Cher pays de mon enfance. Être enfant et
grandir dans les années 70 (en France) impliquait deux ou trois choses pas toujours
très agréables : porter des pantalons à pattes d’éléphant et à motif
écossais assortis avec des sous-pulls à col roulé de la couleur adéquate
(orange, violet, vert pomme, ce n’est pas le choix qui manquait), avoir la même
coupe de cheveux que Mireille Mathieu ou Dave, vivre au milieu de vilains
barbus fanatiques de l’Union de la Gauche mitterrandienne, naviguer à vue entre
toutes les horreurs que le design dominant imposait dans le salon de maman et
papa (le tapis en faux poils d’animal mort, la lampe lumineuse à bulles, etc.)
et se taper les immondices musicaux en provenance directe des chambres des grands
frères et des grandes sœurs. Aussi, lorsque aujourd’hui je croise une pochette
de disque renvoyant directement à cette époque et jouant avec toute cette imagerie de
babloches attardés, je traine des pieds. Voire je boycotte. Je ne peux pas
faire autrement.
J’ai toujours trouvé extraordinaire la
rapidité et la facilité avec lesquelles la fin des années 60 a musicalement basculé dans le
pire du pire lors de la première moitié des années 70. Les exceptions
allemandes – pour la plupart – n’ont fait que confirmer un mouvement de fond :
le rock était bel et bien mort, ses derniers avatars en date et à la mode d’alors,
le rock progressif et le hard rock (et futur heavy metal), étant aussi
monstrueux et boursouflés que le futur cadavre d’Elvis Presley. L’aventure, l’innovation
et le danger étaient provisoirement partis ailleurs, du côté du free jazz et de
la scène improvisée européenne – choses pour ma part découvertes bien des
années plus tard et après tout le reste, en fait.
Cette image caricaturale qui orne pompeusement
la pochette de Big Bang, deuxième
album du Réveil Des Tropiques,
je m’en serais bien passé. Et elle dessert complètement le disque. Je souffre
déjà suffisamment comme cela tous les jours avec tous ces groupes de stoner
seventies (sic) ou autres étrons poilus qui visuellement déploient des trésors
de mauvais goût en plus de jouer une musique dénuée de toute forme d’intérêt. Sans
parler de la représentation ici rétrograde et limitée de la femme enfantant planètes
et astres à la chaine, mère de toutes choses et déesse de l’univers. Wow. Encore
un vieux cliché de hippies coincés dans le surmoi du mâle en quête de vérité
absolue. Mais j’ai fait un effort. Après tout je parle du Réveil Des Tropiques, groupe/collectif
parisien pratiquant l’improvisation électrique en haute voltige, quelque part
entre kraut – l’Allemagne, toujours –, psychédélisme, guitares noisy voire
noise, rythmiques massives et synthétiseurs imaginatifs.
Le Réveil Des Tropiques semble toujours utiliser le même mode opératoire qu’à ses débuts c'est-à-dire jouer, jouer, encore jouer, enregistrer le bordel, réécouter tout ça, éditer les bandes et en dégager l’essentiel. Avec ce nouvel album le groupe ne tergiverse pas, élaguant et ratiboisant le matériel capté pendant trois jours aux studios Kerwax, le temple de l’enregistrement analogique : Big Bang est beaucoup plus court, plus ramassé et plus percutant que le premier (double) album publié il y a six années. Le résultat est carré, ne laisse apparaitre que rarement des failles et surtout met davantage en avant les bidougnoufs électroniques et synthétiques. Le Réveil Des Tropiques sonne ainsi plus kraut que nature, ouvrant largement la porte sur un passé musical trop connu et de l’imitation duquel le groupe sort indemne grâce à sa mise en place rythmique, donc, et ses guitares qui elles ratissent large, disons sur la période des 90’s voire des années 2000 (Hypernova). Ce qui sauve l’album du mimétisme pur et simple mais crée malgré tout un déficit de propos et d’originalité. Big Bang peut quand même être considéré comme le meilleur enregistrement du Réveil Des Tropiques en ce sens qu’il est le plus efficace et le plus volontaire. Mais j’ai malgré tout tendance à lui préférer le premier album, plus attachant, parce que plus naïf. Et plus poétique.
Le Réveil Des Tropiques semble toujours utiliser le même mode opératoire qu’à ses débuts c'est-à-dire jouer, jouer, encore jouer, enregistrer le bordel, réécouter tout ça, éditer les bandes et en dégager l’essentiel. Avec ce nouvel album le groupe ne tergiverse pas, élaguant et ratiboisant le matériel capté pendant trois jours aux studios Kerwax, le temple de l’enregistrement analogique : Big Bang est beaucoup plus court, plus ramassé et plus percutant que le premier (double) album publié il y a six années. Le résultat est carré, ne laisse apparaitre que rarement des failles et surtout met davantage en avant les bidougnoufs électroniques et synthétiques. Le Réveil Des Tropiques sonne ainsi plus kraut que nature, ouvrant largement la porte sur un passé musical trop connu et de l’imitation duquel le groupe sort indemne grâce à sa mise en place rythmique, donc, et ses guitares qui elles ratissent large, disons sur la période des 90’s voire des années 2000 (Hypernova). Ce qui sauve l’album du mimétisme pur et simple mais crée malgré tout un déficit de propos et d’originalité. Big Bang peut quand même être considéré comme le meilleur enregistrement du Réveil Des Tropiques en ce sens qu’il est le plus efficace et le plus volontaire. Mais j’ai malgré tout tendance à lui préférer le premier album, plus attachant, parce que plus naïf. Et plus poétique.
[Big Bang est publié en vinyle et CD par MusicFearSatan]