Je me joins un peu
tard – et donc inutilement – au concert de louanges qui s’est abattu sur Distant Populations, quatrième album (deuxième
post reformation) de QUICKSAND, le groupe
de Walter Schreifels (Youth Of Today et Gorilla Biscuit, petit rappel à l’usage
des jeunes générations ignares). Un type qui un jour a découvert qu’il savait
composer autre chose que des torpilles hardcore et qui plus que tout a eu la
bonne idée de se mettre à chanter.
Mais cela n’a pas été facile de passer outre cette pochette – une contrariété
récurrente chez moi – qui n’est absolument pas de mon goût avec son arwork
signé Tetsunori Tawaraya que l’on avait connu plus inspiré, entre autres avec son
travail pour l’album Mutilator Defeated
At Last de Thee Oh Sees (en plus la pochette est gatefold mais on peut se
demander pourquoi puisque l’intérieur est du même genre que l’extérieur et ne
comporte strictement aucune information).
Puis un premier survol de Distant
Populations a commencé à me convaincre que j’avais peut-être tort. Enfin,
ça c’était jusqu’à ce que débaroule Brushed,
en avant-dernière position sur la face A. Car là je n’ai pas du tout compris. Et
je ne comprends d’ailleurs toujours pas ce qui a poussé Quicksand non
seulement à composer un titre aussi niais mais surtout à lui donner un
habillage aussi sucré-léché. La version « live en studio »
de Brushed m’a un temps semblé un peu
moins pire… mais le mal était fait, le ver était dans le fruit si tu
préfères et j’ai consciencieusement boudé Distant
Populations pendant quelques mois, malgré les injonctions répétées de
quelques camarades de musique, il est vrai tous âgés de plus de quarante ans et
ceci explique peut-être cela.
Devenu trio depuis l’arrestation en 2017 à Phoenix/Arizona du guitariste Tom
Capone pour vol à l’étalage dans une pharmacie, délit de fuite et refus de se
soumettre à l’autorité d’un représentant de la loi dans l’exercice de ses
fonctions, Quicksand s’est
durablement resserré autour du trio Walter Schreifels (guitare et chant), Alan
Cage (batterie et ex-Burn) et Sergio Vega (basse, futur Deftones, un groupe
qui sera pour le moins influencé par... Quicksand).
Il semblerait également que l’album Interiors (2017) avait déjà été enregistré
sans Tom Capone bien que celui-ci soit mentionné dans les crédits mais, effet trompe l’oreille dicté ou non par des informations contradictoires, Distant Populations frappe d’emblée par
la place qu’occupe le couple rythmique et par le dynamisme retrouvé de celle-ci, y compris
sur les titres lents (Colossus).
Le plus important est que la quasi-totalité de l’album se montre presque digne
du Quicksand d’avant 1995 et de ces
deux albums fondateurs que sont Sleep
(1993) et Manic Compression (1994).
De quoi m’inciter à arrêter de bouder, malgré les nombreux artifices de
production, malgré le côté trop souvent et dangereusement pleurnichard du chant
de Schreifels (finalement, les années passant, ce n’était peut-être pas une si bonne idée qu’il se mette à chanter), malgré un assagissement certain mais sûrement inévitable et,
donc, malgré un titre vraiment faiblard et indigne d’un tel groupe – oui je parle encore et toujours de ce Brushed....
La première phrase de cette chronique est ainsi un petit mensonge ou plutôt elle
reflète une prise de conscience, celle relative à un disque qui a en dépit de tous les
pronostics vitaux a fini par s’immiscer pour ne plus en ressortir dans ma
petite cervelle d’handicapé affectif atteint par la limite d’âge. Quand on a
quelque part sur le corps un tatouage représentant un cœur fendu qui saigne et
souligné en grosses lettres d’un « l’emo pour le dire » il faut
s’attendre à tout, y compris à être aussi incohérent que sentimental.
[Distant Populations est publié en vinyle, cédé, etc. par Epitaph records]