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mercredi 28 novembre 2018

Klaus Legal / split with Spettro Family / мечты шизофреника



Emanation du célèbre label berlinois Staalplaat, Le Petit Mignon propose des objets-disques soignés, dotés de pochettes imprimées amoureusement (il y a même des sérigraphies) avec des artworks et des inserts souvent magnifiques. Quant à la musique, le catalogue du Petit Mignon parle de lui-même : MoHa !, Staer, Evil Moisture, Antoine Chessex, Arnaud Rivière, Monno… la dernière production en date de cette honorable maison étant un split 7’ entre Spettro Family et Klaus Legal, le tout agrémenté d’illustrations de l’artiste polonais Gosia Bartosik. Un bel objet une fois de plus et l’occasion, en ce qui me concerne, de retrouver et de pouvoir (re)parler un peu de Klaus Legal




Mais je vais commencer avec la face occupée par Spettro Family, alias du musicien italien Stefano Iannone, lequel pratique une musique électronique minimale entre rigueur d’acier, lumière électrique vacillante, souplesse mélodique et kitsch electro. Autant repoussoirs qu’objets d’attirance les trois titres-vignettes proposés ici par Spettro Family demeurent relativement inclassables, en tous les cas ils déconcertent également par leur côté léger voire ludique. Les enregistrements figurant sur ce split datant de 2014, il devient alors nécessaire de creuser un peu plus le sujet et notamment cet Aurea Mediocritas (février 2018), un album plus abouti, plus diversifié mais également plus sombrement cinématographique.
Par contre la musique de Klaus Legal est corrosive et dérangeante, croisement entre Suicide, The Normal et surtout Cabaret Voltaire (lorsqu’ils étaient encore trois dans le groupe et restaient enfermés dans leur cave) avec ce côté perturbé et harceleur voire invocateur/exutoire. Klaus Legal est un agité et un intranquille et sa musique transpire ce malaise acide mais aussi une volonté de tout dégueuler bien sèchement sans perdre de temps… Cependant Warmbed et PozorPoupoup commencent également à dater un peu – enregistrement entre 2041 et 2015 – ce qui a fait dire au principal intéressé que le Klaus Legal de ce split ne lui ressemble plus vraiment. Mais lui a-t-il jamais réellement ressemblé ?





Se replonger dans мечтышизофреника permet de mieux comprendre ce que ce garçon veut exprimer par cette absence de « ressemblance ». Pour ma part j’ai longtemps cru et pensé que ce troisième (quatrième ?) album décharné à base d’improvisations électroniques ultra minimales était une sorte de pause pour Klaus Legal, d’autant plus que ce LP figure dans la collection « Synesthetic Alchemy » initiée par le label 213 records et dédiée à la free music au sens large. Il n’y a pas de chant, presque pas de mots sur мечты шизофреника qui propose deux longues déambulations électroniques renvoyant de temps à autre à Throbbing Gristle avec un sens squelettique, étouffant mais aussi poétique de l’action musicale. Des fois on sent que Klaus Legal se cherche un peu (la première face est très morcelée) mais il trouve également de nouveaux modes d’expression qui lui deviennent propres et surtout il diversifie son propos – l’espèce de gamelan en fin de face A ou bien le continuum au début de la seconde face et que j’aime beaucoup, avec ses bourdonnements industriels.
Ce qui aurait du me mettre la puce à l’oreille c’est cette simple inscription sur la pochette de мечты шизофреника et indiquant, outre le pseudonyme de Klaus Legal, le véritable nom du musicien. Je crois qu’il existe mille et une façons de se cacher et les plus évidentes ne sont pas forcément les plus efficaces ou, en tous les cas, en devenant trop visibles les intentions d’anonymat deviennent trop révélatrices. 
Alors… autant utiliser son propre nom : postés en septembre 2018 sur la page b*ndc*mp du musicien, trois Brouillons donnent d’autres précisions sur les cheminements actuels de la musique de « Klaus Legal »… mais en fait ces trois plages en forme d’ébauches – improvisées elles aussi ? – sont signées Pavel V. On n’est jamais sûr de rien… et c’est tant mieux.