Cette fois ci je m’y colle sans hésiter une seule seconde. Je vais te parler de MooM, un groupe de fastcore (c’est ainsi qu’en causent les connaisseurs pour de vrai) récemment vu ou plus exactement découvert lors d’un concert mémorable – ça veut dire que je m’en souviens encore très bien. Le meilleur groupe de la soirée, c’était eux, les quatre MooM, en provenance directe de Tel Aviv / Israël et ce jour là je n’ai eu d’yeux et d’oreilles que pour leur musique ultra rapide, ultra énervée, ultra massive mais ultra digeste – ça c’est important à mon âge – balancée à la face d’un public qui n’en demandait pas tant, avec un naturel, une aisance, une simplicité et une vérité qui se font tellement rares que j’ai tout d’abord eu du mal à y croire avant de me laisser submerger par toute cette classe incroyable. Je ne vais pas trop de raconter ma petite vie ni épiloguer là dessus mais en sortant de ce concert j’ai aussitôt acheté les trois 7’ que le groupe a sortis jusqu’à maintenant et après j’ai eu doit à quinze mille mercis de la part du guitariste qui n’arrêtait pas de vouloir me serrer la main en me disant « thanks for coming » – oh les gens se serait plutôt à moi de vous remercier, hein. A toutes les qualités musicales de MooM je rajouterais donc celles-ci, humaines : l’humilité et la gentillesse, alors prenez-en donc de la graine, bande d’adeptes d’un hardcore tatoué et viriliste de mes deux.
Mais parlons un peu de ce split single qui est le dernier disque en date publié par MooM. Et commençons par l’autre groupe qui partage ce disque : les God’s America qui eux viennent de Las Vegas / Nevada. Une formation avec déjà une bonne petite discographie derrière lui, dont nombre de splits (il y en a même un avec Sept Star Sete !). Ces mecs ne font guère dans la dentelle avec un mélange de powerviolence pachydermique (encore du vocabulaire de connaisseurs) et de grind turbopropulsé (sic) joué bien sauvagement et avec un son bien crade et bien épais. Le genre de groupe que je préférais voir un jour en concert mais les cinq titres proposés ici par God’s America – dont un seulement arrive à dépasser la minute – sont des plus convaincants. En plus je pressens fortement dans ce nom de God’s America comme un sens mordant de l’ironie politique qui ne peut également que me plaire (vocabulaire de gauchiste).
Repassons donc au cas de MooM. Je ne vais pas me la jouer fine bouche – enfin, si. Les compositions du groupe ont beau être très courtes elles sont extrêmement structurées tout en coulant naturellement de source. S’en suit un déluge complètement dingue de fastcore (ho ho ho !) particulièrement bien en place, d’un éclat submergeant et d’une fraîcheur indéniable. Ajoutez quelques parties lentes et lourdes qui collent au cerveau, agitez dans tous les sens et vous obtenez quatre compositions explosives
Outre la section rythmique aussi rapide que précise, le chant féminin ultra vénère est l’une des principales qualités de MooM mais que dire de cette guitare qui aligne sans faiblir des riffs torturés voire vicieux avec une aisance confondante ? Lorsqu’on écoute tous les disques de MooM à la suite on se rend parfaitement compte de la progression du groupe (qui me semble t-il a déjà cinq années d’existence) mais c’est la trajectoire de la guitare qui impressionne le plus. Le monstrueux Third EP (publié l’année dernière, déjà par Lixiviat records en compagnie de quelques autres labels obscurantistes) marquait un pallier important. Ce nouveau témoignage de la furie vivifiante de MooM est encore meilleur. Je me demande bien ce que le groupe va pouvoir nous sortir la prochaine fois. Mais j’ai entièrement confiance en ces quatre jeunes gens et j’attends ça avec impatience.
[ce split 7’ est édité en vinyle blanc ou en vinyle noir et à 500 exemplaires par Here And Now !, Lixiviat records et N.I.C.]