Encore une fois le hasard. J’aurais
sûrement mis infiniment plus de temps pour me décider à écouter Trendy Junky de CHIENS si une âme charitable mais bien mal bien (en
fait je ne sais plus) intentionnée ne me l’avait pas offert (merci !). Non
ce n’est pas un disque promo envoyé par l’un des deux labels coupables responsables
de cette sortie mais un cadeau, et un vrai cadeau, c’est-à-dire une belle surprise,
un disque auquel je ne m’attendais vraiment pas, quelque chose qui fait énormément
plaisir. Et puisque on parle une nouvelle fois de grindcore celui de CHIENS ne m’avait pourtant guère fait faire de
bonds démesurés jusqu’ici (alors que le groupe existe depuis plus de dix ans
maintenant) mais CHIENS gardait un capital sympathie intact grâce à un joli (ahem)
nom et un esprit à part, tout en fougue dévastatrice et ironique.
Trendy Junky est tellement court
qu’il tient sur la première face d’une galette tournant en 45 tours – l’autre
face est elle occupée par une gravure sur vinyle reprenant l’artwork de la pochette
soit un rat tox et suicidaire qui remporte haut la main le grand prix
international de la laideur et de l’efficacité conjuguées. Et c’est un peu ça
la musique de CHIENS, un truc complètement
hideux mais réellement captivant, répulsif et jouissif à la fois et qui surtout
ne laisse aucun doute quant aux intentions du groupe. Mais au cas où et comme
pour toute médecine efficace qui se respecte, la posologie de Trendy Junky est indiquée dans les
quelques notes au verso de la pochette (play
loud / fuck nazis – do drugs / kill yourself) ou au gré des textes et
des titres des dix compositions du disque : Trendy Junky (évidemment), Rehab,
Fake Punk Is Not Dead, France De Merde (sic), Dégage ! ou Victims Of Victims – en fait je pourrais citer tout l’album.
Un album ? Ouais, quand même, malgré sa courte durée et des titres qui ne
dépassent jamais la sacro-sainte minute ou alors qui y arrivent en trichant grâce
à des samples hilarants tirés d’un film inconnu des services culturels de cette
gazette mais avec des dialogues mettant en scène une femme flic et une femme
infanticide (dont un « en fait ce qu’il y a de moins cher c’est que vous
mourriez tout de suite », particulièrement adéquat dans le contexte). Mais
le plus important est ailleurs, dans cette rage au vitriol et cette violence
musicale poussées à leur maximum. Trendy
Junky arrive à cristalliser et à donner une forme particulièrement aboutie
à la férocité et à la sauvagerie de CHIENS
même si en écrivant cela je ne peux pas m’empêcher de penser que les principaux
intéressés s’en foutent complètement d’arriver à un quelconque
« aboutissement ». Il n’empêche qu’il est parvenu jusqu’à mes petites
oreilles que pour les experts en la matière et autres amateurs patentés du
genre Trendy Junky est l’un des must
have de cette belle et encourageante année 2020 de merde. Ça je veux bien le
croire tellement ce disque torgnole à tout va et s’impose comme un sommet de
nihilisme sans pitié tout en développant un sens de la dérision à hurler de
rire. Se faire mal et rire en même temps, oui c’est possible et vive la mort.
[Trendy Junky est publié sous la forme d’un vinyle monoface par Bones Brigades records et I Feel Good Records]