Encore un disque
qui a déclenché de vifs et houleux débats au sein de la rédaction d’Instant
Bullshit. Cela a duré des mois et des mois – New Long Leg a été publié en avril 2021 – et il y a de quoi : DRY CLEANING a tout du
phénomène monté en épingle par cette mécanique aussi
éphémère qu’injustifiée (injuste) que l’ennui et l’appel du vide appellent, faute de mieux, hype – un mot particulièrement détestable.
Etre un groupe qui n’existe que depuis trois
ou quatre années et avoir déjà sa page Wikipédia
rien qu’à soi (le texte est à mourir de rire et a sûrement été rédigé par le
management du groupe où le service de com’ de son label) n’incite pas à avoir
aveuglement confiance dans ce qui ressemble, aux premières écoutes, à un
artefact issu d’une école d’art pour petits bourgeois propres sur eux et qui se
la pètent. Comparer la musique de Dry
Cleaning à Wire, Joy Division, The Fall, Siouxsie & The Banshees,
Magazine ou PiL n’est pas non plus une bonne idée. D’abord parce que c’est
presque entièrement faux, même si certains sons de guitare, certaines lignes de
basse et quelques rythmes semblent largement empruntés à ceux-ci. Ensuite parce
que lorsqu’on revendique le fait d’avoir de la personnalité – ce que fait Dry Cleaning et, après tout, pourquoi
pas – se retrouver placé aux côtés de groupes historiquement aussi essentiels
et/ou géniaux – semble fort présomptueux et laisse plutôt songeur.
Dry Cleaning se démarque toutefois par le chant ou, plus exactement, les spoken words de Florence Shaw. Des textes dits, fort étrangement, d’une façon à la fois très monotone et presque sensuelle. Du moins c’est ce que l’on finit par ressentir sur la longueur du disque, à l’usure. Le côté écriture automatique et poétique des textes peut également séduire mais cela ne durera pas si on a déjà la chance de connaitre Lithics et la fantastique Aubrey Hornor (qui, elle, chante vraiment mais sans avoir l’air de chanter). Et en y réfléchissant bien, la comparaison tient carrément la route… Dry Cleaning est la version aseptisée, incolore et molle du groupe de Portland. Pour finir, on sauvera donc quinze minutes de New Long Leg, uniquement pour des raisons musicales : Unsmart Lady puis A.L.C. et sa guitare bancale ainsi que le presque hypnotique et, de fait, excellent Every Day Carry. Quant aux textes, ils sont imprimés sur un insert gatefold joint avec le disque et ils sont à lire, éventuellement, oui.
[New Long Leg est publié en vinyle, CD et tout ça par 4AD]