Le voilà donc, le nouvel et deuxième
album de IDLES,
quintet britannique propulsé grosse sensation de la fin de l’année 2017 et du
début de l’année 2018 grâce à un Brutalism
expéditif et efficace. Un disque certes largement au dessus du lot des
saloperies vinyliques punk / post-punk / garage / noise-punk / whatever qui
pullulent à l’usage des trentenaires qui ont trop peur de devenir quarantenaires
mais mon cynisme blasé de vieux con m’avait alors poussé, malgré ses qualités
indéniables, à émettre quelques réserves au sujet de Brutalism, un disque pas si violent et pas aussi sale qu’il en a
l’air. Tout est question de dosage me direz-vous et les Idles ont, comme tant d’autres avant eux, succombé aux facilités
d’un enregistrement trop policé et aux sirènes d’un mixage mettant trop en
avant le chant bavouilloux de Joe Talbot, trublion déglingué à la tête d’un
groupe moche mais pas méchant pour deux sous.
Ma théorie est simple : lorsque on
joue une musique telle que celle de Idles,
mieux vaut avoir un chanteur qui chante comme une grosse patate pourrie – ce
qui est fort heureusement le cas de Talbot – mais il est nécessaire de ne pas
trop mettre ce chant en avant dans le mix, au risque d’en atténuer la portée en
en montrant trop les limites. Talbot n’est pas un bon chanteur mais c’est un très
honorable chanteur de punk (et affiliés) et une tête de gondole bien perchée. Or
Talbot écrit aussi des textes très personnels et souvent très forts, et pour
les faire entendre sa voix est mise en avant. Voilà, pour l’instant, la limite
d’un groupe tel que Idles : il
ne peut pas choisir entre sa ferveur musicale et son côté littéraire. Ceux qui
ont réussi ce tour de force se comptent finalement sur les doigts d’une main et
s’appelaient, par exemple, Birthday Party ou Fugazi. A l’heure actuelle, seul
Protomartyr me semble être réellement à la hauteur d’un tel défi bien que le
groupe de Detroit s’éloigne toujours plus de son post punk d’origine.
Joy
As An Act Of Resistance possède les mêmes qualités et les
mêmes défauts que Brutalism. La
pochette du premier album montrait un portrait de la mère de Joe Talbot morte
après une longue et sale maladie et les textes dévoilaient ce côté personnel
entre gouaille et sensibilité, pisse dans le caniveau et pleurs au fond d’une
pinte de bière. Idles n’est pas un
groupe anglais pour rien. Sur Joy As An
Act Of Resistance l’intime est plus présent que jamais, notamment avec June, émouvante chanson dans laquelle
Talbot parle de sa fille morte à la naissance ou cette autre où il revendique
pour les garçons le droit de pleurer comme tout le monde (Cry To Me, au sujet de laquelle les notes de pochettes font par ailleurs
référence à Salomon Burke). Jusque là tout va bien ou presque, si on excepte
les cadavres et les gueules de bois.
Mais Joy As An Act Of Resistance est, encore une fois, trop produit et doté d’un mix inadéquat ou plutôt érigeant Talbot en poète des rues et contestataire d’une société jugée trop normative et inégalitaire. Ce qu’il est assurément mais là n’est pas le problème. Le problème c’est que Joy As An Act Of Resistance aurait mérité un son plus granuleux et plus aiguisé au lieu de ce glacis surgonflé aux entournures et, finalement, assez indigne et lassant sur la longueur de tout un album. Il ne sert à rien de mettre autant de moyens au service de compositions plutôt basiques, punks dans l’esprit, dotées de guitares dont le but premier est de foutre le bordel (et non pas de séduire), d’un chant rustre et braillard et d’un couple rythmique qui cavale à la diable – par exemple c’est quoi ce son de caisse claire sur Never Fight A Man With A Perm ?
Mais Joy As An Act Of Resistance est, encore une fois, trop produit et doté d’un mix inadéquat ou plutôt érigeant Talbot en poète des rues et contestataire d’une société jugée trop normative et inégalitaire. Ce qu’il est assurément mais là n’est pas le problème. Le problème c’est que Joy As An Act Of Resistance aurait mérité un son plus granuleux et plus aiguisé au lieu de ce glacis surgonflé aux entournures et, finalement, assez indigne et lassant sur la longueur de tout un album. Il ne sert à rien de mettre autant de moyens au service de compositions plutôt basiques, punks dans l’esprit, dotées de guitares dont le but premier est de foutre le bordel (et non pas de séduire), d’un chant rustre et braillard et d’un couple rythmique qui cavale à la diable – par exemple c’est quoi ce son de caisse claire sur Never Fight A Man With A Perm ?
Ceci étant dit, Joy As An Act Of Resistance est un album recommandable pour l’apéro.
Le niveau des compositions a cependant baissé d’un cran par rapport à Brutalism alors que les choses commencent
plutôt bien avec Colossus, premier
titre de l’album et l’un des premiers extraits lancés en éclaireur sur les
plateformes numériques. Globalement il n’y a rien de réellement nouveau sous le
ciel de Idles, si ce n’est que le
groupe a accentué son petit côté racoleur au moment des refrains (Samaritans) ainsi que son côté chansons
à boire et chœurs de supporters de foot (son côté anglais, donc) comme sur I’m Scum, Danny Nedelko, Televison ou
Great qui sentent bon les relents de
pub. Peut-être que les cinq Idles
auraient du attendre un peu plus de temps avant de sortir ce deuxième album qui
ne confirme pas assez et fait du surplace mais le groupe semble pressé, jouant
dans des festivals d’importance cet été et s’apprêtant cet automne à effectuer
une tournée européenne dans des salles de concerts confortables. Puisse t-il
nous épargner le coup foireux de l’album de la maturité pour son troisième LP.