C’est en fouillant du côté d’Atomic Trip que j’ai recommencé à m’intéresser au
cas désespéré de Cult Of Occult. Et
cela faisait bien longtemps que je n’avais pas jeté une oreille sur la musique
de ce groupe de doom jusqu’au-boutiste, acharné et névrotique – plus lent, plus
lourd et plus malsain que lui tu meures. Pour être complètement honnête j’avais
même lâché l’affaire après Hic Est Domus
Diaboli (mes vagues souvenirs latinistes me poussent à traduire ce titre
par un « ici est la maison du diable »), deuxième album délaissant
les grésillements anxiogènes tellement réussis du premier pour se vautrer dans
le confort plus rassurant et la malveillance musicale d’un doom plus classique.
En 2015 Cult Of Occult a publié
Five Degrees Of Insanity, un
troisième album que je n’ai jamais écouté, surement à cause de cette
illustration de pochette évoquant aussi bien King Crimson que David Cronenberg,
puis le groupe a publié un split avec Grim Van Doom en 2017. Mais pour moi cela
a été le trou noir intégral, complètement bloqué dans une faille
spatio-temporelle uniquement traversée par deux ou trois souvenirs de concerts éprouvants et joués vraiment très
(très) forts.
Quelques changements de line-up plus
tard et auxquels je ne comprends rien et ne veux rien comprendre, les doomeux
n’étant que des barbares consanguins et des vilains barbus, CULT OF OCCULT est pourtant toujours là, à m’attendre
bien tapi dans l’ombre, prêt à me déchiqueter vivant pour me punir d’avoir trop
facilement abandonné le groupe sans m’en soucier davantage. Le quatrième album de
Cult Of Occult s’intitule Anti Life et a été publié par le label
(et mailorder) parisien MusicFearSatan qui confirme ainsi le caractère schizophrène d’un
catalogue extrêmement bien fourni (de Monarch à Jessica93 en passant par le
Réveil des Tropiques et Revok). Anti Life est un double album et contrairement à tous ses
prédécesseurs il est enfin doté d’un artwork du meilleur effet et surtout à la
hauteur de sa musique, une belle illustration sombre et morbide signée Abomination Imagery
qui donne une idée plutôt exacte du contenu du disque : une longue et
inexorable descente dans les abysses de la noirceur et de la lourdeur.
Il convient de préciser maintenant que
bien que comportant quatre plages, Anti
Life peut en fait être considéré comme une seule et
unique composition de plus de cinquante minutes mais qu’il est malgré tout possible
d’écouter par tranches distinctes et successives puisque in fine le découpage du disque se révèle pertinent pour ne pas dire
intelligent*. Le titre de chaque plage est composé de deux lettres du même rang
– pour être un peu plus clair : le titre de la première partie est composé
de la première lettre du mot « Anti » et de la première lettre du mot
« Life » soit AL, et ainsi
de suite pour les deuxième (NI),
troisième (TF) et quatrième parties (IE). Et lorsqu’on liste ces différentes
parties dans l’ordre on peut donc lire verticalement le titre du disque en
entier, Anti Life. J’avoue que cette
trouvaille sûrement déjà utilisée auparavant par d’autres m’a plutôt séduit… en
tous les cas plus que les paroles d’Anti
Life calligraphiées à l’intérieur de la pochette gatefold du disque et dont je ne partage pas beaucoup les
obsessions, ce qui m’a alors remis en mémoire pourquoi ces trois dernières
années j’avais un peu mis de côté Cult
Of Occult et pourquoi surtout je suis loin d’être un vrai
métallurgiste : la plupart du temps la violence musicale m’ennuie lorsqu’elle
me semble gratuite** et qu’elle favorise pilosité intempestive, affirmation d’une
supériorité fantasmé et comportements pseudo-destructeurs.
Mais il n’en demeure pas moins que la musique processionnaire et rituelle d’Anti Life est fascinante. Cult Of Occult y fait preuve d’un sadisme dangereux auquel il est difficile de résister, le groupe ne gagnant toujours pas le premier prix du grand concours d’originalité mais remportant haut la main celui de l’efficacité pachydermique et de la rigueur monolithique : Cult Of Occult continue dans la logique de tout groupe s’inscrivant dans le créneau de l’extrême (ici il s’agit de l’extrêmement lourd et de l’extrêmement lent) donc il va toujours plus loin. Autant un groupe qui joue toujours plus technique et toujours plus vite devient facilement rébarbatif, autant un groupe qui alourdit, épaissit et ralentit toujours plus sa musique peut s’en sortir en mettant de son côté magnétisme ésotérique et dépendance à la torture. Et cela me rappelle encore une nouvelle fois qu’en matière de métallurgie (aigue) c’est souvent l’apparat circassien qui prime, que tout ceci n’est qu’un jeu voire peut-être même un théâtre de dupes à l’usage des adolescents en âge de se faire peur et mal à moindres frais ainsi qu'à celui des adolescents éternellement attardés. Indubitablement je fais donc toujours partie de cette dernière catégorie d’être humains, peu scrupuleux avec leur humanité en sursis.
Mais il n’en demeure pas moins que la musique processionnaire et rituelle d’Anti Life est fascinante. Cult Of Occult y fait preuve d’un sadisme dangereux auquel il est difficile de résister, le groupe ne gagnant toujours pas le premier prix du grand concours d’originalité mais remportant haut la main celui de l’efficacité pachydermique et de la rigueur monolithique : Cult Of Occult continue dans la logique de tout groupe s’inscrivant dans le créneau de l’extrême (ici il s’agit de l’extrêmement lourd et de l’extrêmement lent) donc il va toujours plus loin. Autant un groupe qui joue toujours plus technique et toujours plus vite devient facilement rébarbatif, autant un groupe qui alourdit, épaissit et ralentit toujours plus sa musique peut s’en sortir en mettant de son côté magnétisme ésotérique et dépendance à la torture. Et cela me rappelle encore une nouvelle fois qu’en matière de métallurgie (aigue) c’est souvent l’apparat circassien qui prime, que tout ceci n’est qu’un jeu voire peut-être même un théâtre de dupes à l’usage des adolescents en âge de se faire peur et mal à moindres frais ainsi qu'à celui des adolescents éternellement attardés. Indubitablement je fais donc toujours partie de cette dernière catégorie d’être humains, peu scrupuleux avec leur humanité en sursis.
* les masochistes eux préféreront
peut-être écouter Anti Life d’une seule traite
** oui je sais très bien que j'ai déjà écrit cela et que donc je radote
** oui je sais très bien que j'ai déjà écrit cela et que donc je radote