L’année dernière (c’est fou comme le
temps passe vite, hein) j’étais tout content de découvrir que Sub Pop publiait
un album en concert de MUDHONEY :
L.I.E. – pour Live In Europe – regroupe des enregistrements effectués par le groupe dans différentes villes du vieux continent au cours de l’année
2016. Sub Pop annonce que L.I.E. est
le premier album en concert officiel de Mudhoney
ce qui est complètement faux puisque ce même label avait déjà publié Live Mud en 2007 et deux années plus
tard Munster records avait sorti le double LP Live At El Sol – et je ne compte pas les « faux » live
que sont Live At Third Man records
(2014) et On Top ! KEXP Presents Mudhoney Live On Top Of The Space Needle sorti, toujours
en 2014, à l’occasion du Records Store Day (beurk) et encore une fois par Sub
Pop. Mais il est vrai que tous ces disques sont des tirages plus ou moins
limités, qu’ils n’ont pas été réédités et qu’ils le seront sans doute
jamais ; au moins L.I.E. est facilement
trouvable au rayon produits frais des supermarchés culturels.
Mais cela empêche aucunement L.I.E. d’être un disque décevant et
incomplet : faiblesse qualitative des enregistrements, hétérogénéité des prises
de son, set-list peu fédératrice… on peut y entendre un Mudhoney qui se défend pas trop mal mais pas le grand groupe qui
jusqu’ici nous avait habitués à des concerts incandescents et ravageurs. L.I.E. n’est donc qu’un disque de plus
pour les fans de Mudhoney et
seulement eux – je doute cependant que ces mêmes fans écoutent régulièrement ce lui-ci. En tous les cas mon exemplaire reste bien rangé sur son étagère et
lorsque je veux écouter le groupe de Seattle ce n’est pas L.I.E. que j’ai envie de sortir en premier.
Je ne sais pas où j’étais le 22 mai 2015
(ni d’ailleurs où j’en étais tout court) mais je sais où je n’étais pas. Ce
jour là l’Épicerie Moderne à Feyzin (tout à côté de Lyon) accueillait Mudhoney pour un concert qualifié d’inoubliable
par celles et ceux qui y ont assisté. Ce n’est pas la première fois que le
groupe jouait par ici – je me souviens d’un concert en mai 1992 et en compagnie
de Superchunk – et ce n’est peut-être pas la dernière non plus. Du moins je
l’espère. Parce que pour un groupe de vétérans formé il y a maintenant plus de
trente ans et propulsé bien malgré lui comme précurseur du grunge (un truc qui
n’existe pas) Mudhoney est toujours
en très grande forme. En atteste Digital
Garbage le onzième (?) album studio que le groupe a publié au tout début de
l’automne 2018 et, surtout, en atteste Live
– May 22 2015, incroyable témoignage de ce mémorable concert à l’Épicerie
Moderne. Un concert qui a tellement marqué les esprits que la salle a décidé,
en accord avec le groupe, de le publier en vinyle avec la complicité de Dangerhouse Skylab,
label qui est l’émanation de Dangerhouse, célèbre magasin de disques lyonnais
abreuvant les fans de musiques électriques et asséchant leurs porte-monnaies
depuis 1989 (ouch !). Les vieux ont la peau dure.
La set-list de Live – May 22 2015 parle d’elle-même bien qu’il est évident que
tout le concert ne figure pas sur ce vinyle simple puisque, par exemple, il
manque Broken Hands ;
par contre on retrouve Sonic Infusion
en guise d’introduction survoltée puis Sweet
Young Thing, 1995, You Got It, Fearless Doctor Killers, Here
Comes Sickness et In’N’Out Of Grace
pour les titres les plus anciens ; I
Like It Small, You Stupid Asshole (en fait une reprise d’Angry Samoans)
et The Only Son Of The Widow From Nain
pour les titres les plus récents c’est à dire extraits de Vanishing Point, dernier album en date de Mudhoney au moment du
concert. Il n’y a pas de Touch Me I’m
Sick – mais sa face B Sweet Young
Thing Ain’t Sweet Not More – ni de reprise de Hate The Police mais ce n’est pas bien grave non plus une fois que
l’on se retrouve confronté à ce Live –
May 22 2015 qui donne à écouter une prestation impeccable par un groupe
complètement au taquet, en particulier Mark Arm qui confirme une fois de plus
cette vérité sournoise du punk-rock qu’un grand chanteur chante avant tout
comme une casserole qui a peur de rien. Sans compter les parties de guitare
enflammées et les solos toujours très stoogiens (file under Fun House) de Steve Turner et ce passage incroyable sur In’N’Out Of Grace où
le bassiste Guy Maddison et le batteur Dan Peters se lancent dans un duo d’équilibristes,
un moment de grâce (sic) dont le côté démonstratif est complètement désamorcé par la vitalité
carnassière de l’interprétation.
Alors oui, ce fameux 22 mai 2015 j’aurais mieux fait d’aller faire un tour à l’Épicerie Moderne mais c’est ainsi, personne ne peut revenir en arrière. Et puis ce disque proustien pour celles et ceux qui étaient là et nécessaire pour les absentes et les absents comme moi ne serait sans doute pas ce qu’il est sans le travail impeccable de prise de son et de mastering effectué par le maitre-sondier de l’Épicerie : le rendu est aussi ample que cru, lisible que sauvage, donc exactement tout ce que l’on peut exiger d’un disque enregistré en concert. Et même un peu plus.
Alors oui, ce fameux 22 mai 2015 j’aurais mieux fait d’aller faire un tour à l’Épicerie Moderne mais c’est ainsi, personne ne peut revenir en arrière. Et puis ce disque proustien pour celles et ceux qui étaient là et nécessaire pour les absentes et les absents comme moi ne serait sans doute pas ce qu’il est sans le travail impeccable de prise de son et de mastering effectué par le maitre-sondier de l’Épicerie : le rendu est aussi ample que cru, lisible que sauvage, donc exactement tout ce que l’on peut exiger d’un disque enregistré en concert. Et même un peu plus.
[pour l’instant il existe aucun lien
internet permettant d’écouter en streaming Live
– May 22 2015 ; le disque est publié en vinyle à 500 exemplaires et avec
deux pochettes différentes, celle représentée ci-dessus a été dessinée par JB Hanak]