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mercredi 1 août 2018

Louis Minus XVI / De Anima







Je me suis toujours demandé d’où vient le nom de ce groupe, LOUIS MINUS XVI. A vrai dire je n’en sais toujours rien même si j’ai fini par obtenir un semblant de début de réponse : Louis Minus XVI est l’extension à quatre musiciens d’un duo initial composé de Maxime Petit (guitare sèche et banjo*) et d’Adrien Douliez (saxophone alto) et portant le nom de Louis Minus II – une formation découverte il y a quelques semaines de cela en concert et que je ne peux que chaudement recommander si elle venait à jouer de par chez vous, en attendant, un jour, peut-être, pourquoi pas, un véritable témoignage enregistré. Donc, je disais : si vous ajoutez Jean-Baptiste Rubin (saxophone ténor) et Frédéric L’Homme (batterie) au duo de base, que vous mélangez tout ça bien tout comme il faut en pétrissant avec les doigts, que vous secouez la tête en bas et que vous servez à la bonne température vous obtenez un Louis Minus XVI bien chaud les marrons, bien pétillant, bien relevé et bien goûtu. Évidemment cela n’en dit pas beaucoup plus sur l’étrange patronyme du groupe mais c’est comme avec cette vieille histoire de la poule, de l’œuf et du doigt de dieu : on s’en fout complètement.

Tout comme il semblerait bien hasardeux et téméraire d’affirmer que Louis Minus XVI est un groupe de (free) jazz suffisamment amoureux transi de la Sainte Électricité pour réussir à se faire passer pour un groupe de (noise) rock tombé les quatre fers en l’air dans un chaudron magique de freeture. De Anima vient même brouiller encore plus les pistes puisque le troisième album du groupe – après un trop long silence de quatre années – ne confirme qu’une seule chose : Louis Minus XVI peut aussi bien satisfaire vos penchants cérébraux que vos désirs de fulgurances. Et même vos envies de rêveries et d’entre-deux.
Et bien qu’il soit un peu court, De Anima se révèle être un album débordant d'accomplissements parce qu’il développe et explore de multiples possibilités et horizons. Tout en se gardant bien cependant de donner l’impression d’avoir fait le tour définitif de la question. Lustig Taurig partage avec I want You Lemchaheb ce sens de l’approche par glissements, petites saccades rythmiques faisant le lit des entrelacs de plus en plus explosifs des saxophones. C’est à la fois accidenté, percutant, et envoutant, évident – les quatre musiciens de Louis Minus XVI étant maitres dans l’art de faire monter la tension tout en laissant une place de choix aux stridulations aiguisées mais aussi au côté charmeur et poignant des mélodies.

Comme son nom l’indique Violence Gratuite est la composition hardcore de De Anima. Deux minutes et demie seulement de cavalcade et de frénésie qui permettent à Louis Minus XVI de renvoyer les macho-sexistes et sportifs haineux de Sick Of It All ou de Kickback dans leurs clapiers respectifs (mais non je déconne…). En tous les cas Violence Gratuite donne dans la vocifération et le martèlement avec toujours en ligne de mire cette volonté de tenir en haleine. Une Certaine Dose De tendresse est la quatrième et dernière composition de l’album et il me semble que, de prime abord, il s’agit également de l’élément le plus cérébral de De Anima. Plus de complexité rythmique, plus de trigonométrie quantique** plus de sécheresse et plus d’ascèse… en résumé plus de tûts, plus de pouêts, plus de bips, plus de nut-nuts, plus de schtongs, plus de poumtchaks pour une nouvelle montée implacable qui fait posément jaillir la lumière et la lenteur avant une ultime embardée. Aventureuse et téméraire, la musique de Louis Minus XVI demeure imprévisible et, en même temps, elle se révèle extrêmement familière. Ce qui la rend aussi unique et tellement indispensable.



* sauf que dans Louis Minus XVI Maxime joue de la basse électrique et cela change beaucoup de choses
** quoi ? cela n’existe pas la « trigonométrie quantique » ?