J’aurais beau vouloir raconter toutes
les saloperies du monde sur Skingraft,
affirmer que le label de Chicago n’est que l’ombre de lui-même depuis trop
longtemps, qu’il publie désormais trop de disques dispensables – comme le split Xaddax / My Name Is Rar Rar – je suis également
bien obligé d’admettre que Skingraft restera pour toujours dans mon petit cœur
d’artichaut d’amoureux éconduit qui continue d’attendre malgré tout… Mais
attendre quoi ? Des bonnes nouvelles qui n’arrivent pas ? Un
retour de flamme ? Attendre que le label de Mark Fischer (et Rob Syers) sorte
de sa léthargie ? Je dois admettre (oui, encore une fois) qu’après le gros
passage à vide du milieu et de la fin des années 2000 Skingraft a sérieusement
redressé la barre en publiant par exemple Technical Virginity de Satanized (2011), Trouble In Paradise de Child Abuse
(2014), Diamond Teeth
Clenched de Cellular Chaos (2016), Synchromysticism de Yowie (2017) et bien évidemment les albums de Doomsday Student… la liste s’allongeant
de plus en plus on ne peut désormais plus parler de sursaut accidentel mais
bien de résurrection.
Surtout que parfois Skingraft nous
gratifie en plus de rééditions qui en valent vraiment la peine et là je pense
tout particulièrement à la nouvelle version du Face Of Collapse – chef d’œuvre parmi les chefs d’œuvre de noise
torturée – des Dazzling Killmen publié à la fin de l’année 2016. Moins important
à mes yeux et surtout à mes oreilles Skingraft a cette année jeté son dévolu
sur les Space Streakings. Une bonne
idée malgré tout.
Avec une discographie lapidaire (deux
albums et demi* plus une poignée de singles) et une durée de vie plutôt courte
les japonais de SPACE STREAKINGS
ont pourtant eu le temps de tout dézinguer, méprisant les codes musicaux alors
en vigueur chez les apprentis noiseux rockers bruitistes et autres en faisant
fi de toute forme de bon goût.
A l’aide de machines – batterie et percussions sont remplacées par une boite-à-rythmes hyperactive – mais avec des samples, des scratchs et des cuivres envahissant constamment l’espace pourtant déjà bien occupé par basse, guitare et chants multiples, les Space Streaking pouvaient tout avoir du groupe idéalement épuisant. Et surement qu’ils l’étaient mais l’inventivité foutraque permanente, les délires musicaux effarants et le côté extrêmement imaginatif (à la limite du visuel) de la musique du groupe leur ont également permis de s’élever bien au dessus du niveau du gadget anecdotique pour amateur de japaniaiseries expérimentales et de cyberpunk sous amphétamines. Avec des pseudonymes tout droits sortis de San Ku Kaï tels que Captain Insect, Kame Bazooka, Karate Condor et Screaming Stomach ce n’est pourtant pas si évident que cela au départ.
A l’aide de machines – batterie et percussions sont remplacées par une boite-à-rythmes hyperactive – mais avec des samples, des scratchs et des cuivres envahissant constamment l’espace pourtant déjà bien occupé par basse, guitare et chants multiples, les Space Streaking pouvaient tout avoir du groupe idéalement épuisant. Et surement qu’ils l’étaient mais l’inventivité foutraque permanente, les délires musicaux effarants et le côté extrêmement imaginatif (à la limite du visuel) de la musique du groupe leur ont également permis de s’élever bien au dessus du niveau du gadget anecdotique pour amateur de japaniaiseries expérimentales et de cyberpunk sous amphétamines. Avec des pseudonymes tout droits sortis de San Ku Kaï tels que Captain Insect, Kame Bazooka, Karate Condor et Screaming Stomach ce n’est pourtant pas si évident que cela au départ.
Tout d’abord intitulé 初恋 et initialement publié en 1993 par Nux Organisation (le label de K.K.
Null de Zeni Geva), First Love est le premier album des Space Streakings et à mon avis c’est le
meilleur des deux – 7-Toku, paru
l’année d’après directement chez Skingraft et (mal) enregistré par Steve Albini
n’a malheureusement pas réussi à éviter l’effet de redite. La présente édition
de First Love 初恋 propose l’album originel suivi de démos datant elles de 1990 et
enregistrées alors que les Space Streakings n’étaient
encore que trois. Le son de ces démos est
nettement moins bon mais n’empêche pas de (re)découvrir un groupe déjà turbulent,
excentrique et bien barré et surtout déjà complètement sûr de son fait et prêt
à tout pour rivaliser dans le grand n’importe quoi.
Le tout est réuni sur un CD
(et oui…) à la présentation qui ne donne pas envie de fuir en courant (pochette
cartonnée à deux battants et bourrée de photos et d’illustrations) et le plus
beau, sachant que tout ceci comporte un total de vingt titres et culmine au
delà d’une heure de musique c’est qu’aujourd’hui, en 2018, il est physiquement
et humainement tout à fait possible de s’enfiler tout ça sans être gavé par
toute cette profusion de boulettes génialement trépidantes ni avoir des renvois
gastriques intempestifs. En fait, question dégueulis, ce sont les Space Streakings qui s’en chargent
eux-mêmes, vomissant des myriades de non-sens fluorescents et d’accidents
musicaux (ahem) sciemment provoqués pour une sorte de rainbow shower
collectiviste. Je n’ai jamais été aussi content d’avoir mal au ventre et de ne
pas avoir de bassine à portée de main.
* le « demi »
c’est pour le groupe Shakuhachi
Surprise et l’album Space Streakings
Sighted Over Mount Shasta – comme son nom l’indique il s’agit d’un disque
collaboratif entre les Space Streakings et Mount Shasta