radiant. Ecrit tout en lettres minuscules, avec un T et un point à la fin et à ne pas confondre avec leurs homonymes autrichiens de Radian. Il n’y a pas trop de risque non plus : le groupe – parisien – qui nous occupe ici est plus un adepte et un adorateur du noise-rock qu’autre chose. Avec des participant.e.s dont on a déjà entendu parler : Aurélie à la guitare (et un peu à la voix), Simona à la basse et au chant ainsi que Jérémy à la batterie. Le premier a joué dans Schoolbusdriver, Decicobra et Madeincanada. La seconde officiait dans Testa Rossa. Quant au troisième je ne sais pas d’où il venait mais il est déjà reparti, radiant. semblant être atteint de cette maladie infectieuse qui touche tellement de groupes : l’instabilité chronique du préposé à la batterie. Mais aux dernières nouvelles le trio serait à nouveau au grand complet avec l’arrivée de Léo. Et c’est tant mieux !
radiant. fait donc
partie de ces jeunes groupes de (presque) vieux qui jouent une musique
fortement inspirée par ce qui se faisait au siècle dernier. Je ne vais pas m’en
plaindre. Encore tout récemment un camarade de longue date, me parlant de sa
jeunesse, de ses découvertes musicales d’alors, du tournant et du début des
années 90, me disait la chose suivante : on écoute la musique de son âge mais
on a aussi l’âge de la musique que l’on écoute, pourtant ce qui est amusant c’est
que plus on vieillit et plus on écoute des musiques « vieilles »
(i.e. datant d’avant son adolescence et d’avant ses années de jeune adulte) ou
de musiques « jeunes » (de maintenant) parce que les barrières
temporelles finissent par se rétrécir et même des fois carrément s’estomper –
mais il est également vrai que l’on en revient toujours à sa musique à soi,
celle qui précisément nous a fait aimer la musique en général, et celle qui a
fait ce que nous sommes maintenant. J’ai trouvé ça beau comme une tournée de
demis de bière bien fraîche engloutis en compagnie d’ami.e.s à la terrasse d’un
bar ou comme un pit de hardcoreux écumant et s’ébrouant furieusement pendant un
concert dans une cave de squat, alors je n’ai pas pu m’empêcher de lui piquer ces
mots là.
Ce que j’aime dans la musique de radiant. c’est sa lenteur. Ou
plus exactement sa langueur. Une sorte de fausse / vraie lascivité (j’hésite…) qui
masque le caractère sourd et plombé d’un noise-rock finalement plutôt
atmosphérique, partagé entre flottements et coups de boutoir. Une musique très
charnelle voire érogène, ce que confirme la plupart des paroles des chansons.
Tout
est une question de temps et de ce que l’on en fait : radiant. semble bien l’avoir compris, nous abandonnant au milieu de
compositions collantes et urbaines – que le groupe ait choisi une photo de
train (de banlieue ?) pour illustrer la pochette de son disque est d’ailleurs une excellente
idée. Du coup la frontalité n’est pas ce que l’on retiendra le plus d’un disque
qui paradoxalement ne manque ni d’énergie ni d’explosions soniques (la longue
partie de guitare occupant plus de la moitié et toute la fin de Forever) et qui flirte éventuellement
avec un shoegaze se métamorphosant peu à peu en lourdeur onirique (Martha). Sur le dytique / dialogue à deux
[u] et [i] on pense carrément à Slint roulant des pelles à Chokebore
tandis que Rims donne le coup de
grâce avec son final dissonant.
Il n’y a que l’instrumental VIII qui se démarque vraiment de
tout le reste du disque avec une allure rectiligne au dessus de la moyenne
générale et une forme plus classiquement itinérante, un peu comme un voyage
répétitif dans l’espace. Ce qui, en conclusion, nous donne un excellent premier
disque et surtout plein d’espoir pour la suite…
[ce mini album sans titre de radiant. est publié en
vinyle blanc par Jarane, seul et
unique label à avoir accepté d’investir et de perdre de l’argent dans cette
folle aventure – mais dis-moi Camille, comment est-ce que
tu fais ?]