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mardi 6 novembre 2018

Cult Of Occult / Anti Life


C’est en fouillant du côté d’Atomic Trip que j’ai recommencé à m’intéresser au cas désespéré de Cult Of Occult. Et cela faisait bien longtemps que je n’avais pas jeté une oreille sur la musique de ce groupe de doom jusqu’au-boutiste, acharné et névrotique – plus lent, plus lourd et plus malsain que lui tu meures. Pour être complètement honnête j’avais même lâché l’affaire après Hic Est Domus Diaboli (mes vagues souvenirs latinistes me poussent à traduire ce titre par un « ici est la maison du diable »), deuxième album délaissant les grésillements anxiogènes tellement réussis du premier pour se vautrer dans le confort plus rassurant et la malveillance musicale d’un doom plus classique. En 2015 Cult Of Occult a publié Five Degrees Of Insanity, un troisième album que je n’ai jamais écouté, surement à cause de cette illustration de pochette évoquant aussi bien King Crimson que David Cronenberg, puis le groupe a publié un split avec Grim Van Doom en 2017. Mais pour moi cela a été le trou noir intégral, complètement bloqué dans une faille spatio-temporelle uniquement traversée par deux ou trois souvenirs de concerts éprouvants et joués vraiment très (très) forts.
Quelques changements de line-up plus tard et auxquels je ne comprends rien et ne veux rien comprendre, les doomeux n’étant que des barbares consanguins et des vilains barbus, CULT OF OCCULT est pourtant toujours là, à m’attendre bien tapi dans l’ombre, prêt à me déchiqueter vivant pour me punir d’avoir trop facilement abandonné le groupe sans m’en soucier davantage. Le quatrième album de Cult Of Occult s’intitule Anti Life et a été publié par le label (et mailorder) parisien MusicFearSatan qui confirme ainsi le caractère schizophrène d’un catalogue extrêmement bien fourni (de Monarch à Jessica93 en passant par le Réveil des Tropiques et Revok). Anti Life est un double album et contrairement à tous ses prédécesseurs il est enfin doté d’un artwork du meilleur effet et surtout à la hauteur de sa musique, une belle illustration sombre et morbide signée Abomination Imagery qui donne une idée plutôt exacte du contenu du disque : une longue et inexorable descente dans les abysses de la noirceur et de la lourdeur.






Il convient de préciser maintenant que bien que comportant quatre plages, Anti Life peut en fait être considéré comme une seule et unique composition de plus de cinquante minutes mais qu’il est malgré tout possible d’écouter par tranches distinctes et successives puisque in fine le découpage du disque se révèle pertinent pour ne pas dire intelligent*. Le titre de chaque plage est composé de deux lettres du même rang – pour être un peu plus clair : le titre de la première partie est composé de la première lettre du mot « Anti » et de la première lettre du mot « Life » soit AL, et ainsi de suite pour les deuxième (NI), troisième (TF) et quatrième parties (IE). Et lorsqu’on liste ces différentes parties dans l’ordre on peut donc lire verticalement le titre du disque en entier, Anti Life. J’avoue que cette trouvaille sûrement déjà utilisée auparavant par d’autres m’a plutôt séduit… en tous les cas plus que les paroles d’Anti Life calligraphiées à l’intérieur de la pochette gatefold  du disque et dont je ne partage pas beaucoup les obsessions, ce qui m’a alors remis en mémoire pourquoi ces trois dernières années j’avais un peu mis de côté Cult Of Occult et pourquoi surtout je suis loin d’être un vrai métallurgiste : la plupart du temps la violence musicale m’ennuie lorsqu’elle me semble gratuite** et qu’elle favorise pilosité intempestive, affirmation d’une supériorité fantasmé et comportements pseudo-destructeurs.
Mais il n’en demeure pas moins que la musique processionnaire et rituelle d’Anti Life est fascinante. Cult Of Occult y fait preuve d’un sadisme dangereux auquel il est difficile de résister, le groupe ne gagnant toujours pas le premier prix du grand concours d’originalité mais remportant haut la main celui de l’efficacité pachydermique et de la rigueur monolithique : Cult Of Occult continue dans la logique de tout groupe s’inscrivant dans le créneau de l’extrême (ici il s’agit de l’extrêmement lourd et de l’extrêmement lent) donc il va toujours plus loin. Autant un groupe qui joue toujours plus technique et toujours plus vite devient facilement rébarbatif, autant un groupe qui alourdit, épaissit et ralentit toujours plus sa musique peut s’en sortir en mettant de son côté magnétisme ésotérique et dépendance à la torture. Et cela me rappelle encore une nouvelle fois qu’en matière de métallurgie (aigue) c’est souvent l’apparat circassien qui prime, que tout ceci n’est qu’un jeu voire peut-être même un théâtre de dupes à l’usage des adolescents en âge de se faire peur et mal à moindres frais ainsi qu'à celui des adolescents éternellement attardés. Indubitablement je fais donc toujours partie de cette dernière catégorie d’être humains, peu scrupuleux avec leur humanité en sursis.

* les masochistes eux préféreront peut-être écouter Anti Life d’une seule traite
** oui je sais très bien que j'ai déjà écrit cela et que donc je radote