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lundi 27 août 2018

XYZ / Artificial Flavoring







Deuxième album du duo XYZ, Artificial Flavoring a été publié au printemps 2018 et il est désormais grand temps d’en parler ici puisqu’il constitue la parfaite bande-son d’un été aussi sexy et léger que frivole et réussi, décadent et oisif. Évidemment je plaisante : à part se faire cordialement chier sur une plage surpeuplée ou au bord d’une piscine chlorée sous un soleil de plomb et une chaleur digne d’un haut-fourneaux de l’industrie métallurgique chinoise il n’y a vraiment rien à espérer de la saison des tongs et des shorts à fleurs pour tous. Vivement que l’automne et l’hiver reviennent en force pour que les gens arrêtent de picoler des cocktails dégueulasses et hors de prix bien installés sur des roof-tops trop tendance, qu’ils recommencent à s’habiller avec un peu plus de classe et de savoir-vivre et qu’on en finisse avec les illusions de l’adolescence éternelle.

XYZ est composé pour moitié de Ian Svenonius au chant (oui : le gars de Nation Of Ulysses, The Make-Up, Chain And The Gang, Escape-Ism, etc… déjà ça en bouche un coin) et d’un certain Memphis Electronic aka Didier Balducci aux instruments (oui : il s’agit du guitariste des Dum Dum Boys). Mono-Tone records qui a sorti Artificial Flavoring est d’ailleurs le label de ce même Didier Balducci. Je ne sais pas comment ces deux là se sont rencontrés dans la vie et ont décidé de monter un groupe ensemble puisque chacun habite sur un continent différent mais en écoutant ce deuxième album on peut être sûr et certain que les deux XYZ sont, entre beaucoup d’autres choses, de très grands admirateurs de Suicide (il suffit d’écouter Near Futur pour s’en convaincre). Mais un Suicide en version glam cheap, avec ampoules électriques à filament en fin de vie, pantalons en cuir mouillé avec paillettes délavées. Le groupe d’Alan Vega et de Martin Rev jouait de la musique électronique minimale et réfrigérée en s’imaginant être des rockers du bunker urbain juste avant l’apocalypse du monde occidental ; XYZ ce serait plutôt deux rockers qui essaient de jouer un hybride cabossé de rock’n’roll et de musique électronique teinté d’un groove mollement robotique et de guitares anorexiques sous une sorte de torpeur exotique et moite (la climatisation est en panne depuis longtemps et en plus elle fuit).

Bien que très connoté et référencé, Artificial Flavoring n’est pas un copié-collé. La version personnelle de XYZ du pelvis électronique inclut, en plus d’une boite-à-rythmes rachitique et étrangement collante (genre qui donne encore la force de danser en fin de soirée alors que la gueule de bois est presque là et que l’on cherche malgré tout à s’accrocher), des synthétiseurs bien tramés bricolage crépusculaire et bourdonnements spatiaux, des parties de guitare qui accompagnent discrètement mais efficacement le tout et, enfin, le chant nasal de Ian Svenonius qui n’en peut plus de minauderies et de caprices ni de se contorsionner comme un vers luisant mucho caliente. Parfois on a vraiment envie de se trémousser furieusement le baloo-baloo avec lui, comme sur le premier titre Don’t Tread On Me ou bien sur Permission Slip, ou sur l’enchainement diabolique entre un The Président Plays Electric Guitar délicieusement putassier et lirrésistible It Ain’t Fair ; mais la plupart du temps Artificial Flavoring possède cette saveur (sic) particulière et décalée, comme au ralenti, les demi-rêves glissant en descente d'amphètes sur le carrelage au milieu des flaques de sueurs froides et d’amours chaudes (Let Me Try Love, Motivate Me et surtout le pâteux Rock On). Et contrairement à son titre Artificial Flavoring n’a rien d’artificiel ni de suranné : on y sent de la part des deux XYZ aucune posture post-machin-truc mais plutôt ce sentiment dévoué, assez indéfinissable lorsqu’on ne l’a encore jamais expérimenté, que certains appellent l’amour de la musique. Celle que précisément ils jouent pour nous.