Avec un nom de
groupe en forme de référence de vieux aux années 90 et de blague potache
(c’est presque aussi réussi que Charogne Stone ou que Clit Eastwood), TABATHA CRASH ne pouvait qu’attirer mon attention de vieux
bougon renfrogné et cloitré à la maison entre deux piles de disques ou de
bouquins et attendant des jours meilleurs. Tu rajoutes une photo de pochette
avec un bobtail bien baveux et visiblement prêt à tout pour une partie de léchouilles
endiablées et le tour est presque joué. Mais en fait, ce qu’il faut surtout
retenir c’est que Tabatha Crash est
né des cendres des excellents Sons Of Frida – dont le Tortuga est resté dans toutes les mémoires – puisque on y retrouve
le guitariste / chanteur / trompettiste Benoit Malevergne ainsi que le batteur
Thierry Cottrel. Quant à la basse elle est tenue par Geoffrey Jégat qui me
semble t-il jouait lui aussi aux tout débuts de ces mêmes Sons Of Frida… Une suite logique, en quelque sorte, et un line-up en théorie typiquement
noise-rock.
Twist
est le deuxième enregistrement publié par le groupe. Il conviendrait de parler
de mini album puisque celui-ci ne contient que six titres pour tout de même
vingt-cinq minutes de coït ininterrompu. Je vais commencer par avouer que je
n’avais écouté son prédécesseur sans titre que d’une oreille assez lointaine et distraite et que maintenant je
m’en mords un peu les doigts. Tant pis, je rattraperai mon retard avec ce Twist bien mené, bien tourné, bien ourlé
et doté d’une qualité sonore bien meilleure parce qu’offrant plus de clarté et
de lisibilité, bref d’efficacité – au passage signalons que l’enregistrement et
le mixage sont le fait de Manu Laffeach (il a bossé avec Shub, Poutre, Marylin
Rambo, Ultracoït et tant d’autres) tandis que le mastering est l’œuvre du
wizzzzard Cyril Meysson (Magrava, Satan, etc.).
Difficile
cependant de limiter les trois musiciens de Tabatha Crash au seul registre du noise-rock à papa et maman.
Toujours au rayon années 90 et musiques de vieux et de vieilles, le trio semble
aussi très largement puiser son inspiration dans le post hardcore. Mais le
vrai post hardcore, canal historique, pas celui des saloperies progressives
vouées au culte lunaire ou au dieu solaire mais celui des groupes du label
Dischord et qui donnera l’emo avant que cela ne dégénère en musique
pleurnicharde, complaisante et peignée au gel à fixation forte. L’énergie est
constamment présente mais il s’agit donc d’une énergie toujours finement
enclenchée – si tu veux de la bourrinade à la queue-leu-leu va plutôt voir
ailleurs –, apportant son lot important de subtilités et d’attraits mélodiques.
Les six compositions de Twist
pourraient avoir l’air de rien – je veux dire par là qu’elles ne rentrent pas
frontalement dans le lard pour tout dévaster et repartir sans laisser plus
d’impressions que celles de la gratuité et de la facilité – mais elles sont
plutôt du genre à s’immiscer avec assurance, à se faire une place au chaud et à
rester bien dans la tête. Fast End est caractéristique de
cette façon de faire, pleine de conviction et de détermination mais aussi de
souplesse et de séduction. D’allant et d’intelligence. Au rayon des positions
intenables et extravagantes Tabatha
Crash ne remportera peut-être pas le premier prix d’excellence – la décence
m’interdit absolument de traduire « twist » dans un tel contexte – mais
le trio gagne celui de l’agilité et de la persuasion.
[Twist est publié en vinyle par Araki et Zéro Egal Petit
Intérieu