Que l’on ait
déjà eu la chance de voir PART CHIMP en concert ou pas, on peut quand même avoir une idée de la
suite – forcément dithyrambique – de cette chronique. Parce que les anglais font partie
de ces groupes époustouflants sur scène mais dont les enregistrements studio
sont largement à la hauteur du déluge sonore occasionné en live. Ce qui est
plus que jamais le cas avec Drool,
cinquième album de Part Chimp depuis
2002 et sans aucun doute l’un de ses meilleurs à ce jour. Ce n’est pas qu’une question
de volume auquel on règlera son matériel hi-fi, son ordinateur ou son baladeur
mp3 : le son du groupe est intrinsèquement épais et dense, pesant et
magnétique mais il n’est jamais étouffant ou asphyxiant. Si la musique de Part Chimp te prend à la gorge elle te
laisse malgré tout respirer, mais différemment, recréant tout autour une bulle
électrique increvable et finalement hospitalière. Une sorte de vertige pyschoactif
qui rétablit l’équilibre. Imagine un peu un son heavy 70’s mais pas trop non
plus, associé à un sens de la mélodie imparable. La lourdeur et la puissance en
cinémascope avec des mouvements de caméra aériens et des travellings à couper
le souffle de profondeur. Ou si tu préfères : tu mets Harvey Milk,
Electric Wizard et même le Torche des débuts dans un grand shaker, tu
centrifuges tout ça à vitesse maximale et tu obtiens le début d’un commencement
d’une idée de ce à quoi peut ressembler Part
Chimp et Drool.
L’album débute par un Back From The Dead
absolument colossal et plus que bien nommé, marquant d’emblée l’affirmation du grand
retour des patrons. Le solo introductif arrache les tympans, le riff principal est d’apparence simple mais instantanément
mémorisable, la rythmique est vigoureuse et ultra bien posée, le chant se prête
à une sorte de nonchalance mélodique et surtout reste un peu caché dans le mix,
presque gazeux. C’est, en gros, la recette principale qu’appliquera Part Chimp tout au long de la dizaine
de compositions – plus deux interludes fastoches – de Drool. À une exception près : It’s True Man dont les paroles ont été écrites et interprétées
d’une voix rocailleuse par un invité de marque, Tim Farthing de Hey Colossus et
Henry Blacker. C’est loin d’être le meilleur morceau de l’album mais on fera avec :
comme il arrive plutôt vers la fin du disque on peut dire que le mal est fait mais
que Drool a d’ores et déjà gagné la
partie.
On peut d’ailleurs établir quelques correspondances entre Part Chimp et Hey Colossus, principalement un même sens de la tension
au cordeau qui évite la surenchère pour jouer sur l’effet de densification (Clever en est le meilleur exemple). Et paradoxalement
l’ensemble de Drool dégage également un
effet de légèreté ou plutôt d’apesanteur : son écoute donne autant envie
de bouger comme une brute que de se perdre dans l’hébétude née de la musique. Mais
qu’elle soit lente et saupoudrée d’anxiété (Dirty
Birdy) ou plus rapide et incandescente (Up
With Notes), la musique des anglais conserve toute son immédiateté et tout
son pouvoir d’attraction. Le groupe emmené par Tim Cedar – ce type mérite le
respect absolu et rappelons que lorsqu’il était encore tout jeune il tenait la
guitare au sein des inestimables Penthouse – maitrise l’art de la composition
comme personne, appliquant à la lettre l’éternel principe du less is more… un
peu comme n’importe quelle bonne formation de pop music, non ? Evidemment Part Chimp n’a pas grand chose d’intrinsèquement
pop mais il y a dans son essence même quelque chose de fondamentalement anglais
et de noble : Part Chip est un
grand groupe, tout simplement.
[Drool est publié en CD, vinyle noir, orange, violet, transparent,
etc. par Wrong Speed records
– c’est le label monté par Joe Thomson de Hey Colossus – pour l’Europe et par Learning Curve records
pour les US]