L’expérience du jour. Je n’ai jamais
vraiment apprécié les concerts de Peter Kernel. Aussi, le groupe entamant une nouvelle tournée à l’occasion de la parution
de son quatrième album intitulé The Size
Of The Night, me suis-je décidé à retourner le voir sur scène, sans doute
pour la toute dernière fois. Peter Kernel c’est principalement Barbara Lehnhoff (chant, basse) et Aris Bassetti (chant, guitare) et je ne connais pas beaucoup de groupe qui joue autant avec l’intime. Que ces deux là forment un couple on n’en doute pas une seule seconde,
Peter Kernel maniant les canons d’une pop noisy et arty aussi bien que la mise
en scène de l’évidente complicité entre ses membres actifs. Je ne remets
absolument pas en doute la sincérité affective des deux musiciens mais cela ne m’intéresse
absolument pas : pour moi cela n’a strictement rien à voir avec de la musique.
Le débat sur la séparation nécessaire
entre l’œuvre et son créateur ayant fait des ravages de tous temps, j’avoue également
que puisque je suis généralement favorable intellectuellement à cette délicate
dichotomie, le cas Peter Kernel me gêne profondément – je n’ai pas besoin de la
permission d’entrer dans un peu de l’intimité de ces deux jeunes gens, de rire
à leurs blagues (certes souvent très drôles), de me shooter à la bonne humeur d’une
vie qui n’est pas la mienne et ne le sera jamais pour apprécier la musique de
Peter Kernel. En concert, je parle donc de celui auquel j’ai assisté à Lyon le
14 mars 2018, j’ai eu trop souvent l’impression de participer à une réunion du
club des Castor Junior, l’esprit boy-scout à son maximum – le groupe expliquant
même que pour changer un peu et pour faire la nique à la stratégie marketing de
sa boite de promotion, il envisageait de demander à un fan pris au hasard de
poster la nouvelle vidéo du groupe en avant-première sur sa page f***b**k
personnelle. L’idée m’aurait semblé amusante si je n’étais pas réfractaire à
tant d’ingénuité démagogue.
Mais parlons un peu de ce quatrième
album. The Size Of The Night parait
près de trois années après Thrill Addict
qui reste l’enregistrement le plus accompli et le plus sophistiqué de Peter
Kernel. Difficile de faire mieux ? Sans doute. Et ce ne sont pas les deux
premières plages de The Size Of The Night
qui convaincront du contraire : on y entend un certain retour à plus d’épure
et on y goûte à tous les ingrédients qui ont fait le succès de Peter Kernel,
voix à moitié criées façon si je t’attrape je te mords, lignes de basse
et riffs de guitare simplistes, gimmicks mélodiques dotés de ventouses synaptiques, fausse déconstruction
apparente de l’effort de composition. Mais cela ne fonctionne pas très bien, l’impression
d’entendre les mêmes recettes prenant le pas sur le plaisir d’entendre des
nouveaux tubes. Des tubes il y en a pourtant quelques uns sur The Size Of The Night – le plus que
céleste Bad Luck et son successeur
direct Drift To Death, on dirait que
les guitares ont été passées à l’envers – mais ils n’ont ni la puissance
juvénile de ceux, mémorables, de l’album White
Death & Black Heart ni l’accomplissement
irréel des meilleurs moments de Thrill
Addict.
Devais-je m’attendre à quelque chose de vraiment excitant avec The Size Of The Night ? Sans doute que non mais son prédécesseur – je parle encore et toujours de Thrill Addict – ayant été cette bonne surprise brisant toutes les réticences de ma rochonitude naturelle, je m’étais pris au jeu et espérais sûrement un peu trop de ce quatrième album. Un album avec lequel Peter Kernel semble finalement définir les contours arrondis de son visage fardé à la poudre de vie, celui d’un groupe qui a trouvé son petit espace à lui, son biotope musical, son confort amoureux, un groupe qui arrive à tirer quelques pépites luisantes de bonnes intentions, mais qui n’arrive pas à sortir de son système. Peut-être que Peter Kernel arrivera encore à l’avenir à me surprendre ne serait-ce qu’un tout petit peu mais désormais je choisis de regarder ailleurs. Au moins jusqu’à la prochaine fois.
Devais-je m’attendre à quelque chose de vraiment excitant avec The Size Of The Night ? Sans doute que non mais son prédécesseur – je parle encore et toujours de Thrill Addict – ayant été cette bonne surprise brisant toutes les réticences de ma rochonitude naturelle, je m’étais pris au jeu et espérais sûrement un peu trop de ce quatrième album. Un album avec lequel Peter Kernel semble finalement définir les contours arrondis de son visage fardé à la poudre de vie, celui d’un groupe qui a trouvé son petit espace à lui, son biotope musical, son confort amoureux, un groupe qui arrive à tirer quelques pépites luisantes de bonnes intentions, mais qui n’arrive pas à sortir de son système. Peut-être que Peter Kernel arrivera encore à l’avenir à me surprendre ne serait-ce qu’un tout petit peu mais désormais je choisis de regarder ailleurs. Au moins jusqu’à la prochaine fois.
[le chien qui figure sur la pochette de The Size Of The Night s’appelle Harold et
c’était celui de Barbara Lehnhoff quand elle était petite ; le disque est
écoutable en intégralité sur la page bandcamp de Peter Kernel et a été publié en CD et vinyle avec pochette
gatefold par On The Camper, le
propre label du groupe]