Emanation du célèbre label berlinois
Staalplaat, Le Petit Mignon propose des objets-disques soignés,
dotés de pochettes imprimées amoureusement (il y a même des sérigraphies) avec
des artworks et des inserts souvent magnifiques. Quant à la musique, le
catalogue du Petit Mignon parle de lui-même : MoHa !, Staer, Evil
Moisture, Antoine Chessex, Arnaud Rivière, Monno… la dernière production en
date de cette honorable maison étant un split 7’ entre Spettro Family et Klaus Legal,
le tout agrémenté d’illustrations de l’artiste polonais Gosia Bartosik.
Un bel objet une fois de plus et l’occasion, en ce qui me concerne, de
retrouver et de pouvoir (re)parler un peu de Klaus Legal.
Mais je vais commencer avec la face
occupée par Spettro Family,
alias du musicien italien Stefano Iannone, lequel pratique une musique
électronique minimale entre rigueur d’acier, lumière électrique vacillante, souplesse
mélodique et kitsch electro. Autant repoussoirs qu’objets d’attirance les trois
titres-vignettes proposés ici par Spettro
Family demeurent relativement inclassables, en tous les cas ils
déconcertent également par leur côté léger voire ludique. Les enregistrements
figurant sur ce split datant de 2014, il devient alors nécessaire de creuser un
peu plus le sujet et notamment cet Aurea Mediocritas
(février 2018), un album plus abouti, plus diversifié mais également plus
sombrement cinématographique.
Par contre la musique de Klaus Legal est corrosive et dérangeante, croisement entre
Suicide, The Normal et surtout Cabaret Voltaire (lorsqu’ils étaient encore
trois dans le groupe et restaient enfermés dans leur cave) avec ce côté
perturbé et harceleur voire invocateur/exutoire. Klaus Legal est un agité et un intranquille et sa musique transpire
ce malaise acide mais aussi une volonté de tout dégueuler bien sèchement sans
perdre de temps… Cependant Warmbed et
PozorPoupoup commencent également à
dater un peu – enregistrement entre 2041 et 2015 – ce qui a fait dire au
principal intéressé que le Klaus Legal
de ce split ne lui ressemble plus vraiment. Mais lui a-t-il jamais réellement
ressemblé ?
Se replonger dans мечтышизофреника permet de mieux comprendre ce que ce
garçon veut exprimer par cette absence de « ressemblance ». Pour ma
part j’ai longtemps cru et pensé que ce troisième (quatrième ?) album décharné
à base d’improvisations électroniques ultra minimales était une sorte de pause
pour Klaus Legal, d’autant plus que
ce LP figure dans la collection « Synesthetic Alchemy » initiée par
le label 213 records
et dédiée à la free music au sens large. Il n’y a pas de chant, presque pas de
mots sur мечты шизофреника qui
propose deux longues déambulations électroniques renvoyant de temps à autre à
Throbbing Gristle avec un sens squelettique, étouffant mais aussi poétique de l’action
musicale. Des fois on sent que Klaus
Legal se cherche un peu (la première face est très morcelée) mais il trouve
également de nouveaux modes d’expression qui lui deviennent propres et surtout
il diversifie son propos – l’espèce de gamelan en fin de face A ou bien le
continuum au début de la seconde face et que j’aime beaucoup, avec ses
bourdonnements industriels.
Ce qui aurait du me mettre la puce à
l’oreille c’est cette simple inscription sur la pochette de мечты шизофреника et indiquant, outre le
pseudonyme de Klaus Legal, le
véritable nom du musicien. Je crois qu’il existe mille et une façons de se
cacher et les plus évidentes ne sont pas forcément les plus efficaces ou, en
tous les cas, en devenant trop visibles les intentions d’anonymat deviennent
trop révélatrices.
Alors… autant utiliser son propre nom : postés en septembre 2018 sur la page b*ndc*mp du musicien, trois Brouillons donnent d’autres précisions sur les cheminements actuels de la musique de « Klaus Legal »… mais en fait ces trois plages en forme d’ébauches – improvisées elles aussi ? – sont signées Pavel V. On n’est jamais sûr de rien… et c’est tant mieux.
Alors… autant utiliser son propre nom : postés en septembre 2018 sur la page b*ndc*mp du musicien, trois Brouillons donnent d’autres précisions sur les cheminements actuels de la musique de « Klaus Legal »… mais en fait ces trois plages en forme d’ébauches – improvisées elles aussi ? – sont signées Pavel V. On n’est jamais sûr de rien… et c’est tant mieux.