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vendredi 19 février 2021

Radical Kitten / Silence Is Violence


 


RADICAL KITTEN annonce d’emblée la couleur. Et c’est ça qui est bien. Même si sans doute cela ne convaincra personne de plus que toutes celles et tous ceux qui alléché.e.s par un si beau programme et l’affirmation claire et nette d’opinions aussi peu conventionnellement politiques ont déjà écouté ce disque ou l’écouteront demain (« politique » c’est juste le mot qu’on aime employer quand on prétend en faire, ce qui ici n’est pas le cas). Avoir pour nom Radical Kitten, appeler son premier album Silence Is Violence et débuter celui-ci par un morceau s’intitulant Wrong ! – dont les paroles répètent très clairement I Don’t Give A Shit – ne laisse guère de place au doute. Et le groupe de rajouter pour tous les mous et toutes les molles du bulbe céphalo-rachidien : nous sommes un groupe « Rrrriot post-punk meow, queer and feminist ». Je crois que je n’ai pas besoin de traduire.
Avec Radical Kitten tout est donc dans l’affirmation virulente et la revendication – l’important c’est déjà d’ouvrir sa gueule. Et de faire. Pas de chichi ni d’équivoque, ce sera ça ou rien. Et ça, c’est donc un trio mixte qui adule les chats et surtout revendique fièrement ses idées. Mais non sans un certain humour, parfois grinçant et très drôle (cf la pochette du disque). De quoi se faire haïr des fafs de tout poil et se faire mépriser par la petite bourgeoisie bienpensante et installée, surtout celle qui se revendiquant progressiste et ouverte à tout ne comprendra rien à un tel déferlement de violence et de « vulgarité ». Allons !
Allons ! Pourquoi autant de colère et de radicalité ? Ne peut-on pas tout arranger dans le respect de ce qui existe déjà ? Ces beaux préceptes qui posent les fondements de notre chouette société capitaliste, patriarcale, sexiste (etc.), cette société dont la moindre des qualités n’est pas celle de savoir constamment s’amender et s’améliorer ? (rires dans la salle)
Et bien justement : NON. Des groupes tels que Radical Kitten sont nécessaires car ils s’opposent aux discours généralistes et discriminants et refusent de rentrer dans le moule d’un débat dont le fonctionnement et les principes mêmes empêchent tout espoir d’avancées parce qu’intrinsèquement assujettis au modèle dominant. Il y a un moment ou il faut choisir et arrêter de parler à celles et ceux qui nous enjoignent d’être raisonnables (i.e. avoir une attitude démocratiquement soumise) pour leur cracher feuler à la gueule. Et c’est exactement ce que fait Radical Kitten.

Mais les messages et les idées que veulent faire passer Iso (guitare et chant), Marin (basse et chant) et Marion (batterie) ne le seraient pas aussi efficacement si la musique du groupe n’était pas aussi réussie. Une sorte de post punk chaloupé au vitriol et à l’émeri. Une basse très présente alliée à une batterie trépidante qui tissent un lit de clous et de bris de verre pour une guitare bien foutraque et un chant mixte – majoritairement féminin, le garçon se retrouvant souvent cantonné au rôle de contrepoint et de faire-valoir –, rageur et, en même temps, ultra accrocheur. Pour simplifier à outrance : Radical Kitten c’est un peu la rencontre de Melt Banana avec Crass pour un résultat se rapprochant de vieux machins tels que Dawson / Archbishop Kebab / Badgewearer / early The Ex ou, beaucoup plus près de nous, du premier album – et uniquement celui-là – d’un Trash Kit. Tu vois le genre ? Ça crie, ça grince, ça consume, ça pulse, ça groove et ça donne envie de danser frénétiquement sur les ruines d’un monde dont on ne veut plus.



[Silence Is Violence est publié en vinyle par Araki records,
Attila Tralala, Domination Queer records, Et Mon Cul C'est Du Tofu ?, Gurdulu, La Loutre Par Les Cornes, Retratando Voces, Stonehenge records et Uppercat records]