Pour qui n’a encore jamais écouté un seul disque de PORTAL, je suis à peu près certain qu’Avow fera figure d’électrochoc ou d’épiphanie. Car jamais un groupe de death metal (?) n’aura sonné aussi sinistre et aussi oppressant. Difficile d’ailleurs de trouver ailleurs un quelconque équivalent en matière d’étalage grandiloquent de viande avariée et de noirceur horrifique – et rappelons que si le groupe est fan des écrits de H.P. Lovecraft, ce n’est pas pour rien. Seulement… seulement, tout en représentant une sorte de quintessence de l’art destructeur et nihiliste de Portal et synthétisant de la façon la plus abrupte qui soit presque vingt années de bons et loyaux sévices, Avow n’en est pas moins un album redondant et rébarbatif, un théâtre de l’horreur musicale qui tire encore une fois sur les mêmes ficelles : sa complexité visqueuse et l’expression totalitaire de sa haine intrinsèque cachent mal redites névrotiques et scénarios catastrophes déjà utilisés sur les albums précédents. Pour la première fois le groupe donne l’impression de n’être qu’une caricature de lui-même, presque une supercherie postmoderne. Une avant-garde qui elle aussi finit par se mordre la queue.