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mercredi 18 août 2021

Part Chimp : Drool

 

Que l’on ait déjà eu la chance de voir PART CHIMP en concert ou pas, on peut quand même avoir une idée de la suite – forcément dithyrambique – de cette chronique. Parce que les anglais font partie de ces groupes époustouflants sur scène mais dont les enregistrements studio sont largement à la hauteur du déluge sonore occasionné en live. Ce qui est plus que jamais le cas avec Drool, cinquième album de Part Chimp depuis 2002 et sans aucun doute l’un de ses meilleurs à ce jour. Ce n’est pas qu’une question de volume auquel on règlera son matériel hi-fi, son ordinateur ou son baladeur mp3 : le son du groupe est intrinsèquement épais et dense, pesant et magnétique mais il n’est jamais étouffant ou asphyxiant. Si la musique de Part Chimp te prend à la gorge elle te laisse malgré tout respirer, mais différemment, recréant tout autour une bulle électrique increvable et finalement hospitalière. Une sorte de vertige pyschoactif qui rétablit l’équilibre. Imagine un peu un son heavy 70’s mais pas trop non plus, associé à un sens de la mélodie imparable. La lourdeur et la puissance en cinémascope avec des mouvements de caméra aériens et des travellings à couper le souffle de profondeur. Ou si tu préfères : tu mets Harvey Milk, Electric Wizard et même le Torche des débuts dans un grand shaker, tu centrifuges tout ça à vitesse maximale et tu obtiens le début d’un commencement d’une idée de ce à quoi peut ressembler Part Chimp et Drool.







L’album débute par un Back From The Dead absolument colossal et plus que bien nommé, marquant d’emblée l’affirmation du grand retour des patrons. Le solo introductif arrache les tympans, le riff principal est d’apparence simple mais instantanément mémorisable, la rythmique est vigoureuse et ultra bien posée, le chant se prête à une sorte de nonchalance mélodique et surtout reste un peu caché dans le mix, presque gazeux. C’est, en gros, la recette principale qu’appliquera Part Chimp tout au long de la dizaine de compositions – plus deux interludes fastoches – de Drool. À une exception près : It’s True Man dont les paroles ont été écrites et interprétées d’une voix rocailleuse par un invité de marque, Tim Farthing de Hey Colossus et Henry Blacker. C’est loin d’être le meilleur morceau de l’album mais on fera avec : comme il arrive plutôt vers la fin du disque on peut dire que le mal est fait mais que Drool a d’ores et déjà gagné la partie.
On peut d’ailleurs établir quelques correspondances entre Part Chimp et Hey Colossus, principalement un même sens de la tension au cordeau qui évite la surenchère pour jouer sur l’effet de densification (Clever en est le meilleur exemple). Et paradoxalement l’ensemble de Drool dégage également un effet de légèreté ou plutôt d’apesanteur : son écoute donne autant envie de bouger comme une brute que de se perdre dans l’hébétude née de la musique. Mais qu’elle soit lente et saupoudrée d’anxiété (Dirty Birdy) ou plus rapide et incandescente (Up With Notes), la musique des anglais conserve toute son immédiateté et tout son pouvoir d’attraction. Le groupe emmené par Tim Cedar – ce type mérite le respect absolu et rappelons que lorsqu’il était encore tout jeune il tenait la guitare au sein des inestimables Penthouse – maitrise l’art de la composition comme personne, appliquant à la lettre l’éternel principe du less is more… un peu comme n’importe quelle bonne formation de pop music, non ? Evidemment Part Chimp n’a pas grand chose d’intrinsèquement pop mais il y a dans son essence même quelque chose de fondamentalement anglais et de noble : Part Chip est un grand groupe, tout simplement.

[Drool est publié en CD, vinyle noir, orange, violet, transparent, etc. par Wrong Speed records – c’est le label monté par Joe Thomson de Hey Colossus – pour l’Europe et par Learning Curve records pour les US]