BOMBARDEMENT
est un groupe basé à Bordeaux et pratiquant joyeusement l’une des plus grandes spécialités
locales : le d-beat. Il n’est donc pas très étonnant de retrouver Luc,
l’ancien batteur des regrettés Gasmask Terrör et éternel fan de Discharge, ici
à nouveau derrière les fûts. Mais ce n’est pas tout, puisque Bombardement est un vrai all-star band,
réunissant des gens jouant ou ayant joué dans Diktat, Daymare, Monarch, Shock,
Endless Flood, etc… La liste est beaucoup trop longue et bien qu’un peu de
mauvaise foi ne m’a jamais vraiment effrayé je serais très mal avisé de citer
tous les groupes auxquels ont un jour participé cette bande de jeunes punks
puisque, une fois n’est pas coutume je vais faire preuve d’un peu d’honnêteté,
je suis très loin de tous les connaitre. Mais ce radieux mélange tend à prouver
une seule chose : la consanguinité ça a vraiment du bon.
Entre le premier 12’ (album ? mini album ? maxi ? on s’en fout !) très
remarqué paru en 2019 et le tout nouveau 7’ (toujours sans titre) paru cette
année et dont il va être maintenant question Bombardement aura toutefois changé de chanteuse. Le départ de Milia
aka Emilie aka Eurogirl du poste de diva hardcore pouvait faire craindre une
baisse de régime et d’intérêt tant elle fait des merveilles sur le premier disque
du groupe. Elle est quand même la hurleuse en chef et grande prêtresse de
Monarch ce qui n’est vraiment pas rien et certain.e.s se rappelleront même ses
exploits passés avec le très éphémère et hilarant Rainbow Of Death. Mais Milia
est donc allée voir ailleurs et c’est Oriane* qui assure désormais le chant et
qui le fait plus que carrément bien. Globalement sa voix est moins aigue et
plus éraillée et malgré toute l’affection que je porterai toujours à Milia et
ses airs de sorcière maléfique on n’y perd pas au change. Tout le monde est
rassuré : la voix d’Oriane colle parfaitement au style de chant très
scandé et en même temps hurlé du d-beat – les paroles, jamais très longues,
étant sans cesse répétées comme autant d’uppercuts dans la gueule.
Mais ce nouvel EP se démarque surtout par un son encore plus puissant qui
exacerbe tout le tranchant méticuleux des deux guitares. Un peu moins d-beat
que son prédécesseur, ce quatre titres de haute volée lorgne même parfois du
côté du thrash (le riff d’intro du Blood.
Cash. Self-destruction) et Bombardement
gravit allégrement quelques échelons supplémentaires dans la brutalité et
l’efficacité – trois des titres du EP sont à fond les ballons, un seul est un
mid-tempo mais toujours bien vigoureux : la proportion des trois quarts
réglementaires est ainsi parfaitement respectée. Ça joue donc très vite et très
massif avec un vrai mur du son, le résultat est implacable et les deux
guitaristes se font vraiment plaisir en multipliant les solos méticuleusement
moulés et surtout très mélodiques, se répondant parfois. Sur ce point précis Bombardement s’éloigne du d-beat traditionaliste
pur et dur pour lorgner plus que jamais vers le metal. Mais un metal sale,
méchant, hargneux et vociférant, bref Bombardement
c’est soit du metal joué à la punk soit du hardcore en acier trempé, qu’importe
parce que c’est tout simplement vraiment très bon.
[cet EP est publié par Destructure records, Kick Rock et Symphony Of Destruction]
* auparavant elle a joué dans Barren ?