Bon alors, je ne vais pas refaire mon petit speech de vieux bougon sur l’intérêt ou non des
reformations, la nostalgie musicale, la branlitude de l’acheteur de t-shirt et
de rééditions vinyle qui se préoccupe plus de l’image qu’il donne que d’écouter
de la musique, etc. Mais quand même : le cas des Hot Snakes
est des plus intéressants. D’abord parce que ces gars là ne sont pas n’importe
qui : John Reis et Rick Froberg, tous les deux guitaristes et/ou chanteurs
du groupe, ont par ailleurs joué ensemble dans d’autres formations totalement
incroyables, Pitchfork et bien sûr les insurpassables Drive Like Jehu, ou chacun
de leur côté, Rocket From The Crypt (pour Reis) et les piteux – malheureusement
– Obits (Froberg). Ces gars là ont plus que de la bouteille, ils trainent
derrière eux toute une vraie et belle histoire.
Séparés en 2005, les Hot Snakes se sont
reformés en 2011, ce qui finalement ressemble plus à un hiatus qu’autre chose.
En tous les cas il n’est absolument pas rare de rencontrer et de pouvoir
discuter passionnément avec des personnes qui ont vu le groupe en concert lors
de sa première vie – la venue des Hot Snakes à Lyon en mai 2005 a par exemple fortement
marqué certains esprit, est avec l’érosion du temps devenue quasiment mythique,
restant dans nombre de mémoires et faisant encore parfois l’objet de
conversations enflammées entre vieux punks lors de fins de soirée. Toute cette
ferveur était à l’époque largement méritée parce que les Hot Snakes étaient non
seulement des pourvoyeurs de bons disques (chacun a son préféré, je crois que
le mien reste Automatic Midnight*)
mais aussi et surtout un truc monstrueux et irrésistible en concert, même si
très organisé et très huilé. Que le groupe ait d’abord décidé de se reformer uniquement
pour donner des concerts et effectuer des tournées et qu’il ait bien pris son
temps avant de se décider à enregistrer un quatrième album n’a rien d’étonnant.
Jericho Sirens est donc ce quatrième album. Annoncée depuis 2017 par Sub Pop, sa parution a été précédée de la réédition en version remasterisée des trois premiers LP de Hot Snakes, à l’origine publiés par Swami records, le propre label de John Reis. Je n’ai pas écouté ces remasters mais je me suis fait un plaisir de ressortir Automatic Midnight (2000), Suicide Invoice (2002) et Audit In Progress (2004). J’ai même poussé le vice jusqu’à réécouté le « live » (en fait enregistré en prise directe dans les studios d’une radio australienne) Thunder Down Under (2006). Et tout ça pour quoi ? Pour entendre la même chose ou presque que ce que les Hot Snakes ont enregistré sur Jericho Sirens. Aujourd'hui le côté juvénile a juste un peu disparu, surtout du côté des voix qui désormais sont devenues un peu plus poussives – Rick si tu me lis, essaye de ne plus trop forcer autant, parce que tu en as nettement moins les moyens qu’auparavant, tu sais. Mais ce n’est qu’un détail.
Jericho Sirens est donc ce quatrième album. Annoncée depuis 2017 par Sub Pop, sa parution a été précédée de la réédition en version remasterisée des trois premiers LP de Hot Snakes, à l’origine publiés par Swami records, le propre label de John Reis. Je n’ai pas écouté ces remasters mais je me suis fait un plaisir de ressortir Automatic Midnight (2000), Suicide Invoice (2002) et Audit In Progress (2004). J’ai même poussé le vice jusqu’à réécouté le « live » (en fait enregistré en prise directe dans les studios d’une radio australienne) Thunder Down Under (2006). Et tout ça pour quoi ? Pour entendre la même chose ou presque que ce que les Hot Snakes ont enregistré sur Jericho Sirens. Aujourd'hui le côté juvénile a juste un peu disparu, surtout du côté des voix qui désormais sont devenues un peu plus poussives – Rick si tu me lis, essaye de ne plus trop forcer autant, parce que tu en as nettement moins les moyens qu’auparavant, tu sais. Mais ce n’est qu’un détail.
Et puis la production de Jericho Sirens est plus massive, plus dense
et plus claire mais ce n’est encore qu’un détail… je ne ressens pas vraiment de
différences notoires entre les Hot Snakes d’avant et les Hots Snakes de
maintenant. Même énergie punk ; même sens de l’accroche et de la
mélodie ; mêmes compositions au taquet ; même envie de dodeliner et
de chanter au moment des refrains – quand je les connaitrai par cœur,
évidemment. Tout juste un léger empâtement. Etant comme un fait entendu dès le
départ que Jericho Sirens ne pouvait de
toute façon pas être aussi dynamique qu’un Audit
In Progress (particulièrement furieux voire frénétique, il est vrai…) ni
aussi personnel dans son écriture qu’un Suicide
Invoice. Ce quatrième album est un bon petit disque de punk et d’énergie
électrique. Du rock, du vrai. Il permettra aux vieux fans de se dire que le
temps n’existe pas tout comme il permettra aux plus jeunes de découvrir et de
(re)voir les Hot Snakes en concert, si toutefois le groupe ne s’arrête pas en
si bon chemin et repart dans la spirale infernale disque/tournée/etc.
Si le groupe a enregistré Jericho Sirens pour marquer le coup
parce qu’il sentait qu’il n’allait pas démériter ni ternir son image ou
bousiller son glorieux passé alors c’est réussi ; s’il a enregistré Jericho Sirens pour se faire un petit
plaisir égoïste c’est réussi également. Mais si les Hot Snakes avaient fait la
même chose que Jesus Lizard il y a quelques années, c'est à dire s’ils s’étaient
contentés de donner des concerts et d’en rester là, sans enregistrer un nouvel
album qui n’enlève rien et n’apporte pas quoi que ce soit non plus à l’histoire
du groupe, personne ne se serait vraiment aperçu de rien. Merci, au revoir.
* bien que des fois il
s’agisse de Suicide Invoice ou de Audit In Progress, haha