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mercredi 29 mai 2019

La Jungle - Past // Middle Age // Future


Je n’ai qu’une parole, ou presque : l’écoute de OK But This Is Not A Parachute, contribution de La Jungle au split consacré aux Studios Davout et publié un peu plus tôt cette année par S.K. records m’avait convaincu de me repencher sur le cas du duo belge. Parce qu’en plus je ne suis pas si rancunier que cela et même si jusqu’ici les enregistrements de La Jungle ont systématiquement engendré chez moi comme un sentiment d’ennui profond et même parfois d’agacement certain et si les concerts du groupe façon grande messe festive du chaos trans-chamanique bien propre sur lui – attention mesdames et messieurs ça va décoller – me font arriver à la même conclusion, celle d’une ronchonade à peine déguisée en acrimonie teintée de fiel, bref, j’étais prêt malgré toutes mes (légitimes) réticences à faire quelques efforts et à me laisser tenter par Past // Middle Age // Future, à ce jour troisième album studio de LA JUNGLE. Sans compter que celui-ci a été publié par Rockerill records, Black Basset records et – surtout – A Tant Rêver Du Roi, un label hautement estimable même si ces dernières années il a eu un peu trop tendance à se laisser aller à sortir des disques de math-rock tropical et de noise festive (à mon goût, évidemment, puisque j’ai toujours préféré avoir mal quand j’écoute de la musique). Ah… et puis il y avait autre chose qui m’intriguait : l’annonce d’un featuring de Bisou Bisou AKA Armelle, précédemment chanteuse de The Dreams et officiant (toujours) au sein des géniaux Heimat. Souvent il ne m’en faut pas beaucoup plus pour me convaincre de me jeter à l’eau. 




Au moins je ne peux pas nier la cohérence de la démarche de La Jungle parce que dans les faits Past // Middle Age // Future ne me semble pas si différent que cela de ces deux prédécesseurs. Et pourtant il passe beaucoup mieux la rampe. Est-ce donc moi qui ai changé à ce point là ? La réponse est évidemment négative. Indubitablement la formule musicale du groupe est toujours aussi basique et limitée : une batterie qui fait tout le temps la même chose (poum-tchac-poum-tchac avec une petite fioriture toutes les 27 secondes) et surtout une caisse claire qui sonne comme la casserole percée de Lars Ulrich sur St Anger ; une guitare qui ignore totalement ce que le mot riff signifie ; des effets transe à spirale ; des borborygmes animaliers ou des bouts de phrases scandés pour pimenter le tout ; des compositions qui reposent sur une idée et demie et qui sont d’un linéaire tellement autoroutier (les connaisseurs disent « kraut ») que l’on croirait entendre Maserati jouer en boucle Commando des Ramones… je crois que j’ai fait le tour de la question. Sur son site internet La Jungle s’autoqualifie de « techno / transe / kraut / noise duo » et ces garçons ont parfaitement raison de le faire, d’abord parce que l’on est jamais aussi bien servi que par soi-même et ensuite parce qu’il est toujours bon d’avoir un mode d’emploi, même si comme ici la formule musicale est sans surprise parce que redondante et pleine de tics.
Il y a des passages du disque qui évidemment ne passent pas. Le bien nommé The Boring Age me donne systématiquement l’impression de faire un long vol plané qui sachève en catastrophe dans des chiottes au fond à droite d’une boite de nuit, le nez dans les pissotières à la recherche d’un peu de traces de coke dans les urines des habitués émergeant d’une faille spatiotemporelle entre deux parties de jeux vidéos. The Knight Of Doom est à peine moins insupportable et comme ces deux titres terminent (ou presque) Past // Middle Age // Future j’ai décidé de ne plus jamais écouter la deuxième face du disque et de me contenter de la première, celle où – par exemple – figure The Invisible Child avec le featuring d’Armelle (décevant malgré tout) ou le très efficace Hey Ha Hey Ha. Dans ces cas là La Jungle devient presque fréquentable, j’aime même m’y perdre un peu bien que je sois sûr que je n’y ferai pas de mauvaises rencontres qui pourtant pimenteraient un peu mon quotidien. Je crois que le plus gros défaut du duo réside dans cette absence totale d’enjeu et de défi – de danger : à force de ne vouloir faire que du festif et du rigolo qui déjante proprement La Jungle perd tout intérêt. Comme un slasher où tous les personnages sont forcément sexy et terminent systématiquement démembrés à la Husqvarna (placement de produit inside). Ça fait rigoler une demi-minute et puis on oublie, de toute façon c’est l’heure de la pizza. On n’est pas très loin de la pornographie.