Et bien je ne m’y attendais pas, ou disons plutôt que je n’étais pas du tout au courant mais la première fois que Way Station, quatrième* album de Pop. 1280, a atterri entre mes oreilles, je n’ai pas vraiment reconnu la musique du groupe. Paradise, le précédent album de Pop. 1280 en 2016, aurait pu, aurait du me mettre la puce à l’oreille mais je n’y avais guère prêté attention, voyant alors dans l’allégement des guitares et la montée en puissance des sons synthétiques comme la marque certaine d’un assagissement, ce que les connaisseurs appellent la maturité et ce qui me donne toujours envie de mourir de rire car il n’y a rien de plus désolant et de plus ennuyeux que la maturité en matière de musiques électriques. Nombreux sont les groupes qui devraient se contenter d’un ou deux albums – allez, je veux bien monter jusqu’à trois – ou alors se contenter de réenregistrer toujours la même musique, encore et encore, l’intérêt se trouvant in fine ailleurs, dans la nature même de cette musique, dans ce qu’elle a d’unique. Mais comme le pouvoir du nombrilisme est plus fort que celui de l’inventivité, et comme surtout faire de la musique est quelque chose de vital (tout comme le fait d’en écouter) on finit par changer, et c’est bien normal. On change mais pas pour le meilleur.
Il n’y a désormais plus de batteur chez Pop. 1280. Déjà c’est un nouveau venu qui jouait sur Paradise, en remplacement de Zachary Ziemann qui avait pourtant trouvé là un autre très bon groupe après la séparation des géniaux Twin Stumps. Ziemann était – est toujours ? – un sacré batteur, puissant et survolté, alors que son successeur Andy Chugg a eu beaucoup de mal à se faire une vraie place au sein de la réorganisation musicale de Pop. 1280, cantonné à un simple rôle métronomique et bridé par une production générale tendant à le faire sonner comme une machine sans vie. Chugg n’est pas resté longtemps dans le groupe mais il n’est pas le seul à en être parti, puisque la claviériste Allegra Sauvage, pourtant là depuis les débuts, a également quitté le navire. Désormais Pop. 1280 tourne essentiellement autour du chanteur Chris Bug et du moins en moins guitariste et plus en plus machiniste Ivan Drip. Lesquels ont été rejoints par un nouveau venu, aux synthétiseurs : Matthew Hord**.
On comprendra donc aisément pourquoi il est parfois difficile de reconnaitre le Pop. 1280 de Way Station dans celui qui a dix ans avait fait sensation avec Step Into The Grid puis tant d’autres tubes post punk en mode noisy. Mais il est encore plus difficile d’admettre ce qu’est devenu Pop. 1280 : un groupe de new wave à tendance indus, très dark et très maniéré, enfilant les poncifs ténébreux et les atmosphères mortuaires surannées. Certains sons de synthétiseurs sont tout simplement insupportables – comme celui qui arrive en contrepoint sur Empathetics – et souvent la programmation de la boite-à-rythmes lorgne tellement du côté d’un EBM éculé que cela me donne envie d’éclater de rire (encore !). De son côté le chant de Chris Bugg a définitivement abandonné l’arrogance un peu froide des débuts pour en faire toujours plus dans le côté torturé et tripes cryogénées dans l’azote liquide. Seulement voilà, Chris Bug est un bon performer en concert mais ce n’est pas un super bon chanteur, il n’a donc aucun intérêt à se comporter comme une diva new-wave en pleine crise de souffrance intérieure et lorsqu’il en fait décidemment beaucoup trop son chant me fait penser à celui d’un Bashung époque Play Blessures, tout ou presque dans l’exagération de façade. Tout ceci sonne tellement et incroyablement daté…
Il y a cependant quelques titres sur Way Station qui sauvent la mise de Pop. 1280 mais ils sont beaucoup trop rares. Le lent et reptilien Leading The Spider On et sa guitare swamp et plutôt mise en avant (tiens tiens) en est un. Mais globalement Way Station et son envahissante intériorité de carton-pâte est d’un ennui très convenu (bien que toujours très en vogue chez les corbeaux), faisant regretter les débuts du groupe et en particulier son (petit) chef d’œuvre de 2013, The Imp Of Perversion. Je préfère quitter la ville sans me retourner.
Il y a cependant quelques titres sur Way Station qui sauvent la mise de Pop. 1280 mais ils sont beaucoup trop rares. Le lent et reptilien Leading The Spider On et sa guitare swamp et plutôt mise en avant (tiens tiens) en est un. Mais globalement Way Station et son envahissante intériorité de carton-pâte est d’un ennui très convenu (bien que toujours très en vogue chez les corbeaux), faisant regretter les débuts du groupe et en particulier son (petit) chef d’œuvre de 2013, The Imp Of Perversion. Je préfère quitter la ville sans me retourner.
[Way Station est publié en vinyle et un CD par Weyrd Son records]
* cinq si on compte le premier mini album The Grid datant de 2010, déjà
** bassiste et chanteur au sein de Brandy