Si on n’y regardait pas à deux fois Raspberry Bulbs pourrait passer pour un groupe qui fait exactement ce qu’il faut pour entretenir son côté obscur, branché – pourquoi dire hype ? – et sectateur. Un groupe qui mettrait tout en œuvre pour se faire remarquer mais sans trop avoir l’air d’y toucher non plus, parce qu’on n’est pas chez les hardcoreux sportifs ni les punks intellos donneurs de leçons de vie. Ajoutons qu’une vague aura sulfureuse plane tout autour de Raspberry Bulbs puisque l’un de ses membres (le désormais guitariste/chanteur Marco Del Rio, jadis connu sous le sobriquet de He Who Crushes Teeth – mouhaha !) s’est avant tout fait connaitre en tant que batteur des black métalleux californiens de Bone Awl… on peut retrouver quelques traces de ce passé maléfique dans l’esthétique graphique de Raspberry Bulbs – comme sur la pochette runique de l’album Privacy (2014). Une esthétique reconnaissable entre mille et qui a fait les beaux jours de tous les porteurs de t-shirts obscurantistes avec ce côté brut voire brutal et en même temps extrêmement soigné.
A l’origine projet solo du seul Marco Del Rio, Raspberry Bulbs s’est rapidement étoffé pour devenir un vrai groupe : on remarque par exemple que le guitariste Nick Forté – ex Rorschach – fait dorénavant partie du line-up. Seul le premier album Nature Tries Again sorti en 2011 chez Hospital Production a donc été enregistré en solitaire, à la différence des trois suivants. Depuis Deformed Worship (2013) le style Raspberry Bulbs n’a pas beaucoup évolué mais le plus remarquable est que l’identité du groupe – derrière une musique d’apparence simpliste – est faite de tout un mélange d’autres choses, assez disparates bien que possédant un tronc commun : du punk crados à souhait, du hardcore désossé et du garage rempli de vieilles merdes tamisées à la reverb auxquels s’ajoutent quelles coquetteries bruitistes et autres éléments de pimpo-bimpo.
Quatrième album du groupe, Before The Age Of Mirrors n’échappe pas à la règle. Mais je le trouve encore plus sombre et encore plus sale que ces prédécesseurs (qui parfois laissaient passer quelques rayons de lumière et pouvaient même donner un peu envie de s’ambiancer en agitant le popotin comme des gamins sans cervelle) avec un son que n’auraient pas renié les vrais-faux misanthropes mais faux-vrais crétins de Darkthrone. Encore un point commun avec le black metal mais ce sera définitivement le dernier – faut pas déconner non plus. Enregistrer un album sur un quatre pistes peut en 2020 relever de la posture pure et simple mais avec Raspberry Bulbs le propos n’est pas exactement et intentionnellement décoratif. Ce son là, particulièrement roots et débordant de rudesse, dégueulant toujours plus de crasse malsaine, est réellement au service de compositions plus teigneuses, plus abrasives et plus visqueuses que jamais. Comme une série d’explosions lentes, avec un ralenti malgré tout très esthétisant permettant d’appuyer là où ça fait mal.
On aurait pu avoir peur du laps de temps écoulé entre Privacy – qui reste mon album préféré de Raspberry Bulbs, et de loin – et Before The Age Of Mirrors tout comme on aurait pu avoir peur de la signature du groupe chez Relapse, label qui a depuis quelques années a pour spécialité de prendre les trains en marche avant de leur faire emprunter de mauvais aiguillages, au risque de les faire complètement dérailler. Mais Raspberry Bulbs n’a strictement rien perdu de son sens du punk sournois et vitriolé. Au contraire et à l’image de son artwork, comme inversé de ceux des précédents disques du groupe, avec un peu de rose sur un fond noir, Before The Age Of Mirrors transpire le malaisant et la malfaisance, entre atmosphères tendus et noirâtres et mid-tempos douloureux, frisant le rabâchage. Un entêtement d’abord difficile à supporter tant il peut mettre mal à l’aise mais qui s’impose comme la marque de fabrique plus que jamais dérangeante d’un groupe qui ne fait jamais rien comme les autres alors qu’en définitive il utilise la plupart des mêmes ingrédients que n’importe quelle formation de punk / hardcore (ou presque) : Raspberry Bulbs est aussi malin qu’unique. Alors je crois que je vais vraiment finir par m’acheter un t-shirt du groupe.
On aurait pu avoir peur du laps de temps écoulé entre Privacy – qui reste mon album préféré de Raspberry Bulbs, et de loin – et Before The Age Of Mirrors tout comme on aurait pu avoir peur de la signature du groupe chez Relapse, label qui a depuis quelques années a pour spécialité de prendre les trains en marche avant de leur faire emprunter de mauvais aiguillages, au risque de les faire complètement dérailler. Mais Raspberry Bulbs n’a strictement rien perdu de son sens du punk sournois et vitriolé. Au contraire et à l’image de son artwork, comme inversé de ceux des précédents disques du groupe, avec un peu de rose sur un fond noir, Before The Age Of Mirrors transpire le malaisant et la malfaisance, entre atmosphères tendus et noirâtres et mid-tempos douloureux, frisant le rabâchage. Un entêtement d’abord difficile à supporter tant il peut mettre mal à l’aise mais qui s’impose comme la marque de fabrique plus que jamais dérangeante d’un groupe qui ne fait jamais rien comme les autres alors qu’en définitive il utilise la plupart des mêmes ingrédients que n’importe quelle formation de punk / hardcore (ou presque) : Raspberry Bulbs est aussi malin qu’unique. Alors je crois que je vais vraiment finir par m’acheter un t-shirt du groupe.
[Before The Age Of Mirrors est publié en vinyle, CD, etc. par Relapse]