Aux premières écoutes ce disque a été une profonde déception. Et j’ai encore parfois trop de mal à m’y faire.
Mais reprenons depuis le début. GERONIMO est un trio de San Diego / Californie formé de W.T. Nelson à la bidouille électronique et au chant (il joue dans Bastard Noise/Man Is The Bastard), Anthony Francoso à la basse et au chant et de Moises Ruiz à la batterie. Le premier album sans titre du groupe date de 2007 et je me rappelle très bien qu’à l’époque c’est un vieux de la vieille connaissant plutôt bien mes goûts en matière de musique(s) qui m’avait conseillé d’écouter Geronimo et ce premier album – la personne en question a tenu pendant une paire d’années un magasin de disques incontournable à Lyon du nom de Central Services puis a présidé aux destinées du Pezner, célèbre salle de concert lyonnaise s’il en est, jusqu’en 2001. J’avais immédiatement été séduit et conquis par ce disque plutôt long et uniquement publié en CD combinant assauts bruitistes, rythmes tribaux, ambiances industrielles, relents noise et vocaux de morts-vivants sous speed. A ce sujet je suis toujours sûr de moi : j’ai pour l’occasion de cette chronique réécouté ce disque il n’y a pas longtemps et il me fait toujours le même effet, celui d’un incroyable calvaire sonique. Après, il est vrai que voilà un disque que l’on n’écoute pas tous les jours non plus et c’est sans doute pour cela que j’ai, je l’avoue sans honte, un petit peu oublié Geronimo par la suite (localisation : cinquième étagère en partant de la gauche et quatrième niveau en partant du bas).
Et puis j’ai vu passer cette information. Près de douze années plus tard – entrecoupées par la publication d’un split avec Bastard Noise en 2013 – Geronimo s’apprêtait à enfin publier un deuxième album intitulé Obsolete. Cette fois-ci c’est un vinyle et il ne comporte que trois titres. L’objet est en lui-même assez mystérieux et ne comporte que peu d’informations complémentaires : tout juste y apprend on que quelques invités* ont joué des percussions additionnelles et de la flute (« native flute »). L’intérieur de la pochette est imprimé (bien qu’elle ne s’ouvre pas en gatefold) et de chaque côté on découvre un portrait de… Geronimo. Le groupe est effectivement très actif et milite pour la reconnaissance du génocide des amérindiens par les colonisateurs venus d’Europe.
Le problème est que la musique ne suit pas toujours. En particulier toute la première face est uniquement occupée par un Quanah Parker** de plus de seize minutes avec lequel j’ai du mal à deviner où le trio veut en venir mis à part donner une version sous prozac de ses premiers enregistrements (il faut s’accrocher pour ne pas s’endormir en écoutant son intro à rallonge et sans grand intérêt). Le groupe s’y traine et fait durer beaucoup trop longtemps des passages beaucoup trop minimalistes – non mais qu’est ce qui est arrivé au bassiste ? il s’est fait amputé de plusieurs doigts ? – et Geronimo donne une version très édulcorée de sa colère (les minutes 8 à 10 avec les « scratchs » sont tout au plus anecdotiques). J’entends bien les passages martelés et le chant psalmodié sur la première partie du titre… j’entends parfaitement les passages fantomatiques comme un hommage aux esprits des indiens d’Amérique du Nord honteusement massacrés, j’entends bien les flutes chamaniques, j’entends également les percussions qui semblent rythmer quelques danses rituelles (tous ces éléments sont parfaitement perceptibles sur les cinq dernières minutes de Quanah Parker) mais le résultat fini par être d’un ennui profond, loin de toute exaltation.
Le problème est que la musique ne suit pas toujours. En particulier toute la première face est uniquement occupée par un Quanah Parker** de plus de seize minutes avec lequel j’ai du mal à deviner où le trio veut en venir mis à part donner une version sous prozac de ses premiers enregistrements (il faut s’accrocher pour ne pas s’endormir en écoutant son intro à rallonge et sans grand intérêt). Le groupe s’y traine et fait durer beaucoup trop longtemps des passages beaucoup trop minimalistes – non mais qu’est ce qui est arrivé au bassiste ? il s’est fait amputé de plusieurs doigts ? – et Geronimo donne une version très édulcorée de sa colère (les minutes 8 à 10 avec les « scratchs » sont tout au plus anecdotiques). J’entends bien les passages martelés et le chant psalmodié sur la première partie du titre… j’entends parfaitement les passages fantomatiques comme un hommage aux esprits des indiens d’Amérique du Nord honteusement massacrés, j’entends bien les flutes chamaniques, j’entends également les percussions qui semblent rythmer quelques danses rituelles (tous ces éléments sont parfaitement perceptibles sur les cinq dernières minutes de Quanah Parker) mais le résultat fini par être d’un ennui profond, loin de toute exaltation.
En début de deuxième face IDLT renoue davantage avec ce qui avait fait l’intérêt du premier album de Geronimo. Le côté tribal du groupe reprend ses airs industriels et martelés tandis que le chant retrouve de sa hargne et que les synthétiseurs imitent à la perfection le bruit de la chute de bombes larguées depuis les airs. Sans oublier la basse qui sort brutalement de sa torpeur et se fend même à partir de la troisième minute d’une ligne digne de ce nom. La fin de IDLT ressemble elle à une séance de torture psychologique. Puis vient Obsolete, troisième et dernier titre de l’album. Sans atteindre le niveau de IDLT, cette dernière composition permet de mieux saisir là où Geronimo voulait en venir avec Quanah Parker tout en faisant le lien avec le côté plus malsain et indus du trio, Obsolete se divisant en deux parties distinctes et complémentaires, entre dark ambient et noise à tendance harsh.
Je comprends parfaitement que Geronimo ait voulu placer Quanah Parker sur la première face de son disque comme un porte étendard de ses luttes militantes mais il n’empêche qu’esthétiquement et musicalement le résultat frise le fiasco : un titre aussi difficile d’accès aurait plutôt eu sa place en fin d’album, après ces IDLT et Obsolete à peine plus consensuels mais en tous les cas plus compréhensibles et moins hermétiques. Donc vous savez ce qu’il vous reste à faire si jamais vous achetez ce disque : l’écouter à l’envers en commençant par sa face B. Effet garanti.
* sur le premier album un certain David Yow était venu pousser une petite gueulante…