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vendredi 3 décembre 2021

Quicksand : Distant Populations

 

Je me joins un peu tard – et donc inutilement – au concert de louanges qui s’est abattu sur Distant Populations, quatrième album (deuxième post reformation) de QUICKSAND, le groupe de Walter Schreifels (Youth Of Today et Gorilla Biscuit, petit rappel à l’usage des jeunes générations ignares). Un type qui un jour a découvert qu’il savait composer autre chose que des torpilles hardcore et qui plus que tout a eu la bonne idée de se mettre à chanter.
Mais cela n’a pas été facile de passer outre cette pochette – une contrariété récurrente chez moi – qui n’est absolument pas de mon goût avec son arwork signé Tetsunori Tawaraya que l’on avait connu plus inspiré, entre autres avec son travail pour l’album Mutilator Defeated At Last de Thee Oh Sees (en plus la pochette est gatefold mais on peut se demander pourquoi puisque l’intérieur est du même genre que l’extérieur et ne comporte strictement aucune information).
Puis un premier survol de Distant Populations a commencé à me convaincre que j’avais peut-être tort. Enfin, ça c’était jusqu’à ce que débaroule Brushed, en avant-dernière position sur la face A. Car là je n’ai pas du tout compris. Et je ne comprends d’ailleurs toujours pas ce qui a poussé Quicksand non seulement à composer un titre aussi niais mais surtout à lui donner un habillage aussi sucré-léché. La version « live en studio » de Brushed m’a un temps semblé un peu moins pire… mais le mal était fait, le ver était dans le fruit si tu préfères et j’ai consciencieusement boudé Distant Populations pendant quelques mois, malgré les injonctions répétées de quelques camarades de musique, il est vrai tous âgés de plus de quarante ans et ceci explique peut-être cela.







Devenu trio depuis l’arrestation en 2017 à Phoenix/Arizona du guitariste Tom Capone pour vol à l’étalage dans une pharmacie, délit de fuite et refus de se soumettre à l’autorité d’un représentant de la loi dans l’exercice de ses fonctions, Quicksand s’est durablement resserré autour du trio Walter Schreifels (guitare et chant), Alan Cage (batterie et ex-Burn) et Sergio Vega (basse, futur Deftones, un groupe qui sera pour le moins influencé par... Quicksand). Il semblerait également que l’album Interiors (2017) avait déjà été enregistré sans Tom Capone bien que celui-ci soit mentionné dans les crédits mais, effet trompe l’oreille dicté ou non par des informations contradictoires, Distant Populations frappe d’emblée par la place qu’occupe le couple rythmique et par le dynamisme retrouvé de celle-ci, y compris sur les titres lents (Colossus).
Le plus important est que la quasi-totalité de l’album se montre presque digne du Quicksand d’avant 1995 et de ces deux albums fondateurs que sont Sleep (1993) et Manic Compression (1994). De quoi m’inciter à arrêter de bouder, malgré les nombreux artifices de production, malgré le côté trop souvent et dangereusement pleurnichard du chant de Schreifels (finalement, les années passant, ce n’était peut-être pas une si bonne idée qu’il se mette à chanter), malgré un assagissement certain mais sûrement inévitable et, donc, malgré un titre vraiment faiblard et indigne d’un tel groupe – oui je parle encore et toujours de ce Brushed....
La première phrase de cette chronique est ainsi un petit mensonge ou plutôt elle reflète une prise de conscience, celle relative à un disque qui a en dépit de tous les pronostics vitaux a fini par s’immiscer pour ne plus en ressortir dans ma petite cervelle d’handicapé affectif atteint par la limite d’âge. Quand on a quelque part sur le corps un tatouage représentant un cœur fendu qui saigne et souligné en grosses lettres d’un « l’emo pour le dire » il faut s’attendre à tout, y compris à être aussi incohérent que sentimental.

[Distant Populations est publié en vinyle, cédé, etc. par Epitaph records]