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lundi 9 mars 2020

Comme à la radio : Live Skull


Les reformations m’ennuient. Et encore, je reste poli. Mis à part quelques rares exceptions tous ces groupes d’un autre temps qui tentent de revenir parce que la roue a tourné et que la musique qu’ils jouaient il y a quelques (dizaine d’) années a enfin regagné les faveurs d’une poignée de hipsters et de gamins qui découvrent le monde trop souvent ne génèrent qu’ennui, embarras et pitié (OK : découvrir le monde, on est tous passés par là).




Le cas de Live Skull est édifiant. Ces new-yorkais contemporains de Sonic Youth et des Swans, défricheurs d’un rock arty, bruyant, mélancolique mais toujours mélodique qui a influencé et influence encore tellement de groupes et de musiciens aujourd’hui sont de parfaits inconnus pour le commun des mortels. Mais Live Skull est aussi un groupe acclamé, vénéré et – disons-le – mythique pour nombre de leurs pairs et quelques acharnés.es.
En rééditant en 2013 et 2014 les premiers enregistrements de Live Skull le label Desire records ne s’y était pas trompé, tentant de remettre à la lumière un groupe fondateur et important (on attend toujours la suite de ces rééditions, celles des albums Dusted et Positraction, avec Thalia Zedek au chant). Autant se précipiter sur tous les disques publiés par Live Skull entre 1984 et 1988 et oublier tout de suite Saturday Night Holocaust, album publié lui en 2019 par Bronson recordings, suite à la reformation du groupe en  2016.






Une reformation qui n’en est pas vraiment une. Sur Saturday Night Holocaust il ne subsiste du groupe que le guitariste/chanteur Mark C., accompagné de Rich Hutchins, le dernier batteur de Live Skull, entre 1987 et 1989. Tom Paine, l’autre chanteur/guitariste et alter-ego de Mark C., est aux abonnés absents et c’est complètement désespérant. Un certain Kent Heine tient désormais la basse. Et puis quelques anciens membres font une ou deux apparitions : l’ex bassiste Marnie Greenholz au chant sur un titre, Thalia Zedek au chant également, sur deux autres. Tandis que Mark C. s’occupe de tout le reste, y compris de ces foutus synthétiseurs qui viennent tout gâcher – rectificatif : ils gâchent le peu qu’il y aurait eu à sauver en faisant preuve d’un peu de générosité ou d’aveuglement.

Placé en tout début de face A le morceau-titre ainsi que Nova Police (avec la toujours merveilleuse Thalia Zedek) arrivent un temps à créer l’illusion et donnent de l’espoir mais rapidement Saturday Night Holocaust s’enlise dans une écriture bâclée et des compositions mal arrangées (toujours ces synthétiseurs !) qui font d’autant plus regretter la présence d’un seul guitariste. Ce disque est pire qu’un mauvais album, c’est un naufrage. Je peux comprendre que Mark C. ait eu envie – et peut-être même besoin – de reformer Live Skull mais en agissant ainsi il ternit irrémédiablement l’image et l’aura de son groupe. Tant qu’à faire il eut mieux valu que Saturday Night Holocaust soit publié sous un autre nom.

Donc, au risque de me répéter, de Live Skull mieux vaut écouter et réécouter encore le premier mini album éponyme (1984), le formidable Bringing Home The Bait (1985), le non moins formidable Cloud One (1986), mais également le trop sous-estimé Dusted de 1987 (face A par ici et face B par là) ainsi que, et même si je l’aime moins, le petit dernier, Positraction (1988).