Rien ne semble pouvoir arrêter FACS… avec Void Moments le trio emmené par Brian Case en est déjà à son troisième album en moins de trois ans : Negative Houses a été publié en mars 2018 alors que l’exceptionnel Lifelike l’a été en mars 2019. Le printemps – même confiné – semble particulièrement propice à un groupe qui s’est rapidement révélé essentiel dans le paysage actuel des musiques à la fois sombres, expérimentales et électriques, même s’il est vrai que Facs compte dans ses rangs des vétérans ayant jadis joué dans 90 Day Men et, plus près de nous, Desappears. Ce qui au départ n’était présenté que comme un side-project ou un groupe « en attendant que » est aujourd’hui la principale (pré)occupation d’un Brian Case toujours accompagné de la bassiste Alianna Kalaba et du batteur Noah Leger et qui avec Void Moments nous délivre encore une fois une pièce de tout premier choix.
Derrière cette pochette représentant une sculpture d’Emily Counts passée par un filtre de couleur vert / bleu turquoise (une photo de l’original avec ses véritables couleurs se trouve sur la pochette intérieure) et intitulée Android Head J se cache un enregistrement tout aussi surprenant et tout aussi passionnant que Lifelike. La progression ou plutôt l’évolution est moins flagrante entre ces deux là qu’entre Negative Houses et son successeur mais avec son troisième album Facs poursuit malgré tout son exploration musicale, sans trébucher ni se perdre en route. Pourtant tout commence d’une façon plus conventionnelle et moins perturbante que d’habitude avec un Boy magistral et très carré, très rythmé, presque agressif, à la mise en place bien agencée – une composition certes frissonnante mais constituant le titre le plus évident, le mieux troussé et le plus policé de toute la discographie du groupe, comme de la grosse new-wave tribale et noisy. A l’écoute de Boy les plus frileux pourront se sentir rassurés, pouvant espérer que Facs daignera enfin de rentrer dans le rang bien ordonné des musiques sagement dérangeantes ; tout comme les snobinards pourront eux crier à la trahison d’un esprit musical auparavant tellement plus aventureux. Evidement les rétifs remoulés comme les experts sectateurs auront tort et Boy, en dehors de ses évidentes qualités, possède surtout le grand mérite de brouiller les pistes…
…Parce que la suite de Void Moments – littéralement « moments de vide », ce qui me manquera pas de faire rire les quelques détracteurs de Facs trop facilement clients de petites blagues – est un long labyrinthe sonore d’où jaillissent littéralement motifs de basse et de guitare aux sonorités complètement décalées, entre gémissements de particules métalliques passées au vapo-cuiseur et grondements digitalisés, chant faussement désincarné, parties sculptées de batterie et manipulations sonores. La production joue une nouvelle fois un rôle primordial, soulignant ce qui d’ordinaire ne l’est pas, mettant en retrait ce qui aurait pu rassurer, rajoutant des éléments extérieurs qui cependant s’intègrent parfaitement à l’ensemble, éliminant les facilités dont on use généralement pour caresser son auditoire dans le sens du poil. J’aime tout particulièrement Version dont la batterie sur la première moitié du titre semble tout droit inspirée des schémas rythmiques et électroniques d’un Scorn, dévoilant ce même sentiment claustrophobe percuté de trous noirs oppressants.
Le plus remarquable à l’écoute de Void Moments c’est le flottement général qui s’en dégage, ce qui ne veut pas dire que le disque soit relâché et fuyant, paresseux. Au contraire, je le trouve d’une rare densité mais… sournois, déloyal en tous les cas. Non pas dans ce qu’il nous dit et nous fait ressentir mais dans la façon dont il s’y prend : Void Moments possède énormément de séduction – Boy, déjà mentionné, mais également le tournoyant Void Walker et son vortex rythmique – et des passages comme en suspension mais pas moins vénéneux. La batterie s’y taille la part du lion (Lifelike) et place définitivement Noah Leger au sein d’un dispositif singulier où les compositions de Facs ressemblent de plus en plus à des sculptures sonores surgies d’un au-delà pourtant pas si éloigné. Définitivement, ces « moments de vide » sont ceux qui adviennent, lorsque le disque s’arrête de tourner et que l’écho de la musique du groupe se tait, nous laissant seuls et orphelins. Alors vivement l’année 2021 et le quatrième album du groupe.
Le plus remarquable à l’écoute de Void Moments c’est le flottement général qui s’en dégage, ce qui ne veut pas dire que le disque soit relâché et fuyant, paresseux. Au contraire, je le trouve d’une rare densité mais… sournois, déloyal en tous les cas. Non pas dans ce qu’il nous dit et nous fait ressentir mais dans la façon dont il s’y prend : Void Moments possède énormément de séduction – Boy, déjà mentionné, mais également le tournoyant Void Walker et son vortex rythmique – et des passages comme en suspension mais pas moins vénéneux. La batterie s’y taille la part du lion (Lifelike) et place définitivement Noah Leger au sein d’un dispositif singulier où les compositions de Facs ressemblent de plus en plus à des sculptures sonores surgies d’un au-delà pourtant pas si éloigné. Définitivement, ces « moments de vide » sont ceux qui adviennent, lorsque le disque s’arrête de tourner et que l’écho de la musique du groupe se tait, nous laissant seuls et orphelins. Alors vivement l’année 2021 et le quatrième album du groupe.
[Void Moments est publié en vinyle et en CD par Trouble In Mind records, il existe une version couleur du vinyle qualifiée de « pink void »… par contre je ne sais vraiment pas ce que cela peut bien signifier]