Je ne vais pas continuer à mentir : j’ai une très grosse flemme caniculaire. De ces grosses flemmes qui servent à rien sauf à se transformer en boule d’acrimonie et en bile. J’ai toujours détesté l’été, cette période où tout le monde veut absolument être heureux ; j’ai toujours détesté la chaleur, les concours de pétanque parfumés au pastis, le rosé en cubitainer, les merguez au barbecue, la coupe du monde de football (qu’elle soit féminine ou masculine), les mariages provinciaux, les inaugurations de parcs d’attractions et tous ces trucs qui me donnent envie de transpirer plus que nécessaire et me transforment en chien puant. Est-ce que je suis en colère ? Oui. Mais ma colère ne sert à rien. Elle me consume de l’intérieur et finira sans doute par m’achever. J’aurais plutôt du être musicien. Et m’appeler Justin Foley, par exemple. Le type qui joue de la guitare et chante (hurle) dans THE AUSTERITY PROGRAM. Un groupe que mis à part quelques illuminés personne ne suit vraiment et que beaucoup ne prennent pas réellement au sérieux. Une bonne réputation de branleurs pour ce duo new-yorkais qui a publié son premier enregistrement en 2002 et n’avait pas donné de réel signe de vie depuis 2014 et le fabuleux Beyond Calculation. Comme je suis du genre fidèle je me suis précipité sur ce Bible Songs 1 qui avec ses vingt deux minutes fait figure de mini album. Mais un mini album aussi impitoyable que foudroyant.
Je pensais bien connaitre The Austerity Program. Pourtant je n’ai jamais entendu le duo autant en colère que sur ce nouvel enregistrement (nous y voilà). Le chant de Justin Foley crache des flots continus d’acidité et de feu tandis que sa guitare aligne imparablement des riffs plus acérés les uns que les autres. Des merveilles de dépeçage à vif. La principale référence ici c’est (généralement) les groupes de Steve Albini et (plus particulièrement) Big Black, à cause de la boite-à-rythmes féroce et inflexible qui nous broie les os à grands coups de BPM en béton armé et acier trempé. Sans oublier les énormes lignes de basse de Thad Calabrese qui offrent l’assise parfaite à tout ce déchainement de fureur et de violence. J’en ai des frissons tout le temps, du moins le peu de temps que dure ce disque dont je n’arrive plus à me séparer.
Je pensais bien connaitre The Austerity Program. Pourtant je n’ai jamais entendu le duo autant en colère que sur ce nouvel enregistrement (nous y voilà). Le chant de Justin Foley crache des flots continus d’acidité et de feu tandis que sa guitare aligne imparablement des riffs plus acérés les uns que les autres. Des merveilles de dépeçage à vif. La principale référence ici c’est (généralement) les groupes de Steve Albini et (plus particulièrement) Big Black, à cause de la boite-à-rythmes féroce et inflexible qui nous broie les os à grands coups de BPM en béton armé et acier trempé. Sans oublier les énormes lignes de basse de Thad Calabrese qui offrent l’assise parfaite à tout ce déchainement de fureur et de violence. J’en ai des frissons tout le temps, du moins le peu de temps que dure ce disque dont je n’arrive plus à me séparer.
Mais il y a un sens à la violence d’Austerity Program. Et celle-ci est politique. Pour la première fois depuis les débuts du groupe celui-ci à donné des titres à ses chansons. Jusqu’ici elles portaient tout simplement des numéros mais sur Bible Songs 1 on découvre que les textes sont inspirés de versets particulièrement sauvages et sanguinaires de la Bible, lesquels versets donnent logiquement leurs noms aux compositions. Le procédé est tellement efficace que je me demande pourquoi personne n’y a jamais pensé avant. Juste dire, transposer, transgresser et renvoyer à la gueule de l’Amérique puritaine et moralisatrice toute son hypocrisie bien-pensante. Cette Amérique de Trump (mais aussi, avant lui, des Bush, Reagan et autres Nixon), cette Amérique qui se prétend pro life (mouhaha) mais n’hésitera jamais à déclencher une guerre pour satisfaire les dieux du Pognon. Pour celles et ceux qui ne comprendraient toujours pas, la pochette de Bible Songs 1 est même orné d’un auto-collant qui en plus de la devise habituelle* d’Austerity Program stipule « All The Wrath Of God / None Of The Salvation ». Et l’illustration est une gravure de Gustave Doré intitulé Nabuchodonosor Fait Tuer Les Fils De Sédécias Devant Ses Yeux.
Bible Songs 1 est une déferlante en continu. Mieux : The Austerity Program n’en démord jamais. Une fois que l’on a essuyé les foudres d’Isaiah 63:2-6 et d’Ezekiel 23:31-35 (avec son riff d’introduction qui renvoie Albini and C° à leurs salopettes d’ingénieurs du son patentés) on peut raisonnablement penser que toute la rage et la furie exprimées par la musique du groupe a atteint son paroxysme et que l’affaire est entendue. Erreur. A la différence de l’amour qui a ses raisons que la raison ne connait pas, la colère du groupe a des raisons bien connues et bien définies, elle n’a qu’un seul but et qu’un seul ennemi, celui qui s’enorgueillit de sa propre bêtise et l’impose aux autres. Le disque continue donc de plus belle et chaque nouvelle composition tendrait même à faire oublier la précédente. C’est fou comme l’écoute de Bible Songs 1 peut alors faire du bien, malgré son caractère presque erratique. Il est réconfortant de savoir qu’il existe toujours en ce bas monde des groupes qui savent donner un sens pertinent à leur musique. Il est réconfortant qu’un groupe tel que The Austerity Program puisse exister. Et il est réconfortant de savoir et de comprendre que la colère dans sa musique ne sert pas à rien. Finalement cet été n’est pas si mal.
[Bible Songs 1 est publié en vinyle par Controlled Burn records et tourne en 45 ; les premières éditions incluent un 7’ bonus déjà publié indépendamment en 2008, ici avec une pochette toute simple et tamponnée]
* laquelle est : The two men and one drum machine band that still refuses to die