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vendredi 15 mai 2020

Comme à la radio : Biosphere vs Deathprod


En 1998 le label Rune Gramofon publiait Nordheim Transformed, un album de remix ou plutôt de réinterprétations / transformations de compositions du norvégien Arne Nordheim par Geir Jenssen aka Biosphere et Helge Sten aka Deathprod (également membre de Supersilent). Vingt deux années plus tard Nordheim Transformed reste un fleuron rarement égalé de la musique électronique ambient et expérimentale. C’est précisément ce disque qui il y a donc très longtemps m’avait amené à m’intéresser un peu plus au cas de Biosphere, découvrant bien après-coup que Geir Jenssen était en fait l’un des membres fondateurs de Bel Canto, groupe tendance heavenly de la fin des 80’s/début des 90’s et fortement influencé par les Cocteau Twins.

En 2015 Biosphere et Deathprod ont à nouveau partagé un même disque, cette fois publié par Touch records mais entretemps tellement de choses se sont passées en matière de musiques électroniques que Stator est nettement moins marquant que Nordheim Transformed, moins poétique finalement, et m’a même parfois laissé sur ma faim avec ses quelques facilités électroniques (comme sur le très épuré Baud, pourtant signé Geir Jenssen).






BIOSPHERE a jusqu’ici mené une carrière pas loin d’être remarquable et riche d’une bonne quinzaine d’albums, sans compter toutes les collaborations, et Geir Jenssen s’est imposé comme l’un des maitres d’une musique ambient doucement glacée et lumineuse. En 1998 il a créé son propre label Biophon qui est surtout actif depuis le milieu des années 2000 et qui se consacre à la réédition de tous les enregistrements de Biosphere et à l’exhumation de nombreux inédits et raretés – par exemple la compilation 1991 - 2004 édité en 2012 qui retrace les débuts plus technoïdes de Biosphere puis sa progression stylistique vers l’ambient et l’atmosphérique.





Publié en juin 2019 The Senja Recordings est à ce jour le dernier disque de Biosphere édité par Biophon. Il regroupe des field recordings ayant parfois été l’objet d’une postproduction ainsi que des enregistrements studios plus ou moins improvisés (nous dit-on) effectués entre 2015 et 2018. Les prises de son extérieures ont été captées sur l’ile de Senja, aux confins de la Norvège arctique et The Senja Recordings est un album très calme, reposant, parfois beaucoup trop ténu voire facile et n’échappant pas toujours à la froideur d’un minimalisme trop aride (Berg). The Senja Recordings n’est donc pas le meilleur disque de Biosphere mais il reste un album intéressant, comme presque toujours avec Geir Jenssen.





Helge Sten / DEATHPROD a lui publié Occulting Disk en octobre 2019 chez Smalltown Supersound et le moins que l’on puisse dire c’est que ce disque représente quasiment l’antithèse de The Senja Recordings :





Comme d’habitude enregistré au Audio Virus Lab (tout un programme !) Occulting Disk joue la carte de la densité, même sur ses parties les plus atmosphériques. A l’image du brutal Disappearance / Reappearance le disque procède par nappes sonores glissantes et Death Prod articule implacablement la lente chute de plaques mouvantes qui en se désintégrant génèrent fracas angoissants et sombres résonnances. Je sais bien qu’une telle analogie peut sembler un peu facile mais Occulting Disk me fait penser à la destruction des étendues glaciaires du pôle arctique et à la fonte des icebergs géants qui s’en détachent de plus en plus souvent pour disparaitre de plus en plus rapidement en dérivant vers le sud.

ps : il y a juste un détail... à l’intérieur du digipak d’Occulting Disk est imprimé un texte – auquel je n’ai rien compris – signé par un certain Will Oldham : est ce que l’on parle bien du même Will Oldham, celui de Palace Brothers et de Bonnie Prince Billy ?