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mardi 2 novembre 2021

Elastic Heads : self titled

 




Retour en 2018. Charles Rowell – moitié du noyau dur de Crocodiles mais avant ça membre de The Plot To Blow Up The Eiffel Tower et de Some Girls – a trainé quelques mois à Lyon… je ne sais pas ce qu’un tel bonhomme originaire de San Diego en Californie pouvait bien foutre par ici mais je sais qu’un vrai musicien, où qu’il se trouve, restera toujours un musicien et Rowell, peut-être pour tromper l’ennui, peut-être parce qu’il a eu une poussée conséquente d’inspiration (je ne sais pas non plus) a alors composé une grosse poignée de chansons. Pour mettre en forme celles-ci, les arranger, les enregistrer et les interpréter devant un public averti lors d’un seul et unique concert, il s’est accoquiné avec trois autres musiciens, tous locaux et issus – entre beaucoup d’autres choses – de The Horsebites : Flo à la guitare lead, Antoine à la basse et l’incontournable Lester à la batterie… le groupe s’est appelé ELASTIC HEADS.
Une existence éphémère et plutôt confidentielle, un enregistrement perdu au beau milieu d’un disque dur pourrissant : il n’en a pas fallu beaucoup plus pour éveiller la curiosité et l’intérêt de Julien du label lyonnais Echo Canyon. Quelques années passées à macérer sur un support numérique n’arrangent pas forcément les choses mais après restauration des prises originales effectuées au Magnétique Audio (le studio monté par JP Marsal, ex 202project) puis un mixage et un mastering en bonne et due forme par Bruno Germain (à qui l’on doit tellement d’enregistrements de groupes du coin) l’unique album d’Elastic Heads est enfin devenu une réalité et surtout est désormais disponible en vinyle.
Et quel disque ! Difficile d’en croire ses oreilles tellement les huit compositions présentes ici – sept dont un instrumental sont signées Charles Rowell, la huitième, non moins excellente, a été écrite par Antoine – possèdent ce caractère d’immédiateté propres aux grands enregistrements. Je n’exagère pas : tout de suite il se dégage du disque quelque chose d’incroyable. Le songwriting est de haut vol, l’interprétation vive et enthousiaste, le son garage mais lumineux et, surtout, l’urgence ne fait jamais défaut à un disque qui manie la mélodie sans jamais appuyer sur les mauvais boutons et qui tutoie régulièrement les sommets.
Essayons de faire plaisir aux entomologistes un rien chipoteurs et classons, mais ce ne sera pas définitif, Elastic Heads quelque part entre la limpidité punk des tout premiers essais des Misfits (ceux qui ont tardivement été édités sur l’album Static Age) mais surtout les Wipers et les Hot Snakes, pour le côté enlevé, trépignant et toujours d’une très grande classe.  Mais le groupe fait particulièrement des merveilles lorsqu’il aborde le virage du mid-tempo : Pass Over restera le tube incontournable du disque avec ses faux airs nonchalants, sa ligne de chant parfaite, ses guitares ciselées et sa partie finale irrésistible et entêtante. L’histoire pourrait définitivement s’arrêter là mais il se murmure désormais que le groupe va reprendre un peu du service et effectuer quelques dates – le 23 novembre à Paris, le 24 à Lyon, le 25 à Besançon et le 26 à Montbéliard – pour ainsi honorer un disque qui mérite plus que tout de l’être. Ne me dites pas que je rêve encore…

[Elastic Heads est publié en vinyle rouge transparent et à 200 exemplaires seulement par Echo Canyon : une fois de plus avec ce label l’artwork et la présentation sont impeccables – l’illustration de la pochette est signée Jonatan Florez avec, me semble-t-il, quelques bouts de Magritte dedans]