CHERUBS est un groupe légendaire. Un groupe légendaire du noise rock américain des années 90. Et ce encore plus que tout autre. Plus que les Jesus Lizard qui ont duré beaucoup plus longtemps, ont fini sur un major, se sont séparés puis se sont reformés quinze ans plus tard pour jouer devant des audiences dix fois plus importantes et ont récolté un petit peu de ce qu’il leur était du. Plus que Shellac malgré tous les efforts de Steve Albini pour entretenir l’illusion. Plus qu’Unsane qui ne s’est jamais réellement arrêté. Plus que Big’N déterré plus mort que vivant et sorti de l’oubli par le label Africantape il y a presque dix ans, l’un des rares exemples de reformation réussie qui me vienne à l’esprit.
Avec seulement deux albums et une grosse poignée de singles (très partiellement réunis post mortem sur la compilation Short Of Popular) Cherubs a presque à lui tout seul défini le genre noise-rock tendance psychotique et barré, celui qui tache, qui saigne, qui envoie, teigneux, lourd, grésillant et bruyant. Et qui donne envie de chialer. Dépassant toute la concurrence y compris le très massif Total Destruction des confrères d’Unsane, l’album Heroin Man de Cherubs est le disque en matière de noise rock qu’il faut écouter impérativement. Aujourd’hui il sonne toujours aussi bien sale, drivé par une basse pantagruélique, alignant riffs carnassiers et compositions imparables sur fond de défonce névrotique. Un petit tour sur les sites de reventes de disques d’occasion permet de se rendre compte qu’Heroin Man est toujours un disque extrêmement recherché et se revendant à des prix scandaleux, y compris dans sa version CD. Icing, Heroin Man et Short Of Popular ont à l’origine été publiés par Trance Syndicate (le label de King Coffey, batteur des Butthole Surfers) et il serait grand temps qu’ils soient enfin tous réédités afin de botter le cul de tous les spéculateurs du disque.
Et puis les Cherubs se sont reformés. En 2015 ils ont publié un nouvel album chez Brutal Panda, le premier depuis 21 ans. 2 Ynfynyty aurait pu être du pur Cherubs. Mais ce n’est pas un grand disque, juste à peu près la même chose qu’avant mais en beaucoup moins bien, sans le truc qui fait toute la différence et avec des gros coups de mou. Alors oui les Cherubs se sont reformés et ils ont même effectué une tournée européenne, sans doute pour eux un rêve qui devenait enfin réalité. J’ai assisté à la date lyonnaise, mi-nostalgique et toujours amoureux et mi-atterré devant le spectacle de mes héros complètement usés physiquement par la vie et les excès et souvent incapables de donner réellement corps à leur musique. Je suis reparti de la salle avec le sens du devoir accompli, comme lorsque tu vas voir une dernière fois ton oncle préféré atteint d’un cancer en phase terminale et scotché dans un lit d’hôpital par la morphine et les antalgiques. Pathétique et déchirant.
Mais tout le monde a droit à la rédemption. Et Kevin Whitley (guitare et chant), Owen McMahon (basse) et Brent Prager (batterie) y ont doit également. En plus ils y croient dur comme fer, puisque après 2 Ynfynyty Cherubs a publié un double 7’ du nom de Fist In The Air. Et maintenant, en 2019, le groupe s’est accoquiné avec le très opportuniste label de metal Relapse pour nous proposer une deuxième album post résurrection : Immaculada High. Comme d’habitude avec Relapse il existe plein de versions différentes de ce disque, avec des couleurs de vinyle parfois de très mauvais goût et qui donnent avant tout l’impression d’avoir affaire à un produit plutôt qu’à un disque de musique. Moi je l’ai acheté – fidélité oblige – mais je l’ai acheté dans sa version la plus simple possible, en vinyle noir. Le noir c’est beaucoup plus beau que toutes les couleurs du monde et la musique reste la même.
La musique… Immaculada High est bien meilleur que 2 Ynfynyty. Même si à mon sens le disque souffre de trop de production. Un son trop gros et pas assez anguleux, trop propre et trop lisse, qui au lieu de mettre en valeur les qualités de la musique de Cherubs (les lignes de basse, la guitare qui cisaille, le dégueulis du chant sous helium) appuie là où ça coince : le chant – pour y revenir – apparait comme en décalage et parfois j’en rirais même tellement Kevin Whitley a l’air complètement à la ramasse. A titre de comparaison il suffit d’écouter l’album Matamoros de USA/Mexico sur lequel il fait une apparition remarquée pour se rendre compte du genre de traitement dont la voix dans Cherubs a réellement besoin. Mais je ne vais pas refaire le monde. J’écouterai surement un peu plus Immaculada High que je n’ai écouté son prédécesseur mais je l’écouterai beaucoup moins que Icing, Heroin Man et Short Of Popular. Mais il y a quelque chose que je dois rajouter. C’est peu dire que Kevin Whitley, Owen McMahon et Brent Prager reviennent de vraiment très loin. Ces types sont des naufragés mais ils ont survécus. Et rien que pour ça je suis content pour eux. Bisous les gars.
Mais tout le monde a droit à la rédemption. Et Kevin Whitley (guitare et chant), Owen McMahon (basse) et Brent Prager (batterie) y ont doit également. En plus ils y croient dur comme fer, puisque après 2 Ynfynyty Cherubs a publié un double 7’ du nom de Fist In The Air. Et maintenant, en 2019, le groupe s’est accoquiné avec le très opportuniste label de metal Relapse pour nous proposer une deuxième album post résurrection : Immaculada High. Comme d’habitude avec Relapse il existe plein de versions différentes de ce disque, avec des couleurs de vinyle parfois de très mauvais goût et qui donnent avant tout l’impression d’avoir affaire à un produit plutôt qu’à un disque de musique. Moi je l’ai acheté – fidélité oblige – mais je l’ai acheté dans sa version la plus simple possible, en vinyle noir. Le noir c’est beaucoup plus beau que toutes les couleurs du monde et la musique reste la même.
La musique… Immaculada High est bien meilleur que 2 Ynfynyty. Même si à mon sens le disque souffre de trop de production. Un son trop gros et pas assez anguleux, trop propre et trop lisse, qui au lieu de mettre en valeur les qualités de la musique de Cherubs (les lignes de basse, la guitare qui cisaille, le dégueulis du chant sous helium) appuie là où ça coince : le chant – pour y revenir – apparait comme en décalage et parfois j’en rirais même tellement Kevin Whitley a l’air complètement à la ramasse. A titre de comparaison il suffit d’écouter l’album Matamoros de USA/Mexico sur lequel il fait une apparition remarquée pour se rendre compte du genre de traitement dont la voix dans Cherubs a réellement besoin. Mais je ne vais pas refaire le monde. J’écouterai surement un peu plus Immaculada High que je n’ai écouté son prédécesseur mais je l’écouterai beaucoup moins que Icing, Heroin Man et Short Of Popular. Mais il y a quelque chose que je dois rajouter. C’est peu dire que Kevin Whitley, Owen McMahon et Brent Prager reviennent de vraiment très loin. Ces types sont des naufragés mais ils ont survécus. Et rien que pour ça je suis content pour eux. Bisous les gars.