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mardi 25 septembre 2018

Atomic Trip / Strike #1


Encore une chronique qui s’adresse aux gros lourdauds assoiffés et autres fanatiques de messes noires houblonnées. ATOMIC TRIP ne fait pas dans la dentelle, ou bien alors dans la dentelle volcanique ou autres concrétions minérales à base de chaos sismique et de coulées de lave incandescentes. Le trio (lyonnais) a toutefois cru bon de rajouter l’appellation doom après son nom pour s’identifier sur les réseaux sociaux tout comme il a daigné indiquer tout au bas du verso de la pochette de son tout premier disque ce qui constitue à la fois un résumé de sa musique, son leitmotiv et sa raison d’être – Doom Booze Fuzz Weed  mais ce n’était vraiment pas la peine : il était déjà évident au départ qu’Atomic Trip n’est pas porteur d’équivoque ni de tolérance à l’égard des écervelés amateurs de speederies et de jogging musical. 





Fondé par deux membres des infâmes mais toujours en activité Cult Of Occult (le chanteur et le bassiste qui s’occupent ici des guitares) ainsi que par un batteur dont la longueur du curriculum vitae n’a d’égal que le nombre de tatouages qu’il porte sur la peau, Atomic Trip joue du doom très (très) lent, très (vraiment très) épais, très (extrêmement) lourd et très (excessivement) gras. Mais surtout la musique du groupe est complètement instrumentale et chargée d’une dose de psychédélisme sournois et oppressant. Je ne parle donc pas du psychédélisme qui dans la deuxième moitié des années 60 incitait des jeunes gens chevelus à prendre un aller simple pour l’extase chimique via l’ascenseur du treizième étage ou à chanter attachés par les pieds et en tournant autour d’un micro la tête en bas... mais de ce psychédélisme sombre et abyssal, envoutant et ensorceleur, vénéneux et radical qui vous liquéfie le cerveau et vous expédie recta au cœur de la tourmente électrique d’un trou noir aux résonnances infiniment malsaines.
Atomic Trip n’a pas beaucoup plus à dire que ce qu’il a déjà mis dans sa musique. Ce premier enregistrement s’intitule donc Strike #1, ne comporte que deux titres (Bomb #1 et Bomb #2), une simplification qui nous évite tout discours inutile et c’est tant mieux. J’avoue que je pensais m’ennuyer fermement au bout d’un moment – quelle idée aussi de jouer du doom instrumental, hein… – mais Strike #1 procure l’effet exactement inverse, celui d’une attente et d’une addiction permanentes : Atomic Trip possède ce sens de la répétitivité écrasante qui confine à l’aliénation et le résultat est imparable ; chaque titre (et donc chaque face du disque) dure environ dix-neuf minutes avec ce timing nécessaire et efficace qui consiste à changer de riff ou de rythme pile au bon moment, transformant l’écoute du disque en consentement d’un inévitable épuisement. Rien qu’en écoutant Bomb #2 (pour moi c’est le meilleur de ces deux titres, le plus maléfique et le plus envoutant) confortablement et pépèrement avachi dans mon canapé j’en ai les vertèbres cervicales qui craquent et la tête complètement retournée à force de headbanging imaginaire. Et ce disque s’écoute très (très très) fort, évidemment.

[à l’heure où vous lirez ces lignes sachez qu’Atomic Trip est déjà retourné en studio afin de donner une digne suite à Strike #1, lequel est publié en vinyle vert radioactif ou en vinyle noir minéral par Doom & Doomer records, Rooster records, The Eye Of Moscow records, Violence In The Veins et Wooaaargh – l’artwork est signé Jean-Luc Navette et comme d’habitude avec lui le résultat est absolument superbe ; à noter qu’auparavant le label Tartarus records avait produit une édition cassette de Strike #1 avec un visuel complètement différent]