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lundi 13 juillet 2020

Hoaries - Beige Eagle Boys / split


C’est comme ça : dès que j’entends parler de noise-rock – je parle de noise-rock bête, sale et méchant, pas de cette pisse édulcorée jouée par trop de groupes qui ont fait des études supérieures en musicologie – je redeviens immédiatement le crétin psychorigide et monomaniaque qu’au fond de moi je n’ai en réalité jamais cessé d’être. Chassez le naturel… le naturel c’est le chaos. Aussi lorsque j’ai appris que les Beige Eagle Boys étaient toujours en vie et qu’ils venaient de donner quelques signes probants d’activité en publiant quelques nouveaux titres via un 10’ sur l’excellent label Reptilian records de Baltimore j’ai failli me faire dessus comme un pauvre gamin en proie à ses premiers émois sexuels et découvrant qu’on peut aussi faire des trucs chelous avec son corps.

 


Mais qui dit split dit deuxième groupe et en l’occurrence il s’agit d’HOARIES. Une formation du Texas – on n’en saura pas plus – et rien que cette petite précision géographique permettra d’avoir la puce à l’oreille tant cet état américain particulièrement réactionnaire et consanguin a depuis quelques décennies généré son lot de groupes totalement barges et déviants. Hoaries n’échappe pas à la règle pourtant je dois avouer que le noise-rock de ces quatre là me semble plutôt allégé ou, encore mieux, désinvolte, avec une pointe de fantomatisme acide qui se glisse au travers des guitares plus dentelières que chez la plupart des collègues, presque avec un petit côté post punk dissonant. J’adore. Les deux inédits proposés par le groupe sont d’excellente facture et ils sont complétés par une reprise de Product Patrol de Cabaret Voltaire (deuxième période des anglais de Sheffield, alors devenu duo). Un choix loin d’être très évident au départ mais qui va très bien à Hoaries qui est parfaitement arrivé à transformer ce vieux machin plutôt électro-dark à sa sauce électrique – au passage cela en dit long sur le caractère décalé du noise-rock un brin arty des texans. Pour l’instant Hoaries n’a publié qu’une volée de 45 tours également compilés sur le CD Crudforms vol-1-3 et que je ne peux que chaudement recommander. Un groupe à suivre de très près, en tous les cas.

On était donc sans nouvelles des BEIGE EAGLE BOYS depuis 2014 et un premier album You’re Gonna Get Yours fracassant. Le groupe de Detroit nous revient en pleine forme et avec deux inédits et également une reprise. C’est lourd, c’est gras, c’est dévastateur, c’est loin d’être fin – surtout comparé à Hoaries – mais bordel de sa mère qu’est ce que c’est bon de se faire ramoner les conduits auditifs avec des lignes de basse et une guitare saignantes aussi peu scrupuleuses sur les conditions élémentaires d’hygiène, sans oublier ce chant porcin 100% viande avariée. J’espère que Are You Going With Me ? et You’re Bleeding (Out Of My Eyes) ne sont que les signes avant-coureurs d’un futur nouvel album… quant à la reprise il s’agit d’une version pas délicate du tout (le contraire eut été étonnant) du Don’t You Want Me ? des abominablement datés Human League, reprise improbable complétant ainsi une belle triplette de chansons d’amour (mouhaha). La version qu’en donnent les Beige Eagle Boys massacre tout ce qu’il faut comme il faut et arrive même à pulvériser le niveau d’excellence de la reprise du Unbelievable donnée en son temps par les plus que regrettés Killdozer, ce qui donne une bonne idée du niveau de connerie et de génie de la chose et finit d’établir le statut d’incontournable du noise rock intemporel de ce 10’ de couleur verte.