Neither / Nor est un disque que j’apprécie tout particulièrement. Parce ce qu’à sa manière il se révèle entier et sans concession. Honnête et généreux. Synthétisant une certaine idée du rock, dans le sens le plus simple et le plus basique du terme. A propos du premier album de TENDINITE on pourrait parler de garage, de rock’n’roll, de noise-rock, de punk et sûrement de plein d’autres choses encore mais la musique du groupe échappe facilement au supplice de la catégorisation et de l’étiquetage paresseux. Donc voilà : arriver à prendre ça et là, uniquement en suivant ses envies et sûrement ses propres goûts personnels, différents éléments pour les ramener ensemble et les faire converger en une seule musique, sa musique à soi, cela n’a pas de prix à mes yeux. Pas la peine de faire des efforts inconsidérés pour se démarquer mais, au contraire, laisser parler son cœur. Et laisser faire la magie de l’électricité.
Tendinite
est un trio formé du côté de Reims en 2016 et ayant déjà publié un 10’ en 2018
et un 7’ en 2019. Un groupe de copains qui répètent inlassablement dans leur
cave. Le genre de représentation pas si fantaisiste que cela et qui me vient tout de suite à
l’esprit. C’est encore mon imagination qui parle mais il s’agit pourtant bien
de ce que j’entends principalement dans Neither
/ Nor : trois garçons qui jouent de la musique par plaisir et qui
sortent des disques pour la beauté du geste, celui du partage, et sans
prétention aucune. Tendinite c’est
donc une guitare, une basse, une batterie, du chant et surtout une énergie
incroyable. Rien que l’inaugural Never
Satisfied devrait convaincre les plus réticents tenants de l’orthodoxie
grincheuse avec son introduction dantesque et son allure fringante et décidée.
La force de conviction est donc le premier argument imparable de Neither / Nor, un disque qui ne faiblit
jamais, quels que soient la teneur et le rythme empruntés par ses dix
compositions. Lentes ou rapides, punk ou plus psyché, elles possèdent toutes ce
sens de l’entortillement, celui qui te donne envie de te balancer en rythme ou
(pour les plus timides comme moi) de dodeliner de la tête. Le résultat est très
contagieux parce que Tendinite sait
composer une mélodie, sait lui faire prendre corps et sait comment la propulser
bravement en l’air.
Mine de rien, Tendinite est un groupe qui n’a pas peur. La longueur du disque
– et donc des compositions, majoritairement autour des quatre minutes – ne
cesse de m’étonner : le trio ne s’impose jamais l’impératif de concision
souvent de mise dans les musiques garage / punk / whatever mais il n’a rien non
plus de bavard. Tout est bien construit, à sa juste place et la musique file
allègrement, sans ostentation ni superflu. Par exemple le guitariste n’hésite
pas à nous gratifier de nombreux solos, bien menés : tu connais ma
réticence avec ce genre d’exercice (malgré mon passé adolescent de métalleux
acnéique) mais dans le cas de Tendinite
je ne trouve rien à dire à de tels agissements, bien au contraire. Le plus
réjouissant étant que la guitare part en solo sans guitare rythmique derrière en
appui, ce qui permet au passage de bien apprécier la basse à peine planquée en
embuscade. Plus qu’un choix esthétique (et peut-être aussi un choix
« économique »), cela démontre le caractère parfaitement assumé de
la démarche du groupe. Un minimum d’overdubs et pas de fioritures. Encore et
toujours de l’honnêteté, et de la vérité. Bravo.
[Neither / Nor
est publié en vinyle noir – la plus belle des couleurs pour un vinyle – par Araki , Fuck A Duck, Hell Vice I Vicious et Poutrage records ; big up à l’artwork
du disque et qui est l’œuvre de Val L’Enclume]