Peut-on reprocher à un groupe de s’accrocher éternellement à une seule et même formule, une formule élaborée et plus ou moins perfectionnée au fil des années et des enregistrements, jusqu’à ce que celle-ci devienne tellement symptomatique et emblématique que le groupe en question finit par gagner un statut à part, celui de modèle un peu usé ? Évidemment non… enfin presque : le mélange idolâtrie/nostalgie est des plus aveuglants et donc possiblement suspect. A contrario peut-on reprocher à un groupe de ne pas vouloir enregistrer toujours le même disque ? Bien sûr que… non…
Je crois que vous me voyez venir de loin, amies lectrices et amis lecteurs : il va être question ici et maintenant de la corrélation (ou de l’absence de corrélation) entre longévité et pertinence artistique. Quelques rares spécimens de dinosaures survivalistes s’en sont sortis et s’en sortent encore haut la main mais je ne veux pas vraiment parler de ceux-là, de toute façon et comme déjà mentionné tout dépend également du degré de dévotion aveuglée que l’on éprouve pour les antiquités en question. Etant entendu que s’il s’agit d’un groupe dont on estime qu’il a réellement apporté quelque chose à la musique et à soi-même, beaucoup peut ensuite lui être facilement pardonné – mais en 2019 ce genre de phénomène ne se produit plus depuis longtemps, du moins en ce qui concerne l’avancement musical... c’est un peu comme l’égalité salariale, le commerce équitable, la légalisation du cannabis ou la gratuité des transports en commun pour tout le monde, tout ça n’existe pas.
La question se pose davantage pour les nombreux revivalistes qui se croient beaucoup plus intelligents que leurs ancêtres et notre sujet du jour en est un : URANIUM CLUB – The Minneapolis Uranium Club de son vrai nom – est du genre plutôt doué avec deux premiers albums fulgurants de post punk arty-sweaty et dotés d’une charte sonore et graphique immédiatement identifiable. On peut préférer Human Exploration (2015) mais c’est avec All Of Them Naturals (2016) qu’Uranium Club a placé la barre très haut, teintant son post-punk acide d’une bonne dose de second degré et de dérision. Après ce petit exploit il restait deux solutions au groupe : soit persister à publier des disques clonés sur All Of Them Naturals et s’en servir comme prétexte radioactif pour continuer à donner des concerts à forte valeur énergétique ; soit essayer de changer un peu la donne. Et donc le résultat.
The Cosmo Cleaners – de son vrai nom The Cosmo Cleaners : The Higher Calling Of Business Provocateurs – publié comme ses prédécesseurs en Europe par le label anglais Static Shock records est plus ambitieux. Uranium Club (qui pour l’occasion a encore rallongé son nom en rajoutant un « Band » à la fin) a voulu nous impressionner. N’importe quelle pochette du groupe se reconnait entre mille et celle de The Cosmo Cleaners n’échappe pas à la règle bien qu’elle gagne en couleurs et en détails par rapport à celles des précédents disques. On apprécie tout le soin apporté à l’ensemble et s’amuser à décortiquer l’artwork et les notes de l’insert principal est un réel plaisir de geek. D’autant plus que pendant ce temps là Flashback Arrestor a débaroulé et laisse augurer d’un très bon disque : Uranium Club a l’air plus en forme que jamais. Tout s’écroule dès Definitely Infrared Radiation Sickness, mid tempo dont on pourrait pardonner le manque d’inspiration s’il ne faisait pas en plus preuve d’une coupable balourdise. Grease Monkey se veut rassurant avec ses sempiternels coups de klaxon, ses bruits de moteurs et ses guitares tranchées puis laisse la place à un Michael’s Soliloquy très surprenant. Comme son nom l’indique ce titre (lent) est narratif avec un long monologue (reproduit intégralement sur un deuxième insert à part et rien que pour lui) d’un fastidieux et d’un rébarbatif que même une personne maitrisant parfaitement l’américain aurait du mal à trouver à son goût. Le problème n’est pas dans les guitares ou la rythmique mais plutôt dans cet étalage apathique de spoken words d’un ennui profond. Fin de la première face du disque.
La face B démarre bizarrement avec Man Is The Loneliest Animal et son introduction (très) trompeuse mais cela passe malgré tout, Uranium Club renouant avec ce sens inné de la fébrilité qu’on lui connait déjà… Juste après se trouve la deuxième meilleure composition du disque : Geodesic Son est tout ce que l’on peut aimer chez Uranium Club, des mélodies à la fois étriquées et tranchantes, des rythmiques tachycardiques et du chant goguenard et surtout énormément de classe. Malheureusement Interview With The Cosmo Cleaners vient à nouveau tout foutre en l’air avec ses onze minutes de blah blah blah à peine rehaussées par un ultime sursaut final. Je ne sais pas ce qui a pris à Uranium Club de rallonger autant certaines de ses compositions – The Cosmo Cleaners est même le premier disque du groupe à tourner en 33 tours et non pas en 45 – et surtout de les avoir rendues aussi inutilement bavardes et soporifiques.
La face B démarre bizarrement avec Man Is The Loneliest Animal et son introduction (très) trompeuse mais cela passe malgré tout, Uranium Club renouant avec ce sens inné de la fébrilité qu’on lui connait déjà… Juste après se trouve la deuxième meilleure composition du disque : Geodesic Son est tout ce que l’on peut aimer chez Uranium Club, des mélodies à la fois étriquées et tranchantes, des rythmiques tachycardiques et du chant goguenard et surtout énormément de classe. Malheureusement Interview With The Cosmo Cleaners vient à nouveau tout foutre en l’air avec ses onze minutes de blah blah blah à peine rehaussées par un ultime sursaut final. Je ne sais pas ce qui a pris à Uranium Club de rallonger autant certaines de ses compositions – The Cosmo Cleaners est même le premier disque du groupe à tourner en 33 tours et non pas en 45 – et surtout de les avoir rendues aussi inutilement bavardes et soporifiques.
Au cours d’une récente discussion au sujet des disques dont on ne sait jamais trop quoi faire – petite précision : on trouve toujours une solution radicale et amusante pour les disques réellement détestés – je suis tombé d’accord avec mon interlocutrice sur le fait que parfois il est difficile de s’empêcher de refaire dans sa tête un disque qui ne nous plait pas : changer tel son de guitare, rajouter un break par ici, enlever un peu de chant par là voire même chambouler tout le tracklisting… c’est exactement ce que j’appliquerais drastiquement à The Cosmo Cleaners tant Uranium Club aurait été bien mieux inspiré de se contenter de ne publier qu’un 7’ avec uniquement Flashback Arrestor et Geodesic Son (je veux bien éventuellement rajouter Grease Monkey mais uniquement via un coupon de téléchargement).