s’en amuse. Signe des
temps.