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mercredi 25 avril 2018

Veuve S.S. / Traîtres À Tout


Le 11 avril 2015 les infâmes VEUVE S.S. donnaient un ultime concert dans un Aquaboulevard DIY situé quelque part dans une zone déshéritée au delà du périphérique de l’Est lyonnais. L’émotion était à son comble et le concert fut bien sûr pétaradant, décomplexé, crade et jouissif malgré quelques regrets légitimes de voir disparaitre un tel groupe… Disparaitre ? Vraiment ? Oui. En tous les cas c’est ce qui avait alors été annoncé, Veuve S.S. étant contraint de se séparer après le départ de son chanteur pour cause de déménagement pour le cher pays de son enfance. Ce n’était donc pas qu’un simple au revoir (les gars), même si les Veuve S.S. ont malgré tout refait une apparition quasi obligatoire plus tard, en septembre 2016 pour les 15 ans du label Destructure.
Et puis surtout il y avait dans l’air cette idée d’effectuer un enregistrement posthume pour donner un semblant de vie éternelle à toutes les compositions dont le groupe n’avait jamais eu le temps de s’occuper avant. De quoi même enregistrer tout un album bien chargé comme un spliff de weed tassé à la marjolaine. Si on y regarde de plus près, Veuve S.S. n’avait jusqu’ici jamais sorti de LP mais une foultitude de splits et de EPs. Il était donc grand temps. 




Finalement enregistré – avec un batteur de remplacement* – en deux jours durant le mois de mars 2017, Traîtres À Tout a mis beaucoup de temps à voir le jour. Douze titres** de hardcore dégueulasse et sombre en forme de vomi écœurant. Un vrai chant d'adieu sous le signe de la rage et de la colère, des compositions jamais prévisibles pour cause de structures pas linéaires de trop (chose plus que bienvenue pour ce genre de musique), une guitare qui mitraille des riffs découpant les chairs à vif, un chant qui dégueule constamment, quelques rares bidouilles ou percussions additionnelles qui rajoutent encore un peu plus de bordel inquiétant et une rythmique particulièrement bien en place. C’est même ce qui frappe en tout premier à l’écoute de Traîtres À Tout : pour la première fois sur un enregistrement de Veuve S.S. on peut entendre distinctement et clairement les lignes de basse, effet absolument pas négligeable donnant encore plus de puissance et de ténacité à la musique de groupe mais sans rien enlever à son côté boueux, cruel, poisseux et charognard***.
Traîtres À Tout a donc tout du disque qui se mérite. Jusque dans les moindres détails : sa pochette est collée sur ses quatre côtés et pour en extraire le disque il n’y a que deux solutions, soit être un adepte sadique du scalpel et pratiquer une fine incision, soit être un bourrin et déchirer tout ça, après tout le plus important c’est la musique. Pourtant, en plus de cette blague qui m’a fait énormément rire, Veuve S.S. a comme d’habitude apporté un soin tout particulier à la présentation de Traîtres À Tout. Bel artwork, pochette et insert entièrement sérigraphiés – encore une fois la recherche esthétique de l’objet est en complète opposition avec la cradeur volcanique de la musique. Traîtres À Tout est peut-être l’ultime témoignage de Veuve S.S. mais il s’agit sans aucun doute possible du meilleur disque du groupe. Sans parler des textes bilieux et chargés de noirceur que, pour une meilleure et indispensable compréhension, on s’empressera de lire sur l’insert (fort heureusement ils sont aussi disponibles sur le net via la page b*ndc*mp du groupe).

[cette chronique reste malgré tout complètement inutile : pour des raisons totalement absurdes et sur lesquelles je n’ai pas envie de revenir Traîtres À Tout n’a été pressé qu’à cent exemplaires par le label Nerdcore records – alors autant dire qu’il est depuis longtemps épuisé]

* celui qui finalement joue sur Traîtres À Tout n’est autre que Oli, batteur de Death To Pigs, Malaïse, Zone Infinie, etc.  
** en fait non : un treizième titre se cache à la fin de la deuxième face du disque, après une plage vide – pour écouter celui-ci il faut faire sauter la tête de lecture de son tourne-disque pour retrouver le sillon enregistré et se prendre en pleine poire une dernière déflagration de rage et de noirceur dégoutée
*** c’est peu dire que Bruno Germain fait toujours du bon boulot lorsqu’il enregistre un groupe à l’Epicerie Moderne