Celles et ceux qui aiment Weasel Walter – je parle d’aimer son travail, sa musique, pas d’aimer sa petite personne que je n’ai jamais eu l’honneur de rencontrer – le font principalement pour une seule et même raison : quoi qu’il arrive le multi-instrumentiste / compositeur / trublion / agitateur n’en fait qu’à se tête, autrement dit il ne fait que ce qu’il veut et uniquement ce qu’il veut. Inversement et paradoxalement, peut-être, toutes celles et tous ceux qui détestent Weasel Walter – je parle toujours uniquement de sa musique – le font pour exactement la même raison : il ne fait donc que ce qu’il veut et, pour le dire différemment, il emmerde tout le monde. Voilà, au moins c’est clair.
Ce qui l’est tout autant c’est qu’avec les Flying Luttenbachers Weasel Walter aura construit une œuvre unique et singulière en donnant naissance à une musique sortie tout droit d’une imagination aussi fertile que déjantée. Et pour aller encore plus loin, je crois qu’il n’y a pas un disque des Flying Luttenbachers qui ressemble à un autre, ne serait-ce que parce que l’histoire du groupe a été marquée par tellement de changement de line-up (en bon dictateur éclairé Weasel Walter est le seul membre permanent de cette fantastique machine à bordel) que chaque disque a été enregistré par un nouveau personnel, pour donner une musique à chaque fois différente mais possédant malgré tout des caractéristiques communes et établissant une sorte de fil conducteur.
C’est pour cette raison qu’au sujet de Weasel Walter (et des Flying Luttenbachers) je n’hésite donc pas à employer ce terme tellement galvaudé d’« œuvre »*. Comme je l’ai mentionné plus haut je ne connais pas personnellement le bonhomme et je ne sais pas si de tels compliments le feraient rougir ou pas – et d’ailleurs je m’en fous – mais Weasel Walter est un petit génie. OK : je veux bien concéder qu’il est un génie du mal et que ses petites cornes de diablotin lui vont à ravir.
C’est pour cette raison qu’au sujet de Weasel Walter (et des Flying Luttenbachers) je n’hésite donc pas à employer ce terme tellement galvaudé d’« œuvre »*. Comme je l’ai mentionné plus haut je ne connais pas personnellement le bonhomme et je ne sais pas si de tels compliments le feraient rougir ou pas – et d’ailleurs je m’en fous – mais Weasel Walter est un petit génie. OK : je veux bien concéder qu’il est un génie du mal et que ses petites cornes de diablotin lui vont à ravir.
Deuxième album à avoir été publié en cours de l’année 2019 et successeur d’un Shattered Dimensions marquant le retour aux affaires réussi des Flying Luttenbachers, Imminent Death n’échappe pas à cette double règle de la continuité et de l’imprévisibilité. D’abord on y retrouve tous les musiciens qui avaient participé à l’album de la résurrection : Matt Nelson au saxophone ténor et alto et à la clarinette basse ; Brandon Seabrook à la guitare ; Tim Dahl à la basse. Comme d’habitude Weasel Walter tient et martèle la batterie mais se fend également sur certains titres d’une participation à la guitare, à la basse ou à la bidouille électronique. La très grosse nouveauté consiste en la présence du guitariste Henry Kaiser. De lui aussi je devrais parler de génie. Ce type a déjà collaboré maintes fois avec Weasel Walter mais à ma connaissance c’est bien la première fois qu’il intègre les rangs des Flying Luttenbachers. Puisque j’aime superlativiser plus que de raison je parlerais d’évènement. Un évènement dont les conséquences ne sont pas des moindres, loin de là.
Henry Kaiser est connu pour en foutre de partout. Il joue beaucoup de notes, tout le temps. Sans oublier qu’il développe un son de guitare unique et reconnaissable entre mille. Et on peut dire qu’il s’est fait plaisir sur Imminent Death, ses solos répondant ou se superposant à ceux d’un Matt Nelson et d’un Brandon Seabrook. Les sept compositions de l’album sont donc incroyablement touffues, dégueulant de cavalcades free et d’anomalies soniques teintées de psychédélisme. Un véritable maelstrom – l’une des marques de fabrique des Flying Luttenbachers – y compris sur les titres lents, voire très lents.
Henry Kaiser est connu pour en foutre de partout. Il joue beaucoup de notes, tout le temps. Sans oublier qu’il développe un son de guitare unique et reconnaissable entre mille. Et on peut dire qu’il s’est fait plaisir sur Imminent Death, ses solos répondant ou se superposant à ceux d’un Matt Nelson et d’un Brandon Seabrook. Les sept compositions de l’album sont donc incroyablement touffues, dégueulant de cavalcades free et d’anomalies soniques teintées de psychédélisme. Un véritable maelstrom – l’une des marques de fabrique des Flying Luttenbachers – y compris sur les titres lents, voire très lents.
C’est sur ce point précis qu’Imminent Death est le plus étonnant mais également le plus réjouissant, avec la prolifération de mid tempos et de tempos lents dévoilant un sens de l’empilement frénétique jouant sur autre chose que l’hystérie gratuite et les déflagrations perpétuelles. Celles-ci étant remplacées, si je puis dire, par un groove peu commun chez les Flying Luttenbachers et proche d’un jazz-rock à l’ancienne et très électrique, aux confins d’un funk déviant, c’est-à-dire pas encore vérolé par la rutilance et l’autosatisfaction. J’y vois même l’influence d’un Ronald Shannon Jackson ou d’un James Blood Ulmer et, surtout, celle d’un Tony Williams (et de Lifetime). Mais à la sauce Weasel Walter, agrémentée d’une bonne dose d’explosivité punk et d’insouciance irrévérencieuse – et ce qui chez ce musicien n’est absolument pas incompatible avec l’admiration. Encore une fois Weasel Walter n’aura donc suivi que ses propres désirs, décevant peut-être les fanatiques du grind-jazz et du free-noise, éternellement rejeté par les ayatollahs du kiss-my-jazz mais moi, oui moi, je suis ravi. Pour de vrai.
[Imminent Death est publié en CD et en double vinyle par ugEXPLODE et God records]
* et cette œuvre est réellement colossale, que ce soit au sein de nombreux groupes que de multiples collaborations et associations, comme en témoigne la discographie détaillée de Weasel Walter