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vendredi 15 janvier 2021

New Primals / Horse Girl Energy


 


Avec ma manie de laisser trainer les choses – c’est ça d’avoir comme loisir favori de rester le nez en l’air en écoutant de la musique – je me rends compte qu’il y a énormément de disques qui m’ont marqué en 2020 et au sujet desquels je n’ai pas encore écrit le moindre mot. Et sûrement que pour la plupart d’entre eux je n’en ferai rien. Le confinement, le couvre-feu, les restrictions des libertés et l’interdiction des concerts... toutes ces choses ont radicalement changé la donne au cours de l’année écoulée : plus on a du temps devant soi, même imposé, et plus on en prend. Moins on a de vie sociale en vrai et de trucs à gérer et plus on procrastine. C’est facile de se laisser aller. Bizarrement cette vie au ralenti n’est pas une vie qui s’écoule plus lentement mais une vie que l’on regarde s’écouler sans s’en rendre vraiment compte. Il vient peut-être de là ce sentiment de vide.
Tout ça je le crains n’est pas non plus très intéressant à lire. Mais la conséquence en est qu’il y a (minimum) une demi-brouette de disques divers dont j’aurais bien voulu parler ici et que le premier album de NEW PRIMALS arrive dans le peloton de tête. New Primals est un trio – ou un quartet, je ne sais pas – qui nous vient d’Atlanta. Ils sont trois sur la photo imprimée sur l’insert du disque. Et juste en dessous on peut lire quatre noms, donc je ne vais pas trop chercher à comprendre… Sans oublier les quelques musiciens invités, principalement aux synthétiseurs et parmi lesquels on compte un certain Todd Rittmann – U.S. Maple, Cheer Accident, Dead Rider et j’en passe – qui par ailleurs a mixé et masterisé l’album.  Mais globalement sur Horse Girl Energy on entend principalement une guitare tarabiscotée, une grosse basse soufflante, une batterie nerveuse et débordante et du chant curieusement outré. Tout le reste n’est qu’accessoire et le cœur de la musique de New Primals est donc constitué de cette éternelle association de base à partir de laquelle tout semble encore possible, y compris de nos jours 
(il y a parfois des handclaps, de la guitare acoustique, du Korg et des chœurs divers et variés)
Et on serait bien en peine de définir clairement l’alchimie mi baroque-pailletée mi noise-théâtralisée qui préside à la musique de New Primals. Mais cela ne m’étonne pas du tout que Todd Rittmann ait voulu mettre son nez là dedans : avec son nom de boisson gazeuse acidulée et opiacée Horse Girl Energy est un disque assez déconcertant, punk dans l’énergie, parfois noise dans la forme et indubitablement doté d’un gros nez rouge écrasé comme une vieille patate toute germée. Ou plutôt avec des grosses coulées de khôl sur les joues. L’exubérance est partout et serait vraiment trop envahissante si New Primals n’avait pas aussi la présence d’esprit de se limiter à des formats courts, la plupart des compositions tournant autour de deux à trois minutes. D’une certaine façon le groupe aime jouer avec nos nerfs, se montre volontiers provocateur, souvent arty-fondu et révèle un côté glam (glam = compositions surlignées au eye-liner, donc) volontiers décadent et donc terriblement attractif et séduisant. Tu vois c’est un peu comme l’illustration de la pochette : on peut la trouver très laide – d’ailleurs moi je la trouve très laide – mais il est difficile de l’oublier et de ne pas se sentir attiré par elle. Des fois avec Horse Girl Energy j’ai l’impression d’entendre le vieux Child Bite – celui d’avant le virage testostéroné au metal – qui aurait glissé du côté strass d’un noise-rock artistique, comme une vieille décapotable avec intérieur queer qui en aurait sacrément dans le moteur mais aurait eu l’intelligence de mettre ses huit cylindres au service de l’étrangeté électrique et non pas uniquement au service du rentre-dedans et du bourre-pif hardcore. La classe, quoi.

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Horse Girl Energy est publié en vinyle transparent et rouge, en vinyle irisé jaune et rouge ou en vinyle noir par…  Learning Curve records : et oui j’ai à nouveau chroniqué un disque de ce cher label de Minneapolis dans lequel je n’ai pourtant aucun intérêt financier ou autre mais c’est juste, encore une fois, que Learning Curve est un label incontournable en provenance des US et ce depuis de très nombreuses années maintenant]