Quartet originaire de Baltimore dans le Maryland, HORSE LORDS fait partie de ces nombreux groupes à avoir malheureusement planifié la sortie d’un nouvel enregistrement pendant la pandémie mondiale liée au covid-19. Si on excepte les nombreuses mixtapes imaginées par les américains, The Common Task est le quatrième album de Horse Lords et il aurait du atterrir de ce côté ci de l’Atlantique vers la fin du mois de mars c’est-à-dire au plus mauvais moment pour tenter de se faire une place au soleil. Le groupe avait également prévu une nouvelle tournée européenne dans la foulée – avec une date lyonnaise le 14 mai au Sonic, cela m’aurait donné l’occasion d’enfin y retourner – mais il ne sert à rien de ressasser tout ça, il est évident que pour très longtemps encore les concerts, la musique live et autres rassemblements louches n’auront pas lieu, qu’écouter de la musique se fera plus que jamais tout.e seul.e chez soi et pas au milieu d’autres personnes. Ou alors via une webcam et une connexion internet surchauffée. Tout ça finira peut-être en free parties de cache-cache avec la maréchaussée dans les bois des monts du Lyonnais comme au tournant des années 90.
Horse Lords, donc, est la réunion au sommet de quatre musiciens incroyablement imaginatifs et libres : Andrew Berstein au saxophone et aux percussions, Max Elbacher à la basse et aux bidouilles électroniques (j’ai lu quelque part qu’il a incorporé Matmos depuis que les californiens ont traversé les US pour venir s’installer à Baltimore), Owen Gardner à la guitare et Sam Haberman à la batterie. Des musiciens dont le niveau se passe de tout commentaire – si tu les as déjà vus en concert, oui j’aime remuer le couteau dans la plaie, tu sais de quoi je parle – mais qui surtout font intelligemment appel à des idiomes musicaux et des techniques diverses, notamment d’accordage, pour un résultat singulier car franc et direct.
Les quatre Horse Lords jouent de la musique dite « expérimentale » ce qui aurait largement de quoi effrayer le commun des mortels et un descriptif plus poussé de celle-ci – polyrythmies, mélodies inspirées des musiques du Sahel, suites modales, microdécalages rythmiques, synthèse modulaire, répétitivité inspirée par les travaux des compositeurs minimalistes américains, emprunts à la tradition des indiens des Appalaches, etc. – pourrait largement donner mal à la tête. Or avec l’écoute de The Common Task c’est tout l’inverse qui se produit. Emmené par l’ultra dynamique et très dansant Fanfare For Effective Freedom tout l’album est un régal de musicalité, de bonheur et de lumière. Là réside tout le talent de Horse Lords qui à partir d’une réflexion très poussée et d’une vision très conceptuelle arrive à créer quelque chose que l’on ne peut que percevoir simplement et spontanément. Rien à voir avec un processus de vulgarisation simplificatrice, non, les quatre musiciens réussissant à donner réellement vie à quelque chose d’aussi personnel que référencé et – donc, finalement – de libre. Liberté de reconnaitre cette musique et de se reconnaitre en elle, liberté de danser dessus, avec son petit corps emmitouflé par deux mois de confinement, de gratins de coquillettes sauce béchamel et de gâteaux au yaourt constellés de pépites de chocolat fondant, ou liberté de laisser son esprit partir et vagabonder au fil des rythmes tourbillonnants et des mélodies envoutantes.
Occupant à lui tout seul la deuxième face du disque et d’une durée de 18 minutes, Integral Incident est la composition la plus ambitieuse de The Common Task tout en conservant l’esprit alchimique et magique de la musique de Horse Lords. Une poignée de musiciennes et de musiciens sont ici venu.e.s apporter leur soutien au groupe : Ledah Finck au violon, Bonnie Lander à la voix, Leo Svirsky à l’accordéon et James Young au basson. Logiquement un peu plus long à produire ses effets euphorisants, Integral Incident synthétise une nouvelle fois un idéal métaphorique, un idéal au delà du projet calculé et davantage chargé en vérité qu’un rêve un peu fou. La liberté, encore.
Les quatre Horse Lords jouent de la musique dite « expérimentale » ce qui aurait largement de quoi effrayer le commun des mortels et un descriptif plus poussé de celle-ci – polyrythmies, mélodies inspirées des musiques du Sahel, suites modales, microdécalages rythmiques, synthèse modulaire, répétitivité inspirée par les travaux des compositeurs minimalistes américains, emprunts à la tradition des indiens des Appalaches, etc. – pourrait largement donner mal à la tête. Or avec l’écoute de The Common Task c’est tout l’inverse qui se produit. Emmené par l’ultra dynamique et très dansant Fanfare For Effective Freedom tout l’album est un régal de musicalité, de bonheur et de lumière. Là réside tout le talent de Horse Lords qui à partir d’une réflexion très poussée et d’une vision très conceptuelle arrive à créer quelque chose que l’on ne peut que percevoir simplement et spontanément. Rien à voir avec un processus de vulgarisation simplificatrice, non, les quatre musiciens réussissant à donner réellement vie à quelque chose d’aussi personnel que référencé et – donc, finalement – de libre. Liberté de reconnaitre cette musique et de se reconnaitre en elle, liberté de danser dessus, avec son petit corps emmitouflé par deux mois de confinement, de gratins de coquillettes sauce béchamel et de gâteaux au yaourt constellés de pépites de chocolat fondant, ou liberté de laisser son esprit partir et vagabonder au fil des rythmes tourbillonnants et des mélodies envoutantes.
Occupant à lui tout seul la deuxième face du disque et d’une durée de 18 minutes, Integral Incident est la composition la plus ambitieuse de The Common Task tout en conservant l’esprit alchimique et magique de la musique de Horse Lords. Une poignée de musiciennes et de musiciens sont ici venu.e.s apporter leur soutien au groupe : Ledah Finck au violon, Bonnie Lander à la voix, Leo Svirsky à l’accordéon et James Young au basson. Logiquement un peu plus long à produire ses effets euphorisants, Integral Incident synthétise une nouvelle fois un idéal métaphorique, un idéal au delà du projet calculé et davantage chargé en vérité qu’un rêve un peu fou. La liberté, encore.
[The Common Task est publié en vinyle argenté, transparent ou noir et en CD digipak par Northern Spy records et toutes ces éditions sont semble t-il épuisées à ce jour ; la pochette du vinyle est argenté avec un effet miroir, on peut tenter de se regarder dedans mais on n’y verra rien d’intéressant et le tout est entouré d’un obi – objet décidemment très en retour de mode en ce moment – et sur celui de The Common Task on peut y lire un petit texte, vraisemblablement rédigé par le label, égrainant les connexions musicales de Horse Lords : The Ex, Glenn Branca, Albert Ayler et James Tenney… OK mais maintenant les gars il faudrait repenser à rééditer ce disque, d’une façon ou d’une autre]