Si tu ne sais
pas ce qu’est une balançoire à sexe, va chercher dans ton moteur de recherche
si j’y suis. Ou alors demande à ta copine (ou à ton copain, ou même aux deux),
tu auras peut-être droit à des réponses rigolotes du genre « ah oui je me
rappelle d’une fois, après la tournée des bars, on a fini dans un club gay de
la rue Burdeau sur les pentes de la Croix Rousse pour rapidement atterrir dans
une back room infestée de garçons sauvages qui s’amusaient avec des sex swing,
ça m’a vraiment fait envie ». Donc on en apprend tous les jours, y compris
sur les gens que l’on pense pourtant très bien connaitre, mais c’est ce qui
fait tout le piment de l’existence, non ?
SEX SWING. Un sacré groupe, soit dit en passant. Avec :
Dan Chandler (ex Dethscalator) au chant, Jodie Cox (de Narrows !) à la
guitare baryton, Jason Stöll (Klämp, Twin Sister, Mugstar, etc) à la basse,
Stuart Bell (Dethscalator) à la batterie, un certain Olivier Knowles (inconnu
au bataillon jusqu’ici) aux synthétiseurs et… le lutin furieux Colin Webster au
saxophone baryton – cette gazette a parlé de lui encore tout récemment car il a
été invité à jouer sur le dernier album en date d’Idles*. Auparavant un certain
Tim Cedar (Penthouse, Part Chimp : ce type est un vrai héro) s’occupait
des claviers mais il a quitté Sex Swing,
ne jouant que sur le premier album du groupe.
Type
II est
logiquement le deuxième LP de cette bande de fous-furieux. Et quand j’écris
« fous-furieux » je crois que je reste quand même bien en dessous de
la vérité. Sex Swing est un groupe
qui associe sans retenue et combine adroitement plein de styles musicaux qui
sont particulièrement chers à mon cœur : une moitié de kraut
hallucinogène, une moitié de dérives psychédéliques, une moitié de post punk,
une moitié de noise-rock, une moitié de lourdeur atmosphérique et encore une
autre moitié de je-ne-sais-pas-trop-quoi-en-fait – ce qui au total nous fait
beaucoup plus que un mais Sex Swing est
définitivement un groupe hors-normes, un groupe à part. Tour à tour hypnotique,
magnétique, tribale, incantatoire, malsaine, (très) bruyante, féroce, écrasante,
dérangeante, fascinante, magique, la musique contenue dans Type II est en fait difficilement catalogable autrement que par
elle-même, ce qui par définition est le propre de toute grande chose. Il se
passe vraiment de drôles de trucs du côté de l’underground anglais, des éruptions
musicales semble-t-il comme nulle part ailleurs et Sex Swing est l’une des principales têtes de pont de toute cette
folie créatrice.
On pourrait malgré
tout tenter de définir Sex Swing
comme une grosse machine à bordel dysfonctionnelle à la croisée d’un Butthole
Surfers hippisant et d’un 16/17 sous champignons, le tout saupoudré de Terminal
Cheesacake (pour citer quelques noms). Le sextet est membre honoraire de ce
club très fermé de groupes novateurs qui à partir de pleins d’éléments déjà
connus, rabâchés, pourtant déjà utilisés et réutilisés plein de fois, ont su
créer et développer leur propre musique. Peu d’exemples récents d’un phénomène
similaire me viennent en tête spontanément, d’autres groupes pouvant soutenir
la comparaison, mis à part Gnod, peut-être, ou les défunts Skull Defekts (avec
lesquels Sex Swing partage
finalement plus d’un point commun). Avec Type
II on est à la fois dans la découverte la plus totale et la plus
passionnante tout en restant dans des territoires malgré tout familiers. Car ne
nous leurrons pas, Sex Swing reste
un groupe de rock. De rock barré, déformé et protéiforme peut-être, mais de
rock viscéral, aliénant et subjuguant sûrement… Sex Swing et Type II sont
beaucoup plus qu’une expérience : une véritable révélation, effroyablement
totale, presque de l’ordre d’une épiphanie. Pour une musique d’une beauté et
d’une force absolues.
[Type II est publié en vinyle et en CD par Rocket recordings]
* une chronique d’Ultra Mono à lire par ici, si jamais tu as encore du temps à perdre