Bon alors JON SPENCER est un type éternellement jeune et sexy. Il pourrait sans difficulté faire l’acteur dans un remake de Dorian Grey dirigé par Roger Corman (avec comme scène centrale une attaque de la Terre par des pizzas géantes pilotées par des poulpes arc-en-ciel) parce qu’il a l’air d’avoir dix ans de moins que moi alors qu’il en a quatre de plus, gnagnagna. Il est pourtant loin le temps de la splendeur de Jonathan, l’époque où avec le Jon Spencer Blues Explosion il affolait les compteurs et les libidos grâce aux albums Extra Width (1993), Orange (1994) et Now I Got Worry (1996). Est-ce que je suis nostalgique ? Non, pas du tout.
Jon Spencer a de tous temps sacrifié au bon goût et à la bienséance en exacerbant tout ce que le rock’n’roll – au sens historique et hystérique du terme – possède de plus exhibitionniste et de plus outré. Avec une bonne dose de bizarreries musicales, Spencer étant dans sa jeunesse fan d’indus puisque à ses débuts il avait même monté Shithaus en compagnie de Todd A. (futur Cop Shoot Cop), un groupe très influencé par Einsturzende Neubauten et c’est un parrainage que l’on peut également retrouver dans les percussions métalliques de Bob Bert (ex Sonic Youth) et le premier groupe marquant de Jon Spencer, l’irremplaçable Pussy Galore – qui, pour boucler la boucle, a enregistré une excellente reprise du Yü Gung de Neubauten en 1988. Le chaos a toujours été l’un des credos de Jon Spencer et même lorsqu’il a commencé à mettre de bonnes grosses doses de hip-hop cracké dans la musique du Blues Explosion, le bordel était plus présent que jamais.
Comme tous les énergumènes qui se moquent des conséquences du temps et qui refusent non seulement de vieillir mais aussi de mûrir (ce en quoi il a parfaitement raison), Jon Spencer est devenu prisonnier de son propre système, n’échappant à la routine qu’en s’enfonçant dans davantage de tradition avec Heavy Trash, en soutenant R.L. Burnside et ou en enregistrant avec les frères Dickinson (Luther et Cody, fils de Jim, frères de Chris et Rich des infâmes Black Crowes, Luther ayant même participé à la reformation de ces derniers mais ça n’a rien à voir et donc on s’en fout complètement).
Toi je ne sais pas, mais en ce qui concerne le Blues Explosion cela m’a de plus en plus fatigué d’écouter le même nouveau disque tous les trois ou quatre ans et d’assister au même concert dans la foulée. Tout ça pour quoi ? Pour à chaque fois acheter le t-shirt officiel de la tournée et ensuite le laisser pourrir dans le placard aux côtés de ceux d’Iron Maiden et des Pixies ? Pitié… Lorsque le Jon Spencer Blues Explosion s’est séparé non sans avoir publié deux mauvais disques (Plastic Fang en 2002 et Damage en 2004) pour mieux se reformer en 2012, j’ai préféré bouder. Oui, bouder c’est ce que je sais faire de mieux. Et j’en étais toujours là, à bouder et à ronchonner dans mon coin lorsque In The Red a annoncé la publication de Spencer Sings The Hits, premier album en solo de Jon Spencer.
Tout avec ce disque renifle le fameux système Spencer décrit un peu plus haut : déjà le titre très outrecuidant de l’album, son sous-titre « The World Most Beloved Melodies On One Long-Playing High Fidelity Recording » (nota : toutes les compositions sont de Spencer), le dessin de la pochette intérieure avec la pin-up qui se trémousse forcément en écoutant la musique de Jon, la photo du recto sur laquelle Spencer se la joue dandy rock’n’roll version monstre des marais grâce à cette main droite reptilienne/alien aussi repoussante qu’intrigante, les couleurs pailletées qui explosent l’artwork de partout dans un kitsch absolu. Et pourtant… Je dois tenir de la mouche à miel uniquement guidée par son estomac parce que rien que la présentation de Spencer Sings The Hits m’a donné très envie d’écouter le disque. Sans oublier qu’In The Red est l’une des premières maisons de disques à avoir soutenu le Blues Explosion en publiant les premiers singles du groupe en 1992 et 1993 (ces singles et autres titres ont été compilés en 2007 sur l’excellent Jukebox Explosion : Rockin’ Mid-90s Punkers !). Non, j’ai déjà dit que je ne suis pas nostalgique...
Tout avec ce disque renifle le fameux système Spencer décrit un peu plus haut : déjà le titre très outrecuidant de l’album, son sous-titre « The World Most Beloved Melodies On One Long-Playing High Fidelity Recording » (nota : toutes les compositions sont de Spencer), le dessin de la pochette intérieure avec la pin-up qui se trémousse forcément en écoutant la musique de Jon, la photo du recto sur laquelle Spencer se la joue dandy rock’n’roll version monstre des marais grâce à cette main droite reptilienne/alien aussi repoussante qu’intrigante, les couleurs pailletées qui explosent l’artwork de partout dans un kitsch absolu. Et pourtant… Je dois tenir de la mouche à miel uniquement guidée par son estomac parce que rien que la présentation de Spencer Sings The Hits m’a donné très envie d’écouter le disque. Sans oublier qu’In The Red est l’une des premières maisons de disques à avoir soutenu le Blues Explosion en publiant les premiers singles du groupe en 1992 et 1993 (ces singles et autres titres ont été compilés en 2007 sur l’excellent Jukebox Explosion : Rockin’ Mid-90s Punkers !). Non, j’ai déjà dit que je ne suis pas nostalgique...
Il y a au moins deux points sur lesquels Spencer Sings The Hits ne ment pas. Le premier est qu’il s’agit d’un réel album solo de Spencer, il n’y en a que pour lui, il prend toute la place et ses deux acolytes (Sam Goomes aux synthétiseurs et M. Sord à la batterie) ne sont que des faire-valoirs, certes de qualité, qui ne sont là que pour servir le maitre. Et Jon Spencer s’en donne à cœur-joie, affirmant une fois de plus sa suprématie sur I Got The Hits et surtout réactivant pour la millième fois l’esprit du Blues Explosion sans rajouter de fioritures inutiles, retrouvant toutes ses envies et tout son allant. Bien sûr il y a certaines compositions qui sonnent comme du Blues Explosion un peu trop classique voire presque scolaire et plan-plan (Hornet, Love Handle ou Overload) mais dans l’ensemble Spencer Sings The Hits est une bombe à fragmentation – deuxième point sur lequel il n'y a pas tromperie sur la marchandise, on assiste avec ce disque à un réel retour aux sources. Jon Spencer n’usurpe pas son surnom d’Elvis punk*, appellation d’origine incontrôlée à nouveau méritée dès le titre d’ouverture Do The Trash Can, un vrai tube bien plus sexy et mille fois plus dangereux que la danse des palourdes.
Je regrette toutefois que les synthétiseurs ne prennent pas plus de place sur les compositions de Spencer Sings The Hits. Ghost est l’un des meilleurs titres du disque uniquement parce qu’on les y entend davantage mais qu’en plus ils jouent un rôle moteur après chaque refrain, relançant la machine comme il faut. Souvent je me dis qu’il s’agit simplement d’une question de mixage puisque la voix de Spencer est en toute logique largement prioritaire… bon alors OK mais il me semble que si les synthétiseurs avaient tenu un rôle moins accompagnateur et moins rythmique et avaient donc été plus présents tout en soulignant toujours plus l’exubérance du chef, Spencer Sings The Hits aurait été encore meilleur. Ce sera peut-être pour la prochaine fois, sauf si je décide de me remettre à bouder. Sait-on jamais.
Je regrette toutefois que les synthétiseurs ne prennent pas plus de place sur les compositions de Spencer Sings The Hits. Ghost est l’un des meilleurs titres du disque uniquement parce qu’on les y entend davantage mais qu’en plus ils jouent un rôle moteur après chaque refrain, relançant la machine comme il faut. Souvent je me dis qu’il s’agit simplement d’une question de mixage puisque la voix de Spencer est en toute logique largement prioritaire… bon alors OK mais il me semble que si les synthétiseurs avaient tenu un rôle moins accompagnateur et moins rythmique et avaient donc été plus présents tout en soulignant toujours plus l’exubérance du chef, Spencer Sings The Hits aurait été encore meilleur. Ce sera peut-être pour la prochaine fois, sauf si je décide de me remettre à bouder. Sait-on jamais.
* comme tous les surnoms il est aussi adéquat que ridicule