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mercredi 20 mai 2020

Human Impact / self titled


J’y suis vraiment allé à reculons, totalement refroidi par une pochette de disque absolument pas sexy, un nom de groupe – HUMAN IMPACT – qui aurait très bien pu sortir de l’imagination d’un prog-métalleux amateur de science-fiction, un label – Ipecac recordings – qui d’ordinaire racole plus qu’il ne caracole et le fait que le groupe présente un line-up composé de stars de l’underground new-yorkais (et fières de l’être).  
Human Impact est donc la réunion de Phil Puleo à la batterie (Cop Shoot Cop, bien sûr, et les Swans depuis plus de vingt années maintenant), son camarade Jim Filer Coleman à la bidouille électronique (ex Cop Shoot Cop également), Chris Pravdica à la basse (dans les Swans depuis la reformation de 2010 mais aussi, parait-il, dans Xiu Xiu) et enfin, et pas des moindres, Chris Spencer à la guitare et au chant (Unsane, évidemment).
J’avoue que c’est la présence de ce dernier qui m’a le plus posé question. J’ai adoré Unsane dès la première seconde où j’ai découvert et écouté la musique du groupe et j’ai continué à l’adorer même lorsque la bande à Spencer a sérieusement commencé dans les années 2010 à tourner en rond puis a enchainé les pseudo-reformations et les tournées d’adieux. Au milieu de tous les trous laissés vacants par Unsane Chris Spencer a monté d’autres projets et c’est précisément là que le bas blesse : Cutthroats 9, UXO ou le calamiteux Celan ont tous un point commun, celui de démontrer qu’en dehors de son groupe principal le guitariste/chanteur ne sait jouer qu’une seule musique c’est-à-dire du sous Unsane, et de toute évidence en beaucoup moins bien que l’original. Mais maintenant qu’Unsane semble bel et bien mort et enterré, peut-être que les choses vont enfin changer.




Human Impact n’est pas un mauvais groupe et son premier album n’est pas un mauvais disque. La bonne surprise étant que – et c’est une première en ce qui me concerne – écouter la musique du groupe ne revient pas à perpétuellement se dire que c’est bien du Spencer pur jus que l’on est en train d’écouter, enfin pas que. La faute à la présence très affirmée d’un Jim Coleman la plupart du temps très inventif – et coproducteur du disque – qui en fout de partout, s’étale de tout son long dès qu’il le peut et survole les dix compositions de l’album en leur infligeant sa patte à lui, celle d’une bidouille accentuée entre martyr électro, perturbations indus et assaisonnements bruitistes. Du point de vue de l’allégeance (ou non) à l’héritage Unsane Human Impact marque donc quelques points en se démarquant de l’original et en se révélant autre qu’un énième side project plus ou moins insipide de Spencer.
Ne pouvant ni être taxé de groupe de noise-rock ni groupe de musique industrielle, Human Impact est un croisement tout ce qu’il y a de plus compatible entre les deux et j’avoue que ce que je préfère ce sont certaines interventions acidifiées de Coleman, lorsqu’il souligne une mélodie ou un riff d’une ritournelle synthétique qui soudain fait tout décoller. Il n’en demeure pas moins, et c’est tout à fait normal au vu des pedigrees de l’ensemble des musiciens en présence, que Human Impact joue une musique très datée, qui certes fait chaud au cœur des amateurs de musique vaguement bruyante nés avant 1980, mais qui a vraiment du mal à convaincre totalement malgré la quantité évidente d’efforts fournis par tout le monde – et il est vrai que question efforts Spencer n’est pas en reste lorsqu’il se décide à varier ses sons de guitares, ce qui arrive souvent.
En toute honnêteté
il se passe pas mal de choses sur ce disque très urbain – oui, OK, c’est un disque new-yorkais – mais l’ensemble reste malgré tout propret et convenu, suintant mais pas trop, jamais suffisamment sale, sans grande surprise ni véritable frisson incontrôlable. Seule la paire Phil Puleo / Chris Pravdica fait réellement des merveilles, le jeu et le son de basse de ce dernier flirtant souvent avec l’excellence et mettant en avant de façon convaincante le côté Cop Shoot Cop de Human Impact. Mais une section rythmique aussi douée soit-elle ne fait pas un bon groupe à elle toute seule – quoi que… – et Human Impact est un chouette petit album de vétérans qui pourra plaire aux vieux comme aux gamins déjà complètement perdus dans la vi(ll)e. 


[ce premier album sans titre est publié en CD et en vinyle par Ipecac Recordings]