J’ai vraiment eu beaucoup de mal avec
celui-ci. Mais je ne me suis pas trop forcé non plus, hein. Dès le départ j’étais
plein d’appréhension au sujet de Who Do
You Love et être un grand fan d’ÅRABROT ne suffisait pas
à me rassurer. Moi, dès que l’on me parle de rédemption voire d’illumination
j’ai tendance à fuir à toutes jambes. C’est pourtant, semble t-il, ce qui est
arrivé à Kjetil Nernes – chanteur, guitariste, compositeur et chef suprême d’Årabrot.
Ayant déjà survécu à un grave cancer diagnostiqué en 2014, ayant également survécu au mariage (avec Karin Park, qui joue du clavier et chante dans le groupe depuis 2013), notre homme a trouvé la lumière, a eu un gosse, s’habille désormais tout en blanc et a définitivement quitté sa Norvège natale pour emménager dans une église désaffectée de la campagne suédoise où il vivrait entouré de vieux exemplaires poussiéreux de la bible et autres crucifix obsolètes. Chacun fait ce qu’il veut.
Ayant déjà survécu à un grave cancer diagnostiqué en 2014, ayant également survécu au mariage (avec Karin Park, qui joue du clavier et chante dans le groupe depuis 2013), notre homme a trouvé la lumière, a eu un gosse, s’habille désormais tout en blanc et a définitivement quitté sa Norvège natale pour emménager dans une église désaffectée de la campagne suédoise où il vivrait entouré de vieux exemplaires poussiéreux de la bible et autres crucifix obsolètes. Chacun fait ce qu’il veut.
Mais comparons ce qui est comparable. Et
laissons de côté tous les premiers enregistrements d’Årabrot, ceux effectués avec le batteur (et graphiste) Vidar
Evensen qui a quitté le groupe en 2013 pour s’en aller batifoler et a fini par atterrir du côté de Deathcrush (et bien lui en a pris). Beaucoup vous
diront que Revenge (2010) est un
disque incontournable et ils auront raison. Toutefois, pour bien comprendre ce
qui a pu arriver – ou pas – à Årabrot
ces dernières années il suffit de se replonger uniquement dans l’album
qui précéde Who Do You Love : The Gospel est le point
culminant des obsessions musicales du groupe, reliant Death In June avec les
Melvins et les premiers Bad Seeds de Nick Cave, voire Birthday Party. On
sentait déjà dans cet album une
tentative de ripolinage en bonne et due forme, une production plus propre,
moins agressive… mais qu’importe lorsque le niveau reste malgré tout
élevé ? Aujourd’hui The Gospel
reste un excellent album, le dernier d’Årabrot
à manier noirceur, violence, absurde, sexe (le fameux logo
en forme de vulve carnassière et son clitoris qui semble vous regarder) et surréalisme
absurde avec autant de réussite.
C’est le premier écueil de Who Do You Love. Bien qu’apparemment enregistré dans
les mêmes conditions que The Gospel,
ce nouvel album laisse apparaitre un Årabrot
bien trop sage et surtout beaucoup trop convenu. Bien sûr Kjetil Nernes et ses
petits camarades ne font toujours pas dans la dentelle stéréotypée F.M. mais le
groupe a clairement perdu de sa vindicte et ses quelques efforts pour nous
faire malgré tout un petit peur sentent les stéroïdes au rabais et ont autant
de goût qu’une boisson énergisante (The
Dome, Warning et Look Daggers). Le plus choquant n’est
pas qu’Årabrot apparaisse maniéré –
ce qu’il a toujours été, y compris dans ses pires excès de lourdeur et de
violence – mais ampoulé à l’image d’un Kjetil Nernes qui en fait plus que
jamais des tonnes dans la théâtralité et le pathos épicé. La mixture est quand
même un peu difficile à digérer.
Le summum de la pantalonnade est atteint en fin de face A avec Sinnerman, titre sur lequel Nernes se lance dans une imitation assez ahurissante de Nick Cave ; si personne n’avait encore compris que l’australien fait partie des idoles incontournables du norvégien c’est maintenant chose faite. Mais à quel prix ? La filiation n’a d’ailleurs rien d’anodin, Nick Cave étant lui-même le champion toute catégories confondues de la rédemption et de la « renaissance » musicale, au prix cependant d’une inexorable baisse de la qualité de sa musique.
Le summum de la pantalonnade est atteint en fin de face A avec Sinnerman, titre sur lequel Nernes se lance dans une imitation assez ahurissante de Nick Cave ; si personne n’avait encore compris que l’australien fait partie des idoles incontournables du norvégien c’est maintenant chose faite. Mais à quel prix ? La filiation n’a d’ailleurs rien d’anodin, Nick Cave étant lui-même le champion toute catégories confondues de la rédemption et de la « renaissance » musicale, au prix cependant d’une inexorable baisse de la qualité de sa musique.
Årabrot n’en est toutefois pas encore tout à fait là. Si Who Do You Love est à ce jour l’album le moins intéressant et le plus terne du groupe, il ne constitue pas pour autant un naufrage total et, espérons-le, définitif. Malgré les deux titres – en fait deux variations différentes d’une même composition de base – chantés par Karin Park et contrastant violemment (surtout Pygmalion) avec tout le reste de l’album ; malgré le réchauffé de compositions tiédasses qui peinent à convaincre à force d’abuser du pilote automatique (A Sacrifice) ; malgré un goût prononcé pour l’emphase narcissique (le grandiloquent Uniform Of A Killer).
Pour la parution de Who Do You Love Årabrot a abandonné le label Fysisk Format pour se retrouver sur Pelagic records, entre autres le label des affreux The Ocean. Un changement pour le moins symptomatique, Pelagic s’étant depuis longtemps spécialisé dans des sorties d’albums trop gentiment bruyants et autres avatars happy metal théâtralisés.