Ces mecs sont des malades. Et en
plus ils sont complètement mégalos. Mais ça on pouvait carrément s’en douter,
oui, puisque THOU passe son temps
à publier des singles et EPs à tire-larigot, à multiplier les collaborations – avec
The Body, comme par hasard – et a fait ces derniers temps l’objet
de tellement de rééditions que l’on a l’impression que le groupe de Baton Rouge
(Lousiane) est le plus génialement prolifique du monde. Mais dans les faits il
s’avère que le dernier véritable album studio de Thou date déjà de 2014 : Heathen
est considéré par beaucoup comme le chef-d’œuvre du groupe (personnellement je
lui préfère très nettement le bien-nommé Summit).
Engendrant un culte quasiment aveugle et inconditionnel pour fanatiques virant à l'obsessionnel, Thou a satisfait son petit monde en annonçant enfin la parution de son nouvel album pour le 31 aout prochain ; il s’appellera Magus et sortira, fort malheureusement, sur le label Sacred Bones. Mais auparavant le groupe aura pris soin de faire monter la pression en publiant pas moins de trois EPs ou mini-albums, sur trois labels différents. De quoi en avoir des sueurs froides : Thou ne risque t-il pas de se diluer dans l’acide de la médiocrité et de la facilité ? Sans compter la présence numérique passablement insistante du groupe et les messages loufoques ou pseudo mystiques qu’il poste ça et là dans le monde virtuel, pour mon plus grand bonheur. Difficile de faire confiance à un groupe qui s’amuse autant avec l’opacité tout en faisant semblant de « communiquer ». Mais c’est aussi pour cela qu’on l’aime.
Engendrant un culte quasiment aveugle et inconditionnel pour fanatiques virant à l'obsessionnel, Thou a satisfait son petit monde en annonçant enfin la parution de son nouvel album pour le 31 aout prochain ; il s’appellera Magus et sortira, fort malheureusement, sur le label Sacred Bones. Mais auparavant le groupe aura pris soin de faire monter la pression en publiant pas moins de trois EPs ou mini-albums, sur trois labels différents. De quoi en avoir des sueurs froides : Thou ne risque t-il pas de se diluer dans l’acide de la médiocrité et de la facilité ? Sans compter la présence numérique passablement insistante du groupe et les messages loufoques ou pseudo mystiques qu’il poste ça et là dans le monde virtuel, pour mon plus grand bonheur. Difficile de faire confiance à un groupe qui s’amuse autant avec l’opacité tout en faisant semblant de « communiquer ». Mais c’est aussi pour cela qu’on l’aime.
Inconsolable est l’un des trois EPs pre-Magus, c’est même le deuxième de la
série et il est sorti chez Community records affublé d'un artwork qui change complètement de ce à quoi Thou nous a habitué jusqu’ici et surtout accompagné de cet avertissement : « a
collection of bleak acoustic and quieter songs ». Voilà donc Thou qui se lance dans l’acoustique, ce
qui constitue l’un des « exercices » (souvent de la part de musiciens
qui n’ont plus rien à dire) que je déteste le plus, à égalité avec les
réinterprétations pseudo symphoniques ou les remix technoïdes.
Autant dire tout de suite que je
n’aime guère Inconsolable. Trop de
guitares sèches et trop d’invitées à la voix qui chantent comme Jarboe imitant
tour à tour Nana Mouskouri ou Nico sous assistance respiratoire (Fallow State). Mais Inconsolable demeure un disque captivant vers lequel je ne peux pas
m’empêcher de revenir et de réécouter. Peut-être parce qu’il est bien plus
proche de l’« esprit » Thou
qu’il ne semble l’être au départ. Il faut enlever les enluminures et les
apparats de la folk – ce n’est pas parce que le genre est théoriquement dépouillé
voire minimal qu’il n’en possède pas – pour voir apparaitre toute la grandeur
déliquescente d’un groupe qui plonge tête baissée dans l’évanescence (l’état
gazeux, pas le groupe) et un entre-deux, comme dans l’œil d’un cyclone, moment
de contemplation ralentie et poétique avant… Oui : avant quoi ? Et
bien, avant rien du tout et surtout pas la tempête électrique et la furie de la
boue, Thou prenant bien soin de
rester constamment dans un état de lévitation fœtale et, effectivement, morne.
Et puis il y a des chansons que l’on peut apprécier, telles que l’introductif The Unspeakable Oath et Fallow State (malgré le chant, donc) mais dès que Thou tombe dans la préciosité baba-goth digne d’un Swan acoustique ou d’un Skin, feu le side project de Michael Gira et Jarboe, la magie retombe automatiquement et ça fait mal (les insupportables Come Home You Are Missed ou Behind The Mask, Another Mask). Toute l’ambiguïté ressentie au sujet d’Inconsolable et de la démarche de Thou peut être résumée par The Hammer et ses arrangements mégalos, The Scourge Pit et son refrain à la Barbara Streisand ainsi que Find The Cost Of Freedom (et un solo d’Eric Clapton). Ces trois chansons sont autant facteurs de doutes et de divisions internes personnelles que de séduction et, donc, d’attrait, faisant d’Inconsolable un objet aussi trouble que non définitif. Le mystère Thou reste entier.
Et puis il y a des chansons que l’on peut apprécier, telles que l’introductif The Unspeakable Oath et Fallow State (malgré le chant, donc) mais dès que Thou tombe dans la préciosité baba-goth digne d’un Swan acoustique ou d’un Skin, feu le side project de Michael Gira et Jarboe, la magie retombe automatiquement et ça fait mal (les insupportables Come Home You Are Missed ou Behind The Mask, Another Mask). Toute l’ambiguïté ressentie au sujet d’Inconsolable et de la démarche de Thou peut être résumée par The Hammer et ses arrangements mégalos, The Scourge Pit et son refrain à la Barbara Streisand ainsi que Find The Cost Of Freedom (et un solo d’Eric Clapton). Ces trois chansons sont autant facteurs de doutes et de divisions internes personnelles que de séduction et, donc, d’attrait, faisant d’Inconsolable un objet aussi trouble que non définitif. Le mystère Thou reste entier.